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Du nouveau dans l’air

Vienna
Konzerthaus
04/14/2018 -  et 15 avril 2018
Jean Sibelius : Pohjolan tytär, opus 49
Rued Langgaard : Symphonie n° 6 «Det Himmelrivende», BVN 165
Edward Elgar: Concerto pour violoncelle, opus 85

Sol Gabetta (violoncelle)
Wiener Philharmoniker, Sakari Oramo (direction)


S. Gabetta (© Julia Wesely)


Le chef Sakari Oramo revient présenter, comme l’an dernier, une nouvelle œuvre de son compositeur fétiche Rued Langgaard. Nous avions été fascinés par son interprétation de la Deuxième Symphonie «Eveil du printemps» – une véritable curiosité, même pour les experts langgaardiens consommés; la Sixième Symphonie «Le Ciel d’orage» (bien plus jouée) ne provoque pas le même enthousiasme immédiat, son langage paraissant par moments moins accessible. Les qualités interprétatives restent cependant les mêmes, le chef et l’orchestre défendant l’œuvre avec force et intelligibilité: la fugue du thème fondateur est phrasée avec beaucoup d’expressivité, maintenant simultanément la conduite inflexible des entrées de voix; les étagements dynamiques sont exécutés avec raffinement tout au long des variations; la succession finale d’accords est délivrée avec une verticalité impressionnante, à faire écrouler l’auditorium.


Deuxième relative rareté du programme, la fantaisie symphonique La Fille de Pohjola de Sibelius, œuvre dont les qualités dramatiques justifieraient une meilleure présence dans les programmes de concerts, permet d’entendre des timbres plus concentrées et des attaques plus affirmées que ceux habituellement associés aux habitudes viennoises du Philharmonique. Sakari Oramo sait en tout cas nous transporter avec l’élan poétique méthodique qui le caractérise dans les confins des plaines nordiques, sculptant généreusement les respirations de la partition.


Oserait-on affirmer que c’est la seconde partie du concert, l’archiclassique Concerto pour violoncelle d’Elgar, qui renferme la véritable découverte de la soirée? D’un côté l’accompagnement spacieux du chef finlandais, de l’autre la vision subtile, ensoleillée et chambriste de Sol Gabetta – on aurait pu craindre une opposition de styles: en réalité la complémentarité est parfaite. La transparence des pupitres dégage une profusion de subtilités dans l’orchestration; l’intimité de la violoncelliste avec son instrument délivre l’œuvre de tout semblant de raideur, exploitant sa veine rhapsodique avec une fraîcheur inédite. Il faut entendre la manière dont orchestre et soliste se fondent l’un dans l’autre lors des dernières mesures du deuxième mouvement, le violoncelle prolongeant les tenues, puis relançant avec élasticité les changements d’harmonie avant de replonger dans l’orchestre – il faut entendre les tutti de l’Allegro final, dans lesquels la soliste se mêle avec une dynamique millimétrée aux pupitres de violoncelles. Sol Gabetta s’approprie la partition avec une fantaisie contrôlée, attachant à chaque mesure un mélange d’attention appliquée et d’enthousiasme qu’on accorderait à une nouvelle œuvre.



Dimitri Finker

 

 

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