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Aimez-vous Schumann ?

Paris
Philharmonie
03/13/2018 -  et 15 mars 2018 (London)
Robert Schumann : Ouverture, Scherzo et Finale en mi majeur, opus 52 – Concerto pour violon en ré mineur – Symphonie n° 4 en ré mineur, opus 120 (version originale de 1841)
Isabelle Faust (violon)
London Symphony Orchestra, John Eliot Gardiner (direction)


J. E. Gardiner (© Sim Canetty-Clarke)


Si l’on aime les imprévus, voilà le concert où il fallait être! Originellement, Maria João Pires devait en effet donner le Concerto pour piano de Schumann aux côtés de l’Orchestre symphonique de Londres (LSO), sous la baguette de John Eliot Gardiner; celle-ci ayant décidé d’arrêter sa carrière à compter du 1er janvier 2018 (elle a effectué sa dernière apparition comme concertiste le 21 décembre dernier sous la baguette de Bernard Haitink, à Zurich, avec le Vingt-septième Concerto de Mozart), elle fut remplacée par Piotr Anderszewski. Or celui-ci, alors qu’il participait à la tournée européenne du LSO et donnait le Vingt-cinquième Concerto du même Mozart, est tombé malade. D’où son remplacement in extremis par Isabelle Faust, qui a donné le Concerto pour violon mais de... Schumann cette fois-ci. Au passage, le concert (et non la seconde partie comme initialement prévu) commença par la page orchestrale Ouverture, Scherzo et Finale et ne comportait plus l’Ouverture de Genoveva qui devait pourtant débuter le programme Bref, comme le dit Gardiner au micro à l’adresse du public, dans un français impeccable, Schumann, encore Schumann et toujours Schumann!


John Eliot Gardiner a enregistré pour Archiv Produktion un magnifique cycle consacré au compositeur allemand, comprenant également Le Paradis et la Péri. Familier du répertoire de cette époque – rappelons le récent cycle Mendelssohn qu’il vient d’enregistrer sous la baguette de Gardiner (voir ici et ici) –, le London Symphony Orchestra impressionne d’emblée par sa très grande clarté. L’Ouverture bénéficie de belles couleurs, tout en subtilités, les timbales de John Chimes claquant avec toute la verve requise. Après un Scherzo d’une grande nervosité (dans le meilleur sens du terme), Gardiner enlève un Finale des plus conquérants, avec des tutti d’une splendeur jubilatoire.


Mais la véritable vedette de ce concert fut Isabelle Faust. Acclamée dès son arrivée sur scène par le public et le chef, tous conscients du beau «dépannage» qu’on lui devait, elle offrit une magnifique interprétation du Concerto pour violon, œuvre concertante relativement peu connue même si l’on a pu l’entendre à plusieurs reprises ces dernières années (sous les archets, par exemple, de Thomas Zehetmair ou Gidon Kremer). John Eliot Gardiner empoigne le premier mouvement avec une vision résolument orchestrale, l’ostinato des seconds violons et des altos imposant d’emblée la sourde noirceur de la tonalité de mineur. Face à cette masse imposante, le violon d’Isabelle Faust joue sur les contrastes et sur la finesse: conquérant lui aussi dans ses attaques, il ajoute à l’ensemble un éventail de couleurs mordorées que facilite une partition dont les difficultés techniques ne sont pas aussi évidentes que dans bien d’autres concertos du répertoire. Le bref deuxième mouvement s’enchaîne immédiatement avec le troisième, Lebhaft, doch nicht schnell, qui fut le couronnement de cette première partie. Isabelle Faust ne joue pas: elle badine avec l’orchestre avec grâce, son jeu d’une grande simplicité donnant lieu à de superbes effets là encore grâce à une grande clarté et une finesse dans des aigus de toute beauté. Les échanges avec l’orchestre (notamment avec les bois) sont excellents et le résultat, dont il faut encore une fois souligner les conditions acrobatiques, emporte l’adhésion d’une salle conquise par une musicienne hors pair.


La seconde partie du concert restait dans la tonalité de mineur avec la Quatrième Symphonie mais dans la version originelle de 1841 et non dans celle, habituellement donnée, de 1851. Si les deux mouvements centraux ne sont pas touchés, les modifications sont en revanche assez évidentes dans les premier (surtout) et quatrième mouvements. John Eliot Gardiner conduit le LSO avec un élan qui ne les quittera pas jusqu’à la dernière note. Si l’Allegro di molto (première version oblige) ne possède pas la noirceur à laquelle on est habitué, le chef anglais impose là aussi une clarté et un entrain que suivent sans coup férir les musiciens de l’orchestre. Si, de fait, le contraste avec le poétique deuxième mouvement (où le violon solo de Carmine Lauri ne fut pas toujours des plus audibles) possédait des couleurs moins printanières que prévu, la réussite fut en revanche totale dans un Scherzo implacable, avançant sans cesse: superbe moment! De même, le quatrième mouvement fut fantastique, pris à belle allure, Gardiner ne cessant jamais de maintenir la tension jusqu’au fugato conclusif qui a soulevé l’enthousiasme général.


Le bis (le deuxième mouvement de la Deuxième Symphonie), mené tambour battant, laisse augurer un formidable cycle discographique à venir: tenez-vous prêts!


Le site du Chœur Monteverdi Choir, des Solistes baroques anglais et de John Eliot Gardiner
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Sébastien Gauthier

 

 

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