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Excès en tous genres

Vienna
Konzerthaus
03/10/2018 -  et 11* mars 2018
Joseph Haydn: Quatuor n° 34 «Alla Zingarese», opus 20 n° 4
György Ligeti: Quatuor n° 1 «Métamorphoses nocturnes»
Antonín Dvorák : Quatuor n° 12 «Americký», opus 96, B. 179

Quatuor Belcea: Corina Belcea, Axel Schacher (violon), (alto), Antoine Lederlin (violoncelle)


C. Belcea, A. Lederlin, K. Chorzelski, A. Schacher
(© Marco Borggreve)



On ne peut qu’admirer l’aisance dominatrice du Quatuor Belcea, qui délivre en concert des performances d’une rare perfection instrumentale. Tout semble facile, brillant – les contrastes sont gigantesques, chaque tournure de phrase est sculptée dans la profondeur du bois des instruments, et la surabondance des détails interprétatifs n’empêche nullement les musiciens de maintenir chacun un espace acoustique confortable. Il y a aussi quelque chose de terriblement polarisant dans leur vision, capable de nous fait transiter à tout moment de l’émerveillement vers l’agacement.


Emerveillement sans aucun doute dans Métamorphoses nocturnes de Ligeti, où les variations thématiques sont organiquement liées à travers les dix-sept sections en dépit de leur élastique liberté. Enthousiasme décuplé dans le bis, le mouvement «O Albion» extrait du quatuor Arcadiana de Thomas Adès, véritable vitrine de démonstration de l’homogénéité du groupe.


Agacement en revanche dans le quatuor de Haydn, où leurs excès morcèlent une partition déjà intrinsèquement aventureuse. Ceux qui considèrent les Quatuors opus 20 comme un sommet de l’exubérance baroque seront satisfaits; les autres verront l’adoption des archets classiques comme un gimmick qui cherche à prouver que ce quatuor peut jouer dans tous les styles. Certes, la réalisation reste remarquable, toute en textures délicates et demi-teintes contemplatives; mais n’assiste-t-on pas plus à une performance qu’à une interprétation?


La pièce de Dvorák évolue entre ces deux extrêmes: lorsque le continuum rythmique tient les musiciens, ainsi que dans le second mouvement, on est touché au cœur. Mais parfois les portamenti redeviennent trop intenses, de grands coups de frein annoncent les modulations avec insistance – et l’exaspération revient.


Les qualités instrumentales du Quatuor Belcea font sans aucun doute l’unanimité; leur vision des œuvres du XXe siècle rassemble vraisemblablement la majorité des auditeurs – quant au reste, gageons qu’ils ne laisseront aucun auditeur indifférent.



Dimitri Finker

 

 

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