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Les adieux d’Eurydice

Paris
Palais Garnier
03/24/2018 -  et 26, 27, 28, 30, 31 mars, 1er, 2, 3, 5, 6 avril 2018
Christoph Willibald Gluck : Orphée et Eurydice
Pina Bausch (chorégraphie et mise en scène),
Maria Riccarda Wesseling*/Agata Schmidt (Orphée), Yun Jung Choi (Eurydice), Chiara Skerath (Amour), Stéphane Bullion*/Florian Magnenet/Nicolas Paul (Orphée), Marie-Agnès Gillot*/Alice Renavand (Eurydice), Charlotte Ranson/Muriel Zusperreguy* (Amour)
Balthasar-Neumann Ensemble & Chor, Thomas Hengelbrock*/Manlio Benzi (direction musicale)
Rolf Borzik (décors, costumes et lumières)


(© Charles Duprat/Opéra national de Paris)


Reprise d’une des meilleures chorégraphies de Pina Bausch (1940-2009) et adieux à la scène du Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) de la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot.


Marie-Agnès Gillot, atteinte par la limite d’âge de 42 ans, tirera sa révérence au BOP avec une chorégraphie qu’elle a créée au Palais Garnier, la déjà mythique Orphée et Eurydice de Pina Bausch. Cette magnifique danseuse, une des rares étoiles des quinze dernières du BOP à mériter pleinement ce titre qui devrait rester exceptionnel, a été la première dans l’histoire de cette illustre maison à être nommée en dansant un ballet contemporain (Signes de Carolyn Carlson le 18 mars 2004). Elle s’est spécialisée dans ce type d’emploi et ses créations de pièces de Mats Ek (Giselle), Béjart (Boléro), Petit, Preljocaj, Wheeldon resteront des références. Pina Bausch l’avait distinguée en 2005 quand elle a donné cette Orphée et Eurydice au BOP et lui en avait confié la création parisienne. C’est, après Boléro de Béjart le mois dernier, qu’elle dira adieu à la compagnie dans ce rôle d’Eurydice le 31 mars.


L’opéra dansé Orphée et Eurydice de Gluck et Calzabigi (version traduite en allemand) que reprend le BOP est un spectacle d’une beauté formelle un peu froide que la chorégraphe allemande avait monté en 1975, peu après son arrivée à la tête du Ballet de l’Opéra de Wuppertal, et remonté pour Paris en 2005. Il ne s’agissait pas d’une de ces créations que la grande dame de la danse contemporaine allemande montait alors invariablement chaque année pour un public conquis d’avance au Théâtre de la Ville, mais bien, après son Sacre du printemps en 1997, de l’entrée au répertoire d’un de ses classiques du temps où Wuppertal avait encore un opéra pour lequel elle réglait aussi des opéras dansés. Des chanteurs doublent sur scène chaque danseur, dans la fosse – luxe suprême – un orchestre baroque et un chœur, jouent la partition. Orphée de Gluck a connu, comme tous les opéras itinérants au XVIIIe siècle, bien des avatars. Celui retenu pour cette réalisation est une version très hybride: la version dite «Berlioz» réalisée pour Paris en 1859, en quatre actes et pour une voix féminine d’alto pour le rôle d’Orphée. Mais dans la traduction en allemand du texte (sans surtitrage), qui sied si mal à une partition aussi mélodieusement italienne, on peut véritablement parler d’une autre version, Orpheus und Eurydike en quelque sorte! Dans la fosse, l’Ensemble et le Chœur Balthasar-Neumann, sous la direction énergique de Thomas Hengelbrock, s’en acquittent avec beaucoup plus de souplesse que lors des précédentes reprises de ce ballet et le chœur atteint à de grandes beautés sonores.


Le rituel scénique, au début, est un peu compliqué, surtout dans le premier des quatre tableaux (Deuil, Violence, Paix et Mort), mais pour le dernier, le rite est aussi sacré que pour son Sacre du printemps. Des pauses sensiblement longues entre ces parties, pour un changement de décors (Rolf Borzik) dans l’ensemble assez vilains et qui n’apportent aucune surprise, et un long entracte cassent terriblement le rythme du spectacle, d’autant qu’il s’arrête abruptement, la chorégraphe ayant décidé la suppression pure et simple de la fin de l’opéra. Eurydice meurt d’avoir été regardée par Orphée, sans qu’aucune rédemption finale ne leur soit offerte: une fin funestement virgilienne. Stéphane Bullion et Marie-Agnès Gillot dansent superbement les rôles-titres. Le premier, presque nu, se tire avec grâce d’une chorégraphie compliquée et épuisante. Il est magnifiquement doublé par l’excellent alto helvético-néerlandais Maria Riccarda Wesseling. Gillot, vêtue de carmin, est la grâce même en Eurydice, elle aussi très finement doublée par le soprano coréen Yun Jung Choi. Muriel Zusperreguy a beaucoup mûri son rôle d’Amour, dans lequel elle est doublée par le soprano belgo-suisse Chiara Skerath. Magnifiques aussi sont les danseurs du corps de ballet qui dansent Furies et Cerbères. Un DVD au livret superbement illustré, enregistré en 2008 avec la distribution de l’époque (Yann Bridard, Marie-Agnès Gillot et Miteki Kudo), a été édité par Bel Air Classiques.


Le samedi 31 mars 2018 à 19 heures 30 au Palais Garnier, la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot fera ses adieux officiels à la scène de l’Opéra national de Paris dans Orphée et Eurydice de Pina Bausch, pièce dans laquelle elle interprètera le rôle d’Eurydice aux côtés de Stéphane Bullion (Orphée). Le dimanche 25 mars 2018, sera diffusé sur France 5 Marie-Agnès Gillot, l’art du grand écart, documentaire de 53 minutes réalisé par Anne-Solen Douguet et Damien Cabrespines, produit par TANGARO et coproduit par l’Opéra national de Paris.



Olivier Brunel

 

 

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