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50 nuances de Petrenko München Nationaltheater 07/22/2018 - Richard Wagner : Die Walküre Jonas Kaufmann (Siegmund), Ain Anger (Hunding), Wolfgang Koch (Wotan), Anja Kampe (Sieglinde), Nina Stemme (Brünnhilde), Ekaterina Gubanova (Fricka), Daniela Köhler (Helmwige), Karen Foster (Gerhilde), Anna Gabler (Ortlinde), Heike Grötzinger (Waltraute), Helena Zubanovich (Siegrune), Jennifer Johnston (Rossweisse), Okka von der Damerau (Grimgerde), Rachael Wilson (Schwertleite)
Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko (direction musicale)
Andreas Kriegenburg (mise en scène), Harald B. Thor (décors), Andrea Schraad (costumes), Stefan Bolliger (lumières), Zenta Haerter (chorégraphie), Marion Tiedtke, Miron Hakenbeck (dramaturgie)
(© Wilfried Hösl)
Après deux cycles en janvier-février, l’Opéra de Munich vient de présenter un troisième Ring pour lequel la billetterie a été prise d’assaut, tant l’affiche était séduisante, notamment pour La Walkyrie. L’absence de Tétralogie cet été à Bayreuth explique aussi sans doute cet engouement. A en juger par La Walkyrie, la production d’Andreas Kriegenburg (le metteur en scène des Huguenots à Paris cet automne), qui date de 2012, est sobre et lisible, racontant l’intrigue en toute simplicité, sans chercher à interpréter. Il convient de relever aussi les magnifiques éclairages de Stefan Bolliger. Le début du troisième acte a néanmoins été passablement chahuté. Avant la célèbre « Chevauchée des Walkyries », un groupe de danseuses a mimé pendant une bonne dizaine de minutes des chevaux piaffant d’impatience, en tapant fort des pieds. C’en était trop pour une partie du public, certains spectateurs n’ayant pas hésité, au bout de 3 minutes, à demander bruyamment au chef d’orchestre de commencer à jouer. A la fin du ballet, des huées ont fusé de toutes parts, couvrant malheureusement les premières mesures de la « Chevauchée », attaquées pianissimo.
Comme pour Parsifal il y a deux semaines, c’est le chef Kirill Petrenko qui a été le plus applaudi au rideau final. Encore une fois, on ne peut que louer sa prestation : le maestro a offert une Walkyrie qu’on n’hésitera pas à qualifier de chambriste, tant la palette de couleurs et de nuances était fournie et tant chaque détail de l’orchestration pouvait être parfaitement entendu. En outre, le chef a été particulièrement attentif aux chanteurs, ne les couvrant à aucun moment. Si les projecteurs étaient braqués sur cette Walkyrie, c’est notamment pour le Siegmund de Jonas Kaufmann, un rôle qu’il n’a chanté sur scène qu’à New York. Le ténor allemand n’a peut-être pas (plus ?) la puissance et le bronze requis (le « Wälse Wälse » aurait pu être plus percutant), mais il a été confondant de musicalité, avec un chant tout en nuances, à l’instar du « Winterstürme » qui a ressemblé ce soir à une déclaration d’amour. Le chanteur a en tout cas été inspiré par sa Sieglinde, une Anja Kampe lumineuse et incandescente, très investie dans son personnage. Ain Anger a incarné un Hunding particulièrement noir et menaçant. Nina Stemme est une Brünnhilde d’exception, superbe de puissance dans ses « hojotoho », avec des aigus claironnants, et émouvante dans les adieux avec son père, avec un chant extrêmement nuancé. Le Wotan de Wolfgang Koch est un dieu humain, lassé de régner. A la fin de la soirée, sa voix semblait fatiguée et défaillante, rendant le personnage encore plus touchant. Et last but not least, on ne saurait passer sous silence la superbe Fricka d’Ekaterina Gubanova, à l’allure élégante et au ton insolent et orgueilleux, réussissant à faire trembler d’emblée Wotan et Brünnhilde.
Claudio Poloni
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