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Sage et (néo)classique

Antwerp
Opera Vlaanderen
05/23/2018 -  et 25, 27*, 30 mai, 1er, 3 juin 2018
Wolfgang Amadeus Mozart: La clemenza di Tito, K. 621
Lothar Odinius (Tito), Agneta Eichenholz (Vitellia), Anna Goryachova (Sesto), Cecilia Molinari (Annio), Anat Edri (Servilia), Markus Suihkonen (Publio)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Stefano Montanari (direction musicale)
Michael Hampe (mise en scène), Germán Droghetti (décors, costumes), Hans Toelstede (lumières)


(© Annemie Augustijn)


En mai, l’Opéra royal de Wallonie et l’Opéra des Flandres bouleversent les habitudes de leur public. Alors que La donna del lago montée à Liège aurait pu tout naturellement s’insérer dans la programmation de l’institution flamande, davantage portée sur l’audace et l’expérimentation que son homologue wallonne, cette Clémence de Titus (1791) pourrait tout à fait être représentée dans la Cité ardente sans susciter d’étonnement.


Michael Hampe opte pour une approche littérale et raisonnable de l’ultime opéra sérieux de Mozart, sans transposition radicale de l’intrigue, les costumes permettant toutefois de situer vaguement l’action au début du vingtième siècle. L’esthétique néoclassique du décor de toute beauté de Germán Droghetti reflète la sagesse de cette approche. Malgré la précision et la subtilité de la direction d’acteur, ce spectacle très fidèle mais trop prévisible présente un intérêt dramaturgique ténu en comparaison avec les autres productions de cette maison. Pour un opéra aussi souvent représenté aujourd’hui, et ce sera le cas à Liège la saison prochaine, un metteur en scène devrait s’autoriser à l’aborder sous un angle d’attaque plus téméraire ou originale. Cette conception inoffensive, dont nous ne retenons que le décor, se révèle en fin de compte simplement plaisante.


Cette nouvelle production réunit une distribution compétente et rodée: homogène, crédible et de bon niveau, elle répond en grande partie aux exigences du chant mozartien. Lothar Odinius, remarquable Idoménée il y a deux ans, confirme qu’il possède un profil d’authentique ténor mozartien. Pliant sa voix puissante et claire à l’évolution psychologique de Titus, il affiche de notables qualités de phrasé et d’intonation. Agneta Eichenholz impose sa belle présence en Vitellia. Si le chant, assuré et charpenté, accuse quelques duretés, l’interprète explore une tessiture large avec beaucoup de virtuosité et d’expression.


Anna Goryachova signe la performance la plus complète. Physiquement crédible dans le personnage de Sesto, auquel elle apporte une mâle et juvénile énergie, la mezzo-soprano conjugue parfaitement maîtrise vocale et tempérament dramatique, en portant attention à la netteté du phrasé et à la beauté du timbre. En Annio, Cecilia Molinari partage à peu près les mêmes vertus d’agilité et de raffinement vocal dans l’autre personnage de travesti, incarné toutefois avec plus de sobriété. Anat Edri doit moins accomplir en Servilia mais la soprano valorise un bel instrument qui compense un chant un peu fruste. Droit et sévère, Markus Suihkonen impose sa solide voix grave en Publio. Quant aux choristes, ils restent fidèles à leur réputation, mais la mise en scène les confine à un rôle statique les empêchant de prouver leur proverbiale implication théâtrale.


La direction vigoureuse de Stefano Montanari privilégie la clarté et le drame, au détriment parfois de la finesse. Le chef contrôle la dynamique et les tempi, plutôt justes et équilibrés, avec habilité et enthousiasme, tandis que l’orchestre livre son niveau de jeu habituel – cordes souples et acérées, bois ponctuels et expressifs, en particulier dans le dialogue avec Vitellia au second acte. Le claveciniste, enfin, ornemente les récitatifs, vifs et éloquents, avec goût et imagination. Ce spectacle semble une parenthèse sans histoire au sein de cette saison qui se terminera avec Le Joueur de Prokofiev.



Sébastien Foucart

 

 

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