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Impressions maritimes Biarritz
Espace Bellevue
08/08/2018 -
Gabriel Dupont : La Maison dans les dunes
Severin von Eckardstein (piano)
S. von Eckardstein (© Biarritz Piano Festival)
A la différence du maigre public (toujours assez dissipé) venu en ce mercredi matin à la météo mi-figue mi-raisin, Severin von Eckardstein (né en 1978) confirme qu’il aime bien sortir des sentiers battus: il vient d’enregistrer pour Artalinna le dernier grand cycle pour piano de Gabriel Dupont (1878-1914), La Maison dans les dunes (1909). Frappé par la tuberculose, le compositeur, élève de Gedalge, Guilmant, Massenet et Widor, mourut à l’âge de 36 ans: en 1905, déjà, les quatorze pièces des Heures dolentes racontaient les journées d’un malade alité et, presque dans la foulée, il s’attelle à un nouveau cycle qui, cette fois-ci, se concentre sur les impressions maritimes que lui suggèrent ses hivers passés au Cap-Ferret dans la maison de sa mère.
Né quelques mois avant Caplet et trois ans après Ravel, Dupont ne peut être purement et simplement rattaché à aucun des courants dominants de l’époque en France, que ce soit l’école franckiste, Fauré ou le modernisme de Debussy et Ravel. A l’instar de Séverac, il parvient à faire entendre une voix personnelle, sans doute plus proche que Debussy de cet «impressionisme» dont on veut si souvent l’affubler et, de façon inattendue, il évoque parfois la douce mélancolie et la concentration des recueils de Janácek (Sur un sentier herbeux, Dans les brumes).
Eckardstein prend bien soin de ne pas affadir cette musique, recherchant la couleur, la puissance et les contrastes, et s’impose comme un défenseur très convaincant de ces pages envoûtantes. La magie du moment est sensiblement accrue par le lieu: peut-on imaginer mieux que d’écouter ces dix pièces dans la rotonde de l’Espace Bellevue, dominant la plage et la mer, comme un belvédère face au léger remous de l’océan que fait timidement miroiter un soleil incertain?
En bis, le pianiste allemand choisit avec beaucoup de pertinence Emmanuel Chabrier, un autre «indépendant» insuffisamment reconnu, avec la «Ronde champêtre», dernière de ses Cinq Pièces (1890): de la mer à la campagne, de l’Atlantique à l’Auvergne, dépaysement total!
Le site de Severin von Eckardstein
Simon Corley
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