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Roland Pidoux et ses «séminaristes»

Cahors
Bélaye (Eglise Grande)
08/05/2018 -  
Joseph Haydn : Trio pour flûte, violoncelle et piano, Hob.XV:16 [*]
Johannes Brahms : Quatuor avec piano n° 2, opus 26 [#]
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 «Pastorale», opus 68 (arrangement Michael Gotthard Fischer) [+]

Marie Floc’h (flûte), Thierry Koehl [#], Sébastien Surel [+], Sakkan Sarasap [+] (violon), Christine Jaboulay [#], Paul Radais [+], Mirabelle Le Thomas [+] (alto), Florian Laforge [*], Matthieu Lejeune [#], Roland Pidoux [+], Raphaël Zekri [+] (violoncelle), Théo Fouchenneret [*], Emmanuelle Le Cann [#] (piano)




Tous les festivals ont leur histoire mais celle des Rencontres de violoncelle de Bélaye n’est pas la plus banale. En 1987, le maire de ce village médiéval quercynois de 220 habitants (contre près de 1200 au milieu du XIXe siècle), place stratégique dominant la vallée du Lot et le vignoble de Cahors, souhaite lui donner une nouvelle impulsion au travers de la création d’un événement culturel, plus précisément musical et, encore plus précisément, dédié au violoncelle. Consulté par l’édile, à la recherche d’un animateur de prestige, Philippe Lagard, président des futures Rencontres, en parle notamment à Pierre Bouteiller, qui lui suggère de solliciter Roland Pidoux. Ce dernier ayant accepté d’en assurer la direction artistique – rien d’étonnant de la part de celui qui, lui-même élève d’André Navarra, Joseph Calvet et Jean Hubeau, a formé une pléiade de violoncellistes, à commencer par son fils Raphaël –, une association est créée en décembre 1988 et le festival naît dès l’été 1989.


Du 3 au 10 août, la trentième édition reste fidèle au concept d’origine: un «séminaire» public durant six après-midi, des ateliers de lutherie et de musique pour les enfants de 6 à 12 ans, cinq concerts et une soirée de clôture (revêtant un lustre encore plus brillant pour ce trentième anniversaire), où pas moins de trente violoncellistes s’attaqueront à des transcriptions ad hoc les plus inattendues. Face à un nombreux public, dans le chœur aux couleurs pimpantes de l’Eglise Grande (XIVe) à l’acoustique généreuse (et un peu floue dans les forte) mais tout à fait satisfaisante pour un édifice religieux, le deuxième concert débute paradoxalement par une œuvre où le violoncelle est relégué essentiellement à une fonction d’accompagnement, le Trio pour flûte, violoncelle et piano en ré (1790) de Haydn. Autour de la flûte suave et agile de Marie Floc’h, les musiciens rendent justice aux effets de surprise, aux modulations hardies et à la malice de ce deuxième des «trios de Londres».



S. Surel, S. Sarasap, P. Radais, M. Le Thomas, R. Zekri, R. Pidoux
(© Isabelle Montétagaud)



A chaque concert, un ou deux «anciens», violoncellistes invités, se joignent aux artistes. Ainsi de Matthieu Lejeune pour le Deuxième Quatuor avec piano (1861), qui fait honneur à sa corporation dans le plus vaste – et d’autant plus quand la grande reprise du premier mouvement est respectée, comme ce fut le cas en l’espèce – mais aussi le moins joué des trois écrits par Brahms. Les équilibres ne sont pas parfaits, le piano sonne parfois un peu dur, mais c’est peut-être aussi la contrepartie du choix d’une réjouissante vigueur et d’une dimension monumentale, voire symphonique, parfaitement assumé, alors l’habitude, dans cette œuvre, est plutôt de mettre en valeur l’esprit, les quasi-citations et les «divines longueurs» hérités de Schubert.


Après l’entracte, le copieux programme s’achève avec la Sixième Symphonie «Pastorale» (1808) de Beethoven, dans un arrangement réalisé dès 1810 par l’un de ses contemporains, Michael Gotthard Fischer (1773-1829), un organiste actif à Erfurt dans le premier quart du XIXe siècle, élève de Kittel (lui-même élève de Bach). Une véritable rareté, dont on se demande pourquoi et pour qui elle a été réalisée, car elle semble excéder le niveau d’amateurs même chevronnés: elle intrigue donc a priori mais, à l’audition, convainc sans réserve. En effet, non seulement ce travail est tout à fait fidèle mais il fonctionne parfaitement, tout en faisant ressortir dans cette musique un côté à la fois Biedermeyer et Hausmusik qu’on ne s’attendait pas à y trouver mais qui, après tout, n’est pas si déplacé que cela. Fort belle prestation, malgré de menus accrocs (qu’on pourra sans doute attribuer, au moins en partie, à la très forte chaleur), des musiciens réunis autour de Roland Pidoux, débordant de lyrisme et de félicité dans les deuxième et dernier mouvements.


Le site des Rencontres de violoncelle de Bélaye
Le site de la commune de Bélaye



Simon Corley

 

 

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