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Ecce homo

Paris
Philharmonie
03/31/2018 -  et 25 (Caen), 27, 28 (Lille), 30 (Aix-en-Provence) mars 2018
Anonyme : O Traurigkeit, O Herzeleid!
Johann Sebastian Bach : Johannes-Passion, BWV 245 – Cantate «Sehet, wir geh’n hinauf gen Jerusalem», BWV 159 (extraits)
Jacob Handl : Ecce quomodo moritur

Tomás Král (Jésus), Julian Prégardien (Evangéliste), Kateryna Kasper (soprano), Lucile Richardot (alto), Reinoud Van Mechelen (ténor), Christian Immler (Pilate, basse)
Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Bertrand Couderc (lumières)


J. Prégardien (© Marco Borggreve)


Sixième étape de ce parcours Bach en sept paroles, voici avec Ecce homo peut être la parole la plus signifiante des Evangiles et une Passion selon saint Jean très copieusement complétée dans la grande salle de la Philharmonie de Paris.


En préambule au compte rendu d’une soirée de musique et de spiritualité à un niveau exceptionnel, on peut s’étonner du besoin qu’a eu Raphaël Pichon, artisan de ce cycle Bach qui se veut certes non conventionnel, d’ajouter tant de musique à la Passion selon saint Jean qui, jusqu’à maintenant, s’est parfaitement suffi à elle-même. Préluder par un anonyme O Traurigkeit, O Herzeleid pour mettre l’auditeur en condition, pourquoi pas? Rétablir après le chœur final «Ruht wohl!» le choral luthérien appendice Ach Herr lass dein lieb Engelein (que Bach avait supprimé dans ses révisions successives de l’œuvre) pour le faire redescendre en douceur, passe encore. Mais interpoler entre les deux parties des extraits de la Cantate BWV 159 «Sehet, wir geh’n hinauf gen Jerusalem» et, dans la seconde partie, après la mort de Jésus, le motet Ecce quomodo moritur justus de Jacobus Gallus (qui était traditionnel dans la liturgie du Vendredi Saint à Leipzig), c’est la rallonger inutilement, interrompre à deux reprises sa continuité dramatique propre et peut être donner l’impression qu’on ne fait pas confiance à l’œuvre.


Et pourtant quelle foi dans la direction de Raphaël Pichon, quelles beautés il insuffle à ses instrumentistes et choristes dont la précision et la justesse dépassent ce que l’on a entendu depuis bien longtemps! Pichon a voulu une sobre théâtralisation de cette Passion qui s’y prête moins que celle selon saint Matthieu. Les solistes évoluent discrètement sur l’espace qui entoure l’orchestre, les chœurs se répartissent habilement, les éclairages prodigieux de Bertrand Couderc font le reste, créant les climats dramatiques du récit qui est, beaucoup plus que dans la Passion selon saint Matthieu, axé sur le procès de Jésus et sa Crucifixion. Mais la plus belle théâtralisation réside dans la façon dont Pichon conduit ses troupes, introduit les plus infimes nuances dramatiques et fait chanter son chœur de façon toujours appropriée, jamais monotone selon qu’il chante les chorals qui rythment le cours de la cérémonie où les épisodes dramatiques du récit de la Passion.


Arrivé presque au bout du parcours Bach en sept paroles – le dernier, intitulé «Consolation», aura lieu à la Cité de la Musique le 14 mai – on a admis que le point faible de l’entreprise est l’inégalité dans le choix des solistes. Moins que lors d’autres concerts, mais tout de même, la distribution vocale de cette Passion allait de l’exceptionnel au regrettable. Exceptionnel Julian Prégardien qui, sans partition, chante les interventions de l’Evangéliste avec un sens théâtral inouï et une ligne vocale d’une sûreté et d’une beauté aujourd’hui incomparables. Magnifique l’alto Lucile Richardot, qui eut le redoutable privilège d’ouvrir la soirée à froid, perchée dans les hauteurs de la salle, avec l’anonyme O Traurigkeit, O Herzeleid! et qui a chanté avec une incandescence et une assurance confondante «Es ist volbracht!». Superbe et très dramatique dans son attitude très statique, le baryton tchèque Tomás Král, déjà invité dans ce parcours, qui tenait la partie de Jésus avec une grande assurance. On est plus réservé sur le choix de la soprano ukrainienne Kateryna Kasper, quant à l’adéquation de sa voix légère et à la ligne irrégulière à ce répertoire. Le ténor belge Reinoud Van Mechelen remplaçait John Irvin, initialement annoncé, et lui aussi ne convainc guère avec une voix dont l’intensité flanche généralement dès la deuxième strophe de l’air. Tout comme pour Christian Immler, basse choisie pour le rôle de Pilate, manquait le niveau technique et le souffle pour mener à bien les deux airs majeurs, respectivement «Erwäge, wie sein blutgefärbter Rücken» pour le ténor et «Eilt, ihr angefochtenen Seelen» pour la basse.


Le concert en intégralité sur le site Culturebox:






Olivier Brunel

 

 

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