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Une pensée pour Ivry Gitlis

Prades
Codalet (Abbaye Saint-Michel de Cuxà)
08/10/2018 -  
Robert Schumann : Adagio et Allegro, opus 70 [6, 11]
Johannes Brahms : Trio avec piano n° 1, opus 8 [2, 7, 13]
Antonín Dvorák : Danses slaves, opus 72 n° 2 et n° 8 [11, 12]
Maria Theresa von Paradies : Sicilienne [3, 10]
Fritz Kreisler : Schön Rosmarin [3, 10]
Ernest Bloch : From Jewish Life, B. 54: «Prayer» [7, 10]
Mélodies klezmer [1, 4, 9, 10]
Dimitri Chostakovitch : Cinq Pièces pour deux violons et piano (arrangement Levon Atovmian): 1. Prélude & 4. Valse [5, 4, 10] – Quintette avec piano, opus 57: 4. Intermezzo & 5. Finale [8, 10]

Michel Lethiec [1] (clarinette), Boris Garlitsky [2], Luke Hsu [3], Roman Patocka [4], Jan Talich [5] (violon), Niklas Schmidt [6], Torleif Thedéen [7] (violoncelle), Quatuor Talich [8]: Jan Talich, Roman Patocka (violon), Radim Sedmidubský (alto), Petr Prause (violoncelle), Andriy Pustovoy [9] (accordéon), Itamar Golan [10], Jérôme Granjon [11], Natsuko Inoue [12], Oliver Triendl [13] (piano)


A. Pustovoy, R. Patocka, M. Lethiec (© Hugues Argence)


Le Festival Pablo Casals a programmé cette année deux événements autour d’Ivry Gitlis – rien de plus normal que de rapprocher les deux artistes dans le cadre d’une édition dont le fil rouge est «Un archet pour la Paix». Malheureusement, le violoniste israélien, à quelques jours de ses 96 ans, a dû renoncer à se déplacer à Prades et passer des examens médicaux à Paris. S’il a évidemment fallu annuler la classe de maître publique et la rencontre prévues le jeudi, le concert du vendredi soir à Saint-Michel-de-Cuxà, intitulé «Pablo Casals, la passion du partage, Ivry Gitlis, le partage de la passion» est maintenu. Au début de la seconde partie, un entretien téléphonique est même ménagé: la voix est bonne, Gitlis prend son violon pour quelques mesures de la Sicilienne de Paradies et reçoit une chaleureuse ovation du public.


La première partie avait offert des sensations contrastées. Pour commencer, Niklas Schmidt, ancien violoncelliste du Trio Fontenay, attentivement soutenu par Jérôme Granjon, avait fait preuve de davantage de probité que de fougue dans Adagio et Allegro (1849) de Schumann. L’année où celui-ci bascule définitivement dans la folie, le tout jeune Brahms, dont il avait salué le génie, compose son Premier Trio avec piano (1854/1891), qu’il remaniera sensiblement près de quarante ans plus tard. Ce sont de tels moments qui font le prix du festival depuis ses origines: le silence et la concentration du public ne trompent pas devant une interprétation à la fois complètement maîtrisée, rigoureusement mise en place et pleinement investie, avec des artistes exacts et sensibles tels que Boris Garlitsky et Torlfeif Thedéen, qu’on a trop peu l’occasion d’entendre ailleurs, soutenus par Oliver Triendl dans un puissant élan symphonique, les quatre mouvements enchaînés quasiment sans interruption. Du grand Prades comme on l’aime.


Le «répertoire surprise» annoncé pour la seconde partie a l’inconvénient de ces programmes de bric et de broc faits de successions de pièces brèves comme un repas de tapas, où le meilleur alterne avec le pire. Ainsi de ces Deuxième et Huitième des Danses slaves de l’Opus 72 (1886) de Dvorák tristement bousculées par Itamar Golan et son épouse Natsuko Inoue, ou de deux «classiques favoris» des violonistes, la Sicilienne de Paradies et Schön Rosmarin de Kreisler, dont on peut se demander si Gitlis en aurait apprécié l’exceptionnel mauvais goût qu’y met le jeune Luke Hsu. Quel contraste avec le chant admirable de Torleif Thedéen dans la «Prière», première des trois pièces de De la vie juive (1924) de Bloch!


Itamar Golan, qui tient le piano pendant toute cette partie du concert, accompagne Michel Lethiec dans trois mélodies klezmer, deux entraînantes encadrant une mélancolique. Pour une quatrième mélodie, le public a la surprise de retrouver le clarinettiste et Roman Patocka, second violon du Quatuor Talich, en compagnie d’Andriy Pustovoy, l’accordeur de pianos qui est aussi... accordéoniste. Les deux violonistes du quatuor donnent ensuite deux des Cinq Pièces pour deux violons et piano de Chostakovitch, en fait l’arrangement par Levon Atovmian de pages du compositeur russe destinées au cinéma: un Prélude, avec de faux airs de Danse slave à la Dvorák, et une Valse respectivement écrits pour le film Le Taon (1955) et pour le dessin animé Le Conte du pope et de son serviteur Balda (1935). La conclusion est plus substantielle – mais frustrante, puisqu’on n’entendra que les deux derniers mouvements de son Quintette avec piano (1940), avec Golan, qui souligne l’intensité de cette musique, et les Talich, toujours excellents malgré le tout récent remplacement de Vladimir Bukac par Radim Sedmidubský, l’altiste du Quatuor Skampa.



Simon Corley

 

 

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