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Le concert des trois chefs

Verbier
Salle des Combins
08/02/2018 -  
Leonard Bernstein : Candide: Ouverture (#)
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 104, B. 191 (+)
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5, opus 67 (*)

Mischa Maisky (violoncelle)
Orchestre du Festival de Verbier, François López-Ferrer (#), Gábor Takács-Nágy (+), Simon Rattle (*) (direction)


S. Rattle (© Aline Paley)


Aussi étrange que cela semble, Simon Rattle n’avait jamais pris la baguette à Verbier où l’on peut le croiser l’été en tenue d’alpiniste car son épouse Madgalena Kozená est une habituée du festival.


Il aura fallu le désistement, un de plus, d’Iván Fischer pour que Sir Simon accepte de diriger l’orchestre du festival, phalange réunie chaque été pour le festival composée de musiciens âgés de 18 à 28 ans venant de vingt-deux pays différents. On a rarement entendu la Cinquième Symphonie de Beethoven subir un tel coup de fraîcheur et de vigueur que pour cette exécution unique et non planifiée. Le remplacement avait été annoncé presque une semaine avant et on a pu mesurer le travail réalisé par Rattle avec ces jeunes artistes, qui ont joué tout l’été avec tant de chefs différents. Mais la métamorphose était spectaculaire et a propulsé le temps d’une demi-heure cet excellent orchestre à un rang superlatif, une performance du niveau de celle d’un orchestre du top 5 européen.


Rattle a pris dès l’Allegro initial l’orchestre à bras-le-corps, ne relâchant la pression une seule seconde jusqu’aux derniers accords de l’Allegro final, laissant les auditeurs le souffle coupé. Le chef britannique, jouant sur la jeunesse et l’enthousiasme de ses troupes, a donné une interprétation énergique, vigoureuse, réalisant des merveilles dans l’équilibre entre les pupitres, obtenant des vents des solistes et des sonorités miraculeuses. Une interprétation unique et mémorable, saluée par une longue standing ovation, bien heureusement filmée pour l’éternité par medici.tv.



F. López-Ferrer (© Aline Paley)


Les remplacements auront fait de cette soirée un concert aux trois chefs. Il avait démarré avec l’Ouverture de Candide, hommage du festival au centenaire de la naissance de Léonard Bernstein. Bien enlevée sous la direction du chef hispano-américain François López-Ferrer et tout à fait dans l’esprit de cette opérette satirique, elle aurait gagné à être jouée par un effectif plus restreint, éternel problème des œuvres composées pour la fosse qui se retrouvent surexposées par l’exécution en concert.



M. Maisky (© Aline Paley)


Autre grand moment de musique, l’interprétation très intense du Concerto pour violoncelle de Dvorák par Mischa Maisky, qui fêtait cet été ses soixante-dix ans, sans hélas! la participation prévue et annulée de Martha Argerich, qui aurait pu compter parmi les grands moments de cette édition anniversaire. Cette fois c’est Gábor Takács-Nagy qui dirigeait l’orchestre. On pouvait simplement déplorer que la grande salle des Combins ne soit pas aussi propice à l’épanouissement de la sonorité des instruments solistes à cordes que pour le piano ou la voix.


Pour célébrer ce vingt-cinquième Festival de Verbier, paraîtra en novembre un livre, 25 ans au sommet, évoquant l’histoire du festival créé par Martin Engström il y a un quart de siècle, avec textes bilingues et archives photographiques. Deutsche Grammophon a publié un album cartonné de quatre disques, «25 Years of Excellence», regroupant des enregistrements publics signés Martha Argerich, Evgeny Kissin, Bryn Terfel, Daniil Trifonov, Yuja Wang, Valery Gergiev...


Après une tournée en Chine l’hiver dernier, le festival fait des émules en Géorgie avec le Tsinandali Festival, dont la première édition aura lieu du 8 au 22 septembre 2019. Les deux fondateurs du festival, Martin Engström et Avi Shoshani, feront partie du board et le directeur musical en sera Gianandrea Noseda. A suivre!



Olivier Brunel

 

 

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