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"Et toi, Toulouse, ô beauté qu'on outrage "

Toulouse
Halle aux Grains
10/12/2001 -  
Concert exceptionnel au profit des sinistrés
Benjamin Britten : Simple Symphony (Finale)
Johann-Sebastian Bach : Concerto pour violon en Mi majeur, BWV 1042 ; Concerto pour Clavier en La majeur, BWV 1055
Wolfgang-Amadeus Mozart : Concerto pour Piano n° 12 en La majeur, KV 414
Franz-Josef Haydn : Concerto pour Violoncelle en Ut majeur, Hob. VIIb:1
Bela Bartok : Danses Populaires Roumaines


Olivier Charlier (violon), Henri Demarquette (violoncelle)
Bruno Rigutto et Bertrand Chamayou, (piano)
Orchestre de Chambre National de Toulouse, François-Marie Drieux (violon et direction)


Tragédie toulousaine oblige, au lieu du programme "Canada" initialement prévu, le Festival de Musique Américaine est simplement remis aux jours suivants. Et la saison nouvelle de s'ouvrir par un élan spontané de générosité : plusieurs jeunes artistes ayant accepté l'invitation - non pas à la Valse, mais celle de l'O.N.C.T. Une fringante équipe dynamique, tonique, a relevé le défi presque "sisyphéen" de redonner le sourire à des Toulousains meurtris. Ils n'étaient pas seuls, puisque épaulés par un savoureux gang, ou quintette de monstres sacrés : Benjamin, Jean-Sébastien, Wolfgang, Joseph et Bela, pour un concert aux vertus balsamiques.


Après un savoureux Britten (un extrait de la Simple Symphony) - hélas trop court, quel regret de ne pas entendre l'intégrale de ce petit bijou avec le troisième mouvement en pizzicati ! -, Olivier Charlier s'empare avec brio du Concerto pour Violon en Mi de Bach. Tour à tour jubilatoire, voluptueux ou tendre même, le violoniste revisite Bach, empli de sonorités "regeriennes" avant la lettre, avec le souci constant de rechercher une sensualité tapie au fond de chaque note.


D'ailleurs, le brûlant corps à corps permanent entre le clavecin et le violon en témoigne dans le premier mouvement. Une belle lecture novatrice qui dément la réputation (encore vivace) de Musicien austère et détaché de la dimension Terrestre. Le deuxième mouvement (Adagio) se veut ample consolation ; une douce caresse destinée à apaiser les tourments et la légitime colère des victimes de l'absurde négligence d'un grand groupe industriel passé maître, avec un total cynisme, dans l'art de détruire la Nature. Mais brisons là la dépression : prima la musica. Suit l'un des concertos pour clavier du même Bach, qui se transforme en authentique poème symphonique d'un lyrisme discret, pudique, introverti, suivi par le jeu très sobre et précis de Bruno Rigutto.


Maintenant : Wolfgang ! Opéra sans paroles plus que concerto, très "idoménéen" par sa thématique (du premier mouvement semble jaillir l'irrésistible Fuor del Mar). Le jeune Bertrand Chamayou effleure d'abord le clavier avec moult raffinement, avant de se déchaîner dans l'Allegretto finale qui n'est pas sans évoquer la Burlesque de Strauss ! Le moment de Pur Délire, voire d'extase infinie, viendra du facétieux Henri Demarquette. Ce n'est plus du Haydn : c'est du rock ébouriffant ! Espiègle, furioso, sauvage : pour peu, Bartok est déjà présent. Le Chevalier Demarquette enfourche son destrier, éperonne son violoncelle, cravache et enlève l'auditoire dans un tourbillon aux allures de folle cavalcade.


La soirée a débuté avec un compositeur du vingtième siècle ; elle se termine avec l'un de ses derniers Géants : Bartok, et ses Danses Populaires Roumaines, imprégnées de folklore, de "slavité". Cet élément vital qui, pour l'auteur du Mandarin Merveilleux, était comme une seconde respiration. D'une tenue exemplaire, l'Orchestre de Chambre de Toulouse, aux cordes transparentes, souligne avec brillance le message qui sous-tend l'Ouvrage Bartokien dans sa globalité : la montée imminente des périls dans un monde qui se délite.




Etienne Müller

 

 

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