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Mahler à la hongroise

Baden-Baden
Festspielhaus
05/20/2018 -  et 11, 12, 13 (Budapest), 19 mai (Bruges), 22 mai (Francfort), 24 mai (Prague), 19 (Brugge), 22 (Frankfurt), 24 (Praha), 25 (Dresden), 27 (Wien) mai 2018
Gustav Mahler : Symphonie n° 2 «Résurrection»
Christiane Karg (soprano), Elisabeth Kulman (mezzo-soprano)
Ceský filharmonický sbor Brno, Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)


(© Andrea Kremper)


Tâche difficile que de succéder à Simon Rattle et à l’Orchestre philharmonique de Berlin dans la Deuxième Symphonie de Mahler ici même en 2013 : assurément l’un des sommets les plus époustouflants des cinq années de Festival de Pâques passées par le chef britannique à Baden-Baden. Mais avec l’Orchestre du Festival de Budapest et un chœur non moins excellent, Iván Fischer dispose de suffisamment de cartes maîtresses pour relever le défi.


Apprécions d’abord de percevoir une synergie particulière entre un chef et un orchestre qui se connaissent à la perfection. Il suffit de se rappeler Iván Fischer peinant à dompter récemment les Berliner Philharmoniker dans la même salle pour mesurer la différence. L’orchestre hongrois répond au doigt et à l’œil, avec de surcroît une richesse en couleurs et une plénitude des timbres, sans opulence vide de sens, qui ajoutent évidemment à l’intérêt musical de chaque mesure. On se situe ici encore relativement au début d’une grande tournée qui va conduire l’ensemble un peu partout en Europe, dans des salles de format et d’acoustiques extrêmement différents, et avouons que parfois ce Mahler semble se chercher un peu, comme si l’exploration et l’investissement de la partition n’étaient pas tout à fait terminés. Mais l’écriture très scénarisée de Mahler est aussi propice à ce type d’itinéraire, même si parfois on perd un peu le fil, au point parfois de sembler quelque peu tourner en rond, dans l’attente d’un chœur final qui tarde à venir. Musarder en chemin reste cependant toujours agréable, surtout avec des titulaires de petite harmonie aussi savoureux à écouter, dont on peut chercher de l’oreille avec gourmandise les multiples épisodes terriens, invariablement goûtus. A ce titre ce sont les mouvements médians qui nous semblent les plus réussis, le reste paraissant encore un peu vert, ou du moins largement susceptible de mûrir.


Côté solistes, le choix d’Elisabeth Kulman est heureux : une artiste distinguée, dont le timbre svelte n’a rien de l’opulence d’une Christa Ludwig des grandes années mais qui sait imposer un ton, une ligne de chant parfaitement dosée, dont l’impact est soutenu par un socle orchestral d’une poésie sans faille. Cet « Urlicht », vraiment très beau, se passe de tout autre commentaire. De Christiane Karg on pouvait craindre que son format vocal assez menu disparaisse sous le nombre, mais tout se passe bien, sauf quand le chef lui impose de commencer en restant assise, ce qui lui scie assez notablement la respiration. L’effet scénique recherché est très concluant pour les chœurs, appelés eux aussi à commencer assis, pianissimo, avant de se lever enfin au moment où la symphonie en arrive à l’affirmation des certitudes finales. Grandiose péroraison effectivement, mais qui n’est pas ce que cette équipe a de plus singulier à proposer. De toute façon, en un peu plus d’une heure, on aura largement trouvé dans ce concert de quoi copieusement se nourrir.



Laurent Barthel

 

 

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