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Magie du chant

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/14/2018 -  et 16, 18, 20 mars 2018
Georg Friedrich Händel: Alcina, HWV 34
Cecilia Bartoli (Alcina), Philippe Jaroussky (Ruggiero), Julie Fuchs/Emöke Baráth (Morgana), Varduhi Abrahamyan (Bradamante), Fabio Trümpy (Oronte), Krzysztof Bączyk (Melisso), Barbara Goodman (Cupido)
Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Ursula Renzenbrink (costumes), Bernd Purkrabek (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Kathrin Brunner (dramaturgie)


(© Vincent Pontet)


Alcina de Haendel dans une mise en scène de Christof Loy venue de Zurich triomphe au Théâtre des Champs-Elysées avec deux grands noms de l’opéra habitués de cette scène parisienne, Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky.


Ce qui aurait pu paraître un retour de routine aura été une véritable surprise. Cecilia Bartoli revient à Paris pour son rendez-vous annuel dans un rôle qui lui convient aussi bien que celui de Cenerentola à ses débuts. Sa maturité artistique trouve en Alcina un personnage parfaitement adapté à ses moyens vocaux et à sa technique actuels qui ont évolué vers moins de percussion dans la virtuosité avec pour corollaire plus d’humanité dans l’interprétation, même si tout reste soumis au contrôle maniaque qui est sa marque de fabrique. Ainsi, au I, dans «Di, cor moi», lamento dans lequel elle expose sa vulnérabilité en avouant son amour, elle suspend le temps et livre dix minutes d’un chant pur, dénué d’effets et totalement crédible. Son personnage évolue bien tout au long de la soirée et il faut être bien difficile pour lui reprocher de ne plus avoir la très grande virtuosité pour enlever le morceau de résistance du II, «Ombre pallide», comme elle l’aurait fait il y a encore dix ans avec la pure technique artificielle qui caractérisait son chant.


L’autre star de la soirée, le contre-ténor Philippe Jaroussky, nous paraît aussi avoir subi une métamorphose. Sa voix n’a certes pas pris de volume (comme pour Bartoli la projection est juste suffisante pour le TCE) mais a gagné en assurance dans un rôle où il n’était pas à son aise en 2015 à Aix-en-Provence. Mais surtout, pour la première fois, il évolue sur scène en comédien sans les raideurs qu’on lui a souvent reprochées et offre même au III un numéro dansé comique qui lui vaut un beau succès. Si style et phrasés sont toujours impeccables, la crédibilité de son personnage est un peu affaiblie au I, qui le voit affublé d’une jupette ridicule, et au III, où il est assez peu crédible dans un personnage aussi martial que Ruggiero devenu général.


Le reste de la distribution est à la hauteur avec une excellente Varduhi Abrahamyan, qui donne avec un timbre chaleureux au personnage de Bradamante toute sa complexité dramatique, la basse polonaise Krzysztof Bączyk conférant un vrai relief à Melisso. Le soir de la première Julie Fuchs mimait son rôle de Morgana sur scène tandis qu’elle était doublée dans la fosse avec un énorme mérite par le soprano hongrois Emöke Baráth, accourue à son secours.


Emmanuelle Haïm dirigeait avec plus de souplesse qu’à l’accoutumée (et que dans sa précédente incartade haendélienne, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno à Aix il y a deux ans), et beaucoup plus maîtresse de tempi souples et adaptés, à la tête d’un Concert d’Astrée aux sonorités charmeuses.


Le metteur en scène allemand Christof Loy donnait à Zürich en 2014 sa troisième version d’Alcina. Doit-on en conclure qu’il a suffisamment intégré la complexité de cette intrigue pour se dispenser de la rendre intelligible au spectateur qui la découvre? Car, malgré une direction d’acteurs très soignée, son travail qui mélange styles et costumes et fait place à une chorégraphie honteuse de ridicule, transpose l’action et les sentiments dans le monde du théâtre et n’offre pas une grande lisibilité. Affaire de goût? Probablement, le nôtre allant toujours dans le sens de la fidélité aux intentions des créateurs.



Olivier Brunel

 

 

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