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Trois concerts à l’église

Verbier
Eglise
08/01/2018 -  et 2* août 2018

1er août, 11 heures
Johann Sebastian Bach : Sonate pour viole de gambe et clavier, BWV 1027
Johannes Brahms : Sonate pour violoncelle et piano n° 1, opus 38
Thomas Larcher : Mumien
Reza Vali : Chants folkloriques persans
Astor Piazzolla : Le Grand Tango

Kian Soltani (violoncelle), Aaron Pilsan (piano)

1er août, 20 heures
Ludwig van Beethoven : Rondo en ut majeur opus 51 n° 1 – Sonate pour piano n° 23 «Appassionata», opus 57
Serge Rachmaninov : Cinq Morceaux de fantaisie opus 3: 1, 2 & 4 – Sept Morceaux de salon, opus 10: n° 3 & n° 5 – Préludes, opus 23: n° 2, n° 4 et n° 5 – Préludes, opus 32: n° 8 & n° 12 – Etudes-Tableaux, opus 39: n° 7

Mikhaïl Pletnev (piano)

2 août, 11 heures
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44
César Franck : Quintette avec piano

András Schiff (piano), Quatuor Ebène: Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Marie Chilemme (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)


K. Soltani, A. Pilsan (© Lucien Grandjean)


Les concerts en l’église de Verbier se suivent et ne se ressemblent pas. Et c’est heureux car on peut y entendre avec intérêt la même œuvre par des interprètes différents.


C’était le cas du Quintette avec piano de Schumann, entendu deux jours auparavant par les Michelangelo, un quatuor international formé de musiciens solistes et pédagogues avec le très jeune pianiste canadien Jan Lisiecki. Le quatuor à la sonorité franche et à l’équilibre parfait dominait le pianiste qui se contentait de jouer sa partie. Pour le concert du Quatuor Ebène avec András Schiff, c’était l’inverse. Un jeune quatuor maigre de sonorité, aux phrasés raides (sauf pour le violoncelle, de loin le meilleur), et un pianiste dans sa maturité, donnant tout son caractère dramatique à cette œuvre quasi concertante. Peut-être un peu trop par moments, à cause des duretés de certaines attaques, du choix d’un piano Bösendörfer et du placement de ce dernier, très au fond de la scène. Pour le Quintette avec piano de Franck, les Français semblaient plus à l’aise, donnant plus de son, accentuant les déséquilibres, et le pianiste ne semblait pas tout à fait dans son univers musical. C’était cependant une très bonne exécution de cette œuvre fondamentale du répertoire chambriste français.


On a pu la veille sur la même scène découvrir un jeune et sympathique duo autrichien violoncelle et piano d’une merveilleuse fraîcheur et pratiquant un répertoire original. Le pianiste Aaron Pilsan est un partenaire efficace pour le violoncelliste Kian Soltani, dont le programme nous apprend qu’il est né dans une famille de musiciens persans. Cet habile musicien que l’on avait entendu quelques jours auparavant avec Martin Fröst et Lucas Debargue sait adapter sa sonorité, se faire plus baroque pour la Sonate pour viole de gambe et clavier BWV 1027 de Bach, plus chaleureux dans la Première Sonate de Brahms. L’œuvre de Thomas Larcher, Mumien, est plus propice à faire briller les possibilités techniques des deux instruments mais ne convainc guère musicalement. En revanche, on pouvait s’extasier devant la musicalité de Soltani dans les Chants folkoriques persans de Reza Vali et surtout dans le très réjouissant bis donné en l’honneur de la fête nationale suisse, New York Honk de Thomas Demenga.



M. Pletnev (© Aline Paley)


Curieux personnage que Mikhaïl Pletnev, pianiste aux multiples talents d’arrangeur, compositeur et désormais chef d’orchestre dont on a contesté ici les choix esthétiques dans le Deuxième Concerto de Rachmaninov. Si l’on a le souvenir de lui comme d’un jeune Russe sympathique, on ne peut que trouver aujourd’hui sa pose statuaire et blasée pour le moins étrange. Le récital qu’il a donné dans une église surchauffée par l’orage et bondée, car le public de la tente des Combins, qui se presse pour les célébrités, avait dû se partager entre Pletnev et Pinchas Zukerman ce soir-là, était étrange et tout sauf électrique! Il a commencé par la Vingt-troisième Sonate «Appassionata» de Beethoven, enchaînée avec son Rondo en ut majeur, ce qui avait pour effet de déséquilibrer la sonate, laquelle, jouée dans des tempi changeant à chaque phrase et même au cours de la même phrase, et des phrasés s’appliquant à déconstruire l’écriture, ne ressemblait plus à rien.


On attendait plus de la seconde partie, entièrement consacrée à Rachmaninov, pour l’originalité de son programme, un peu plus que l’éternelle succession de Préludes et d’Etudes-Tableaux. Si certaines pièces de fantaisie et de salon ont un peu réchauffé l’atmosphère, Pletnev s’est évertué à donner aux pièces plus profondes des tempi tellement lents qu’elles en devenaient soporifiques, à la limite de l’esthétique de piano bar.



Olivier Brunel

 

 

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