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Hymnes

Paris
Philharmonie
05/06/2018 -  et 19 (Los Angeles), 29 (New York) avril, 4 mai (London) 2018
Leonard Bernstein : Chichester Psalms [*]
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125

John Holiday [*] (contre-ténor), Victoria Songwei Li [*], Julianna Di Giacomo (sopranos), Anne Reilly [*], Jennifer Johnson Cano (mezzo-sopranos), Florian Panzieri [*], Michael König (ténors), William Pedersen [*], Soloman Howard (basses)
London Symphony Chorus, Matthew Hamilton (chef de chœur), Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Nohely Oliveros)


Le second programme donné par le Los Angeles Philharmonic et Gustavo Dudamel était plus directement intégré à la thématique «Bernstein» du week-end organisé par la Philharmonie et honorant les 100 ans de la naissance du compositeur et chef américain. Après Mass récemment donné par l’Orchestre de Paris, place à l’autre grand chef-d’œuvre d’ordre religieux de Bernstein, les Chichester Psalms. Plus attendu dans un concert sous-titré «Hymne», la Neuvième Symphonie de Beethoven formait astucieusement le morceau de résistance de ce beau programme.


Les Chichester Psalms ne sont pas si fréquents au concert. Gustavo Dudamel possède une incroyable aisance dans cette musique complexe qu’il dirige de mémoire. Son sens rythmique, déjà montré la veille, notamment dans un Varèse hors du commun, et qui lui permet de jouer des incessantes ruptures si caractéristiques de la musique de Bernstein, fait ici aussi merveille. Il illumine chacune des trois parties, la première jubilation pure, la deuxième méditation et la troisième pleine d’espoir, d’une tension et d’une ligne fulgurantes. Le contre-ténor américain John Holiday, qui possède un timbre magnifique et une belle technique, ne parvient pas tout à fait à convaincre en termes d’émotion, faisant regretter la voix d’enfant prévue par le compositeur. Les deux courtes interventions faites par les quatre solistes issus de la Guildhall School of Music de Londres sont, elles, en accord avec les exigences du compositeur. Dans le final, le London Symphony Chorus, qui réussit un magnifique pianissimo a cappella, apporte une belle émotion qui conclut magnifiquement cette superbe interprétation.


Place ensuite à une Neuvième Symphonie de fort belle facture. L’Orchestre philharmonique de Los Angeles répond au doigt et à l’œil à son chef, dont la direction tenue et tendue cherche à tout faire entendre et à stimuler la circulation interne de la musique. Le son d’ensemble est riche, naturellement précis et jamais agressif. Tous les pupitres rivalisent de virtuosité – signalons notamment des cordes graves, d’une plénitude sonore rare, et un timbalier, Joseph Pereira (jouant avec des mailloches sèches) parmi les plus impressionnants du moment. Après un premier mouvement qui plante le décor, place à un Scherzo, fascinante mécanique horlogère qui n’exclut pas un vrai dialogue entre pupitres, puis à un Adagio sobre mais d’une grande beauté plastique. Le final, dans un tempo initialement assez mesuré, est par moment véritablement fulgurant, telle la première entrée du chœur débordant d’une joie qui n’est pas feinte, le dernier «Vor Gott» avant l’Allegro assai vivace tenu avec une force incroyable, avant une accélération finale probablement sans équivalent dans toute l’histoire de l’interprétation de la Neuvième Symphonie.


Le London Symphony Chorus, placé en arrière-scène et chantant par cœur, montre une belle cohésion mais est parfois couvert par l’orchestre. L’allemand est juste et les fins de phrase précises. Les ténors manquent parfois un peu de puissance et de lumière – par exemple dans l’entrée de la fugue – et les soprani de hauteur dans quelques rares aigus, il faut le dire très tendus, que Beethoven leur réserve. Mais dans l’ensemble, la prestation est de grande qualité et fait honneur à la tradition chorale britannique. Même si le chœur a été préparé par Matthew Hamilton, assistant de Simon Halsey, directeur de l’ensemble depuis 2012 mais retenu à Berlin, on repérait facilement dans quelques menus détails la signature de cet extraordinaire bâtisseur de chœur.


Le quatuor de solistes assure sans atteindre l’excellence. La basse Soloman Howard a une grande et belle voix et son intervention est dans l’esprit de ce que souhaite Gustavo Dudamel mais son allemand est perfectible. Le ténor Michael König fait le ténor, plutôt assez bien d’ailleurs, la soprano Julianna Di Giacomo pousse ses aigus au-delà du raisonnable et la mezzo Jennifer Johnson Cano, trop discrète, fait ce qu’elle peut pour exister. Dommage car le timbre semble magnifique!


Un concert unique donc, peut-être un peu moins exceptionnel que le précédent, mais confirmant s’il en était besoin quel chef décidément unique et aussi éclectique est Gustavo Dudamel. L’un des meilleurs orchestres du monde, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, ne s’est décidément pas trompé en le choisissant comme directeur musical en 2008 lorsqu’il avait 28 ans.


Le site de John Holiday
Le site de Julianna Di Giacomo
Le site de Jennifer Johnson Cano
Le site de Michael König
Le site de Soloman Howard
Le site du Chœur symphonique de Londres



Gilles Lesur

 

 

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