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Ambronay

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22e édition du festival d'Ambronay

Ambronay
Brou, Ambronay, Treffort
09/19/2001 -  


Bourg-en-Bresse
Eglise de Brou
Mercredi 19 septembre.
Musique sacrée à la Cour de Marguerite d’Autriche
Pierre de la Rue, Messe des sept douleurs de la Vierge
Trio Alta
Ensemble Obsidienne, Emmanuel Bonnardot (dir.)


Eglise de Treffort
Jeudi 20 septembre
El Viaje del Alma. Le voyage de l’âme.
Duron, de Murcia, Sumaya, Pradas, Sanz …
Stéphanie Révidat (soprano), Jean-Baptiste Dumora (baryton)
Le Concert de l’Hostel Dieu, Franck Emmanuel Comte (dir.)


Abbatiale d’Ambronay
Vendredi 21 septembre
W. A. Mozart, Symphonie 39, 40, 32.
Anima Eterna, Jos van Immerseel (dir.)


Abbatiale d’Ambronay
Samedi 22 septembre
Encuentro de Musicas de Fuego & Ayre. De la Iberia antigua al Nuevo Mundo
La Capella Reia de Catalunya - Hespèrion XXI, Jordi Savall (dir.)


Tour Dauphine d’Ambronay
Dimanche 23 septembre
Musique baroque française, italienne et espagnole pour théorbe et guitare
Rolf Lislevand (théorbe et guitare baroque)


Abbatiale d’Ambronay
Dimanche 23 septembre
Les Délices de la Solitude. Autour de la viole d’Orphée
Philippe Foulon, (viole d’Orphée)
Lachrimae Consort, Jean-Charles Léon - Philippe Foulon (dir.)


L’excellent ensemble instrumental et vocal Obsidienne (ce sont les chanteurs eux-mêmes qui jouent), emporté par l’enthousiasme d’Emmanuel Bonnardot, et secondé par les timbres verts et énergiques des chalémie, bombarde et trompette à coulisse du Trio Alta, a eu la bonne idée de faire revivre musicalement et historiquement l’église de Brou. Ce joyau de l’architecture flamande de la Renaissance, élevé par Marguerite d’Autriche à la mémoire de Philibert le Beau, est très rarement utilisé pour des concerts. Le lien entre la parole et le lieu était aussi souligné par le voyage du son : deux processions, pour ouvrir et fermer le concert. La rareté du lieu rivalisait avec celle du compositeur, le génial Pierre Delarue (v.1460-1518), musicien de Marguerite d’Autriche, peu chanté aujourd’hui. Sa messe des sept douleurs de la Vierge, prévue pour la veille des Rameaux, évoque la prophétie de Siméon dans le Temple (Luc 2, 33-35), la fuite en Egypte (Mathieu 2, 13-15), Jésus dans le Temple (Luc 2, 41-50), Jésus qui porte la Croix (Jean 19, 17), Jésus crucifié (ibid.), Marie qui tient dans ses bras son corps, la sépulture de Jésus (Luc 23, 55). Malgré sa sophistication, l’écriture de Pierre de la Rue est profondément musicale. La messe était entrecoupée de morceaux de Josquin Desprez, Colinet de Lannoy, et d’anonymes.
Cette année, le Concert de l’Hostel Dieu a choisi de s’engager dans un « Automne Espagnol » (pour plus de renseignements : concerthosteldieu@free.fr) et proposait ainsi un concert en deux parties, musique sacrée - musique profane. Cantadas de Sebastian Duron, Bayles (Codex 4 de Mexico), Tarantelas de Santiago de Murcia, et Villancicos al navidad de Manuel de Sumaya. Puis Cantada de Josep Pradas, Baylas, Fandango, Gaillarde et Los impossibles de Gaspar Sanz, enfin des arias et seguidillas de « Los Elementos » et « Azis y Galatea » de Duron et Literes. Plusieurs pièces sont déjà bien connues, et dans ce concert qui a mit du temps à trouver son rythme, on pensait immanquablement à la fougue de Lislevand, et à l’art des clairs-obscurs à la Lopez Banzo, qui se fait bien rare en France, ces derniers temps. Les improvisations sont prudentes voire frileuses et le manque de folie patent. L’ensemble s’est ressaisi dans la deuxième partie, et est devenu tout à fait convaincant dans « Los Elementos ».
Comme à son habitude, Jos van Immerseel propose un concert fulgurant. Il possède la magie des sons, des articulations et des phrasés. Il est suivi par un orchestre unique, au son généreux, aux couleurs et aux nuances infinies. Le souffle était là. Le pseudo-critique ne peut que tomber dans l’aphasie.
Le renouveau baroque aura consisté en deux choses : qu’est-ce qu’une voix ? qu’est-ce qu’un instrument ? Jordi Savall et Montserrat Figueras se seront particulièrement illustrés dans cette recherche, tant ils ont construit des archétypes de voix et de violes. Concert exceptionnel, allégoriquement, mais pas seulement, intitulé « De la Iberia antigua … al nuevo mundo ». Apparition irréelle de Figueras, en sibylle du chant (José Marin, Henry Du Bailly accompagné en cordes pincées), Rolf Lislevand dans de labyrinthiques improvisations (Ortiz, Santiago de Murica), des tutti merveilleux (Pedro Guerrero, Mateo Flecha, Gaspar Fernandez, Torrejon y Velasco, Juan Gutierrez de Padilla, Frei Filipe da Madre de Deus) un très émouvant hommage à la grande violiste Eunice Brandao, qui vient de mourir très jeune (Ritual formulario : Hanacpachap Cussicuinin, de Juan Perez Bocanegra).
Heureusement que Rolf Lislevand, qui habite à Vérone, ne joue pas sous les balcons de sa ville. La population féminine dépérirait. Grande virtuosité, nuances, dextérité des frottés, pincés, frappés et tambourinés de la guitare baroque. Très sensible aux formes improvisées et au tempérament ibérique (Arpeggiata, Canarios, Fandango, Tarantelas, Jacaras de Santiago de Murcia, Antonio de Santa Cruz, Gaspar Sane), il est également à l’aise dans Robert de Visée, où l’essence même du théorbe rejoint l’esprit de la méditation.
Pour finir, Philippe Foulon présentait la reconstitution d’un instrument du XVIIIe siècle, dont on a une trace dans un texte de Michel Corrette. Cinq transformations de l’ancienne viole pour en faire un instrument au goût du jour : cordier, chevalet, sillet, archet, et cordes (en laiton). L’accord, en quinte, est celui du violoncelle piccolo. Sept cordes avec les deux chanterelles à l’unisson. Plus sonore que la viole, avec un fort sentiment de spatialité, on a pu en apprécier particulièrement la sonorité dans la sonate en la mineur et le concerto le Phénix pour quatre basses de Corrette. Plusieurs autres œuvres accompagnaient cette reconstitution, notamment une très belle messe « Jucunda causam meam, Domine » de Claude Hermant de St-Benoist (1723-1802), maître de chapelle à Vannes, et un important motet « Usquequo, Domine », en première mondiale, de Brisson, maître de musique à Moissac, fort bien exécuté par le Lachrimae Consort, orchestre et choeur.



Frédéric Gabriel

 

 

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