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Double hommage aux Champs-Elysées

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/02/2018 -  
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande
Sabine Devieilhe (Mélisande), Guillaume Andrieux (Pelléas), Alain Buet (Golaud), Jérôme Varnier (Arkel), Sylvie Brunet-Grupposo (Geneviève), Camille Poul (Yniold), Virgile Ancely (Un médecin, Un berger)
Le Jeune Chœur de Paris, Orchestre de chambre Pelléas, Benjamin Levy (direction)


B. Levy (© Jóhanna Olafsdóttir)


Pas d’année Debussy, mort il y a un siècle, sans Pelléas et Mélisande. Mais aux Champs-Elysées, l’hommage était double : le maître des lieux, Michel Franck, salue d’abord la mémoire de Jean-Claude Malgoire, qui vient de nous quitter et à qui le concert est dédié. Un compagnon de route du théâtre de l’avenue Montaigne, dont la carrière ne se limita pas à ce répertoire baroque où il fut pionnier : il avait, en mars, dirigé Pelléas à Tourcoing, dans une mise en scène de Christian Schiaretti.


On retrouve les trois protagonistes de la production. Même si une tessiture plus centrale siérait mieux ici, Sabine Devieilhe, oubliant son répertoire de soprano colorature brillant, incarne une remarquable Mélisande, avec une voix projetée sur tous les registres, par l’approfondissement d’une déclamation où chaque mot, chaque inflexion se chargent de sens. Loin de toute mièvrerie diaphane, elle restitue surtout l’ambiguïté du personnage, à la fois insaisissable et farouche. Pas moins intelligible, Guillaume Andrieux rend à Pelléas la fraîcheur de sa lumière adolescente, avec une verdeur préservée du timbre et une émission peut-être un peu trop ouverte mais dont l’homogénéité se conserve jusqu’à l’aigu. L’engorgé et grisâtre Alain Buet, plongé dans sa partition, ne se situe malheureusement pas au même niveau, lui qui fait du « prince Golaud » un homme très ordinaire, fragile, que la violence du quatrième acte dépasse. A l’opposé, Sylvie Brunet-Grupposo et Jérôme Varnier nous rappellent qu’Allemonde est un royaume et que l’on peut confier, sans qu’ils perdent leur vérité, Geneviève et Arkel à des voix d’opéra en pleine santé : la première est un modèle d’éloquence dans la lecture de la lettre, le second a la profondeur attendrie, mais aussi l’autorité du patriarche. Pour Yniold, un soprano garçon nous a heureusement été épargné, même si Camille Poul paraît presque trop assurée. On n’a pas oublié le Médecin, auquel Virgile Ancely, en quelques mesures, donne une présence.


A la tête d’un orchestre moyen, Benjamin Levy attend la fin du troisième acte et la scène d’Yniold et de Golaud pour vraiment entrer dans le drame et créer une tension absente, par exemple, de celle des souterrains. Sa direction acérée privilégie plutôt la netteté des lignes, quitte à sacrifier le raffinement magique des jeux de timbres, peut-être pour se libérer d’un certain impressionnisme. Elle échoue un peu, du coup, à trouver cet équilibre entre la lisibilité et le mystère qui constitue l’essence de l’orchestre debussyste.



Didier van Moere

 

 

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