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Clap de fin

Paris
Saint-Denis (Basilique)
07/04/2018 -  et 5* juillet 2018
Hector Berlioz : Grande Messe des morts (Requiem), opus 5, H. 75
Alexander Mikhailov (ténor)
Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Siro Visco (chef de chœur), Chœur de Radio France, Nicolas Fink (chef de chœur), Orchestre national de France, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Valentin Baranovsky)


Hector Berlioz (1803-1869) a narré avec force détails, dans ses Mémoires, les conditions de création de son Requiem (1837), fruit d’une commande du ministre de l’intérieur Gasparin en hommage aux victimes de la Révolution de 1830. Les répétitions furent soudainement suspendues jusqu’à ce que le nouveau ministre de l’intérieur, le comte de Montalivet, requière l’exécution du Requiem pour une autre occasion, la cérémonie funéraire donnée en l’honneur du général Damrémont qui venait d’être tué au siège de Constantine, en Algérie, au début du mois d’octobre 1837. La création en la cathédrale des Invalides (le 5 décembre), bien que là aussi périlleuse (avec le fameux épisode de la «tabatière d’Habeneck» qui a failli faire rater le Tuba mirum), fut un indéniable succès, Berlioz parlant même à son sujet d’«une horrible grandeur».


La basilique de Saint-Denis a retenti, ici, des sonorités d’une immense représentation dirigée par John Eliot Gardiner. Il y a quelques semaines à peine, c’est Mikko Franck qui nous emmenait sur des sommets presqu’aussi vertigineux à la tête du Philharmonique de Radio France. Le défi que devait relever Valery Gergiev pour conclure cette édition du Festival de Saint-Denis n’était donc pas des plus simples et, en fin de compte, admettons que ce concert fut très bon sans revêtir le caractère exceptionnel des deux précédents. La faute tout d’abord, même si cela peut sembler étrange de commencer par lui, à Alexander Mikhailov qui ne nous aura que moyennement convaincu dans le Sanctus. En dépit d’une belle projection, la voix se tourne trop vers le monde de l’opéra; le manque de sobriété et, de temps à autre, de stabilité n’a pas donné à ce si sublime passage le caractère éthéré qu’un Michael Spyres (inoubliable!) avait parfaitement su lui conférer sous la baguette de Gardiner. En outre, la voix était peut-être un peu trop «jeune», un timbre un peu plus cuivré ayant sans doute davantage convenu notamment lors de la prononciation du mot «Gloria», qui n’irradiait pas assez.


Le chœur, ou plutôt les chœurs, furent bons sans pour autant être exceptionnels. Les voix féminines notamment se sont parfois avérées quelque peu stridentes (dès le Requiem introductif mais surtout au début du Dies irae). La masse chorale fit néanmoins parfaitement son effet – enthousiasmant Rex tremendae! – et participa à la grandeur de l’exécution, les voix masculines ayant notamment parfaitement pris le relais dans le Dies irae qui explosa grâce aux bons soins de l’orchestre. Regrettons au passage – mais l’acoustique était sans doute en partie fautive – quelques problèmes de prononciation, les ensembles ne nous ayant pas permis de toujours bien comprendre les paroles, même depuis le neuvième rang des spectateurs.


L’Orchestre national de France ne rencontrait Valery Gergiev que pour la deuxième fois de leur histoire commune, après le concert du 14 juillet 2017 donné en plein air au Champ-de-Mars. Pour ce concert, l’entente nous a semblé assez convaincante même si, notamment lors de l’intervention des cuivres – qui, contrairement à ce que préconisait Berlioz afin de «ne produire qu’une immense et effroyable cacophonie», furent disposés en contrebas de l’orchestre et non en quatre ensembles bien séparés –, le chef a dû battre la mesure de façon très ostensible afin d’éviter tout décalage intempestif. Les musiciens du National furent excellents, qu’il s’agisse des cordes – superbe noirceur du crescendo sur la fin du Kyrie et quelle finesse dans l’Agnus Dei – ou des vents. Pourtant habitué des grandes fresques, c’est peut-être Gergiev qui nous aura finalement laissé un peu sur notre faim, ne déclenchant pas le cataclysme parfois attendu et faisant preuve d’une retenue assez étonnante de sa part. Sa gestique, toujours aussi peu lisible (pour le néophyte en tout cas), n’aura pas évité quelques flottements de ci de là, mais on ne peut lui reconnaître un effet galvanisant qui, en plus d’une occasion ce soir, aura fonctionné de la manière la plus efficace.


C’est donc avec enthousiasme que le public salua le résultat, qui put également être regardé par les téléspectateurs de France 3 Ile-de-France et par les mélomanes qui n’avaient pu avoir de place à l’intérieur, massés sur le parvis de la Basilique. Rendez-vous donc avec le National le 14 juillet prochain au pied de la Tour Eiffel (sous la direction de François-Xavier Roth) et, dans onze mois environ, avec la cinquante-et-unième édition d’un festival qui aura encore une fois tenu ses promesses.



Sébastien Gauthier

 

 

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