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Liège
Opéra royal de Wallonie
05/05/2018 -  et 8, 10, 13*, 15 mai 2018
Gioacchino Rossini: La Donna del lago
Salome Jicia (Elena), Marianna Pizzolato (Malcolm), Maxim Mironov (Giacomo V, Uberto), Sergey Romanovsky (Rodrigo), Simón Orfila (Douglas), Stefan Cifolelli (Serano, Bertram), Julie Bailly (Albina), Giusi Merli (Elena âgée), Alessandro Baldinotti (Malcolm âgé)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Michele Mariotti (direction)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Klaus Bruns (costumes), Alessandro Carletti (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie)


La saison de l’Opéra royal de Wallonie approche de la fin, avec, pour l’avant-dernier spectacle, La Dame du lac (1819) de Rossini, mort il y a cent cinquante ans. Pour cet opéra, dont les précédentes représentations à Liège remontent à 2003, le théâtre monte la production créée à Pesaro en 2016. Cette mise en scène assez moderne dans sa conception change un peu de ce que le public a l’habitude de voir dans cette salle, et tant mieux. Damiano Michieletto imagine que cette histoire inspirée de Walter Scott se présente sous la forme d’un retour en arrière, sans trop se soucier d’exactitude historique et géographique. Elena âgée, qui partage sa vie avec le vieux Malcolm, se remémore avec nostalgie sa rencontre avec le roi Giacomo, dont le portrait orne le salon.


Le vieux couple déambule ainsi en permanence à côté de lui-même plus jeune, sans qu’il ne paraisse trop envahissant, dans une vétuste bâtisse gagnée par la végétation. Même si elle bouscule quelque peu le fil du récit, cette idée peu originale mais assez intéressante, à condition de ne pas s’attacher littéralement au livret, fonctionne plutôt bien, malgré un jeu d’acteur en dents de scie, qui n’évite ni les poses stéréotypées, ni les baisses de tension. Le metteur en scène respecte l’esprit romantique de l’ouvrage, notamment en se référant à la nature, le splendide décor de Paolo Fantin faisant ressentir la présence du lac de manière subtile. Cette mise en scène gentiment audacieuse trouverait a priori plutôt sa place dans la programmation de la Monnaie ou de l’Opéra des Flandres, autrement plus aventureux que l’institution liégeoise, trop ancrée dans la tradition. Cette dernière ferait d’ailleurs bien de prendre davantage de risque et de proposer plus souvent des spectacles un peu plus audacieux, comme celui-ci. Quant à Damiano Michieletto, ses mises en scène de L’Echelle de soie et de L’Elixir d’amour, plus abouties, témoignent encore mieux de son talent.


Evoluant avec aisance dans les arcanes du chant rossinien, la distribution affronte avec ardeur cet opéra exacerbant les passions, mais sans toute la fougue que nous attendions. Salome Jicia, voix plutôt légère, prouve en Elena qu’elle possède une sérieuse technique belcantiste. La soprano se révèle suffisamment agile dans les vocalises et expose un timbre plaisant jusqu’au dernier air, qui manque toutefois d’éclat et de vaillance – Rossini n’épargne vraiment pas les chanteurs. L’incarnation captive moins sur le plan théâtral, cette Elena diaphane paraissant trop effacée. En Malcolm, Marianna Pizzolato semble, pour sa part, engoncée et même vocalement en méforme. La mezzo-soprano, qui répond au profil du rôle, exploite un instrument ample et puissant mais elle ne sculpte pas toujours parfaitement ses airs, qui devraient revêtir plus de contraste et de netteté.


Authentique rossinien, Maxim Mironov évolue facilement dans le registre aigu, avec une qualité supérieure de phrasé et d’émission et, parmi la nouvelle génération, il s’impose comme une valeur sûre dans ce répertoire. Sa présence scénique atteint la même intensité que celle de Sergey Romanovsky, chanteur lui aussi attentif au style et au legato. Le ténor évolue dans le haut du registre avec souplesse, mais en cultivant un médium plus sombre. Simón Orfila, dans le bref rôle de Douglas, se démarque, quant à lui, par sa profonde voix de basse et sa belle nature lyrique. Alors que Stefan Cifolelli et Julie Bailly complètent cette distribution avec compétence, les choristes, inaudibles au début, modestes par la suite, ne rendent pas pleinement justice à leur partie, pourtant non négligeable.


Michele Mariotti dirige en connaisseur un orchestre vigoureux et attentif, mais parfois lourd et brutal, à cause de cordes pas toujours souples et gracieuses. Le ton demeure cependant tendu et la prestation d’ensemble réjouit par sa clarté, ainsi que par sa dynamique et ses tempi, admirablement ajustés par ce chef de fosse chevronné. La Cité ardente retrouvera bientôt Rossini, mais dans un tout autre registre : en décembre, les Liégeois se délecteront du Comte Ory, conçu par Denis Podalydès, et coproduit avec l’Opéra-Comique.



Sébastien Foucart

 

 

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