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Deux belles soirées de lieder et mélodies

Madrid
Teatro de la Zarzuela
07/02/2018 -  et 9* juillet 2018

2 juillet 2018
Lieder de Robert Schumann et Richard Strauss
Hanna-Elisabeth Müller (soprano), Juliane Ruf (piano)


9 juillet 2018
Mélodies de Claude Debussy, Ottorino Respighi, Nadia Boulanger, Benjamin Britten, Francis Poulenc et Isaac Albéniz
Anna Caterina Antonacci (soprano), Donald Sulzen (piano)



J. Ruf, H. E. Müller (© Centro Nacional de Difusión Musical)


Deux soirées de lieder, de mélodies, pour finir une saison qui n’en finit jamais. Heureusement, peut-être, mais on a besoin de se permettre une déconnexion. Mais que faire devant deux propositions comme celles-ci? La jeune Hanna-Elisabeth Müller (La Belle Meunière) et ses visions déjà magistrales de Schumann et Richard Strauss; la diva Anna Caterina Antonacci, très loin des répertoires de ses triomphes opératiques, avec un programme exigeant, courageux.


La jeunesse de Müller ne veut pas dire un manque de maîtrise dans le répertoire du lied. Bien au contraire: elle donne une perspective tout à fait fraîche pour les lieder de Strauss, dont l’exigence pour la voix et pour le public est parfois supérieure à la lettre des poèmes. Le compromis entre «fraîcheur» et maturité est le grand atout de Hanna-Elisabeth Müller. Son Schumann paraît moins romantique, moins emphatique que d’habitude. On s’en félicite à une époque où l’on ne peut plus croire certaines choses, surtout si l’on exagère leur expression. Mais le public et le critique doivent être prêts, c’est-à-dire sans préjugés, sans avoir en tête les enregistrements anciens des incomparables Schwarzkopf, Della Casa ou Janowitz de nos discothèques, mais ouverts à des propositions différentes, d’un niveau de conception que nous avons l’obligation de recevoir et de comprendre, sans exiger ce qu’on ne veut pas nous transmettre, nous donner. Müller est donc une voix qui donne ce qu’on n’attendait pas. Maintenant, après ce beau récital, on voudrait entendre son Berg, son Brahms. On aura le temps, certainement. Pendant ce temps-là, Müller chante son répertoire «de toujours» avec une couleur, une émission, un phrasé nouveaux. A quoi bon chanter comme on chantait sous les neiges d’antan? Juliane Ruf a accompagné d’une façon discrète et efficace le chant de Fräulein Müller.



D. Sulzen, A. C. Antonacci (© Centro Nacional de Difusión Musical)


Anna Caterina Antonacci était programmée pour octobre 2017, mais, souffrante, elle a chanté pour nous le lundi 9 juillet. Il faut remercier Anna Caterina Antonacci pour son Debussy et son Respighi, mais spécialement pour ce cycle de Nadia Boulanger, le grand professeur qui a formé plusieurs générations de compositeurs, pianistes, musiciens en général, des centaines de musiciennes et de musiciens; la sœur de Lili – hélas, c’est le centenaire de la mort de la petite sœur géniale. Et aussi pour Britten, On this Island, un cycle de jeunesse, de ses années américaines, au temps de Paul Bunyan, loin encore de Peter Grimes. Mais il y avait un cycle formidable et inhabituel, Le Travail du peintre, sept mélodies de Poulenc sur des textes d’un de ses poètes préférés, Paul Eluard (l’autre était Apollinaire), évoquant Picasso, Chagall, Braque, Juan Gris, Klee, Miró et Jacques Villon. Pour finir avec un cadeau, un Albéniz en anglais: on sait bien, maintenant, qu’Albéniz avait tout un trésor caché de mélodies et d’opéras britanniques. Et un bis beau et populaire, la habanera de Carmen. Antonacci est interprète et virtuose. Elle se transforme, elle est théâtre, elle est personnage. Même quand elle fait une description. Sa voix vole, s’envole, retourne, sa voix se fait mince, sa voix éclate, mais elle sait descendre à de rares profondeurs. Donald Sulzen domine l’art redoutable de l’accompagnement des mélodies de concert; il a été complice et soutien, avec une grande rigueur.


Une très belle fin de saison du cycle de mélodies du Centre national de diffusion musicale du ministère de la culture: le CNDM a été géré jusqu’à présent, pendant huit saisons, par Antonio Moral, qui ne veut plus prolonger ses fonctions. Une nouvelle étape, prometteuse, commencera en automne avec le nouveau directeur, Francisco Lorenzo. Les activités du CNDM sont nombreuses et d’un grand niveau artistique. On sait qu’il en sera de même avec cette nouvelle étape.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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