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Duo de dames

Paris
Opéra Bastille
06/20/2018 -  et 21, 23, 25, 27, 28, 30 juin, 4, 5, 7, 10, 11, 13, 14 juillet 2018
Giuseppe Verdi : Il trovatore
Zeljko Lucic*/Vitaliy Bilyy (Il conte di Luna), Sondra Radvanovsky*/Jennifer Rowley (Leonora), Anita Rachvelishvili*/Ekaterina Semenchuk (Azucena), Marcelo Alvarez*/Roberto Alagna/Yusif Eyvazov/Alfred Kim (Manrico), Mika Kares (Ferrando), Elodie Hache (Ines), Yu Shao (Ruiz), Lucio Prete (Un vecchio zingaro), Luca Sannai (Un messo)
Chœur de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Maurizio Benini (direction musicale)
Alex Ollé (La Fura dels Baus) (mise en scène), Valentina Carrasco (collaboratrice à la mise en scène), Alfons Flores (décors), Lluc Castells (costumes), Urs Schönebaum (lumières)


A. Rachvelishvili (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


On n’y est certes pas retourné pour la production d’Alex Ollé, inaugurée en 2016. L’indigence du propos et de la direction d’acteurs reste fatale à un opéra aussi dramatiquement problématique que Le Trouvère. On ne croit pas un seul instant à cette histoire d’amour et de vengeance sur fond de guerre 1914. Cette guerre devait constituer l’axe de la mise en scène : on n’y croit pas davantage, malgré les tranchées, les exécutions sommaires et ces cubes rectangulaires omniprésents qui figurent tours et murs. Mais ne suffit-il pas, selon la célèbre formule, d’afficher les quatre plus grands chanteurs du monde pour faire un Trouvère?


Ne nous demandons pas si Bastille l’a fait et si, par exemple, Sondra Radvanovsky est plus ou moins « grande » qu’Anna Netrebko... Que sa Leonora soit magnifique nous suffit. Elle est d’abord un authentique spinto – on se souvient de son Aïda. La longueur de la voix et du souffle fait merveille dans les passages lents, avec un « D’amor sull’ali » d’une superbe maîtrise, des diminuendos de rêve – elle est moins à l’aise lorsqu’il faut vocaliser dans la cabalette « Tu vedrai », qui rappelle le premier Verdi... comme Netrebko, d’ailleurs. La bohémienne d’Anita Rachvelishvili atteint les mêmes sommets que cette Leonora d’une grande noblesse. L’opulence de la voix est telle qu’elle n’a pas besoin d’écraser les notes de poitrine, la tessiture si homogène que la ligne reste tenue même dans les moments les plus hallucinés : la folie d’Azucena ne sombre pas chez elle dans des débordements vulgaires et peut aussi se chanter pianissimo.


Les hommes doivent s’incliner. On attend du Comte de Luna, ivre de jalousie, un timbre mordant : Zeljko Lucic en est très loin, avec une émission qui a tendance à s’engorger. Mais, plutôt que la rage impuissante, il préfère restituer la passion désespérée, très respectueux des nuances de la partition, en particulier dans un « Il balen del suo sorriso » amoureusement murmuré. Il n’empêche : le baryton serbe atteint ses limites. Marcelo Alvarez les atteint encore plus, hésitant au début, plus assuré au camp des Bohémiens. Il déçoit ensuite dans ses deux airs, où l’émission se tend ou se force, avec un « Di quella pira » sans éclat – tièdement applaudi, ce qui est un signe. Le dernier tableau le rend enfin à lui-même... un peu tard : de Marcelo Alvarez, on attend autre chose, même un jour de première. Gageons que Mika Kares aura plus de relief, la saison prochaine, en Fiesco de Simon Boccanegra qu’en Ferrando aujourd’hui – mais on remarque l’Inès d’Elodie Hache. Le chœur brille et l’orchestre se donne, dirigé par un Maurizio Benini qui assure en chef de répertoire. Attention : il y a deux distributions... et quatre Manrico, dont Roberto Alagna.



Didier van Moere

 

 

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