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Aïda, vingt ans après

Madrid
Teatro Real
03/07/2018 -  et 8, 9, 10, 11*, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25 mars 2018
Giuseppe Verdi: Aida
Csilla Boross/Ana Lucrecia García/Liudmyla Monastyrska/Anna Pirozzi*/Marina Prudenskaya/Violeta Urmana (Aïda), Alfred Kim*/Gregory Kunde/Fabio Sartori (Radamès), Daniela Barcellona/Ekaterina Semenchuk*/Marina Prudenskaya/Violeta Urmana (Amneris), Rafal Siwek*/Roberto Tagliavini (Ramfis), George Gagnidze/Angel Odena/Gabriele Viviani* (Amonasro), Soloman Howard (Le Roi d’Egypte), Sandra Pastrana (La Grande Prêtresse), Fabián Lara (Un messager)
Coro titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Nicola Luisotti (direction musicale)
Hugo de Ana (mise en scène, décors, costumes), Vinicio Cheli (lumières), Leda Lojodice (chorégraphie), Sergio Metalli (vidéo)


(© Javier del Real/Teatro Real)


Trois distributions pour Aïda, dans la mise en scène de Hugo de Ana déjà présentée il y a vingt ans au Teatro Real. Et les voix, spécialement celles des femmes, n’ont reçu que des éloges. On a vu la deuxième distribution, avec les voix pour ainsi dire insurpassables d’Anna Pirozzi et d’Ekaterina Semenchuk, mais Alfred Kim a été aussi un formidable Radamès. La voix charnue, riche dans le médium et à son meilleur dans le grave, de la mezzo russe Ekaterina Semenchuk; la voix lyrique aux filati singulièrement beaux de la soprano napolitaine Anna Pirozzi; le lyrisme de bon aloi, le timbre clair, la vigoureuse émission du ténor coréen Alfred Kim: tout cela donne un trio de premiers rôles d’un grand niveau. Gabriele Viviani a une très belle et résistante voix de basse, même s’il en joue avec un goût «vériste» parfois douteux. Rafal Siwek, beau médium mais en difficulté dans le grave, incarne un noble Ramfis. Soloman Howard a une image frappante, plus frappante que sa voix: pour lui, le registre grave est encore plus problématique que pour Siwek.


C’est un lieu commun que de dire que l’intimisme de cet opéra est supérieur aux moments grand opéra – et Luisotti a insisté, dans ses déclarations, sur ce point – mais c’est aussi légitime pour les grands opéras de Meyerbeer: les danses, la marche triomphale... Que peut-on faire de la marche, des danses? dit-on très souvent à propos des opéras de l’époque. Que fait-on des danses des esclaves de Khovantchina, dramatiquement absurdes? (Tcherniakov l’a très bien compris, à mon avis). Que peut-on faire de la Marche triomphale d’Aïda, une concession avérée au corps de ballet (concession ou partie du contrat?), le mouvement des masses, le spectaculaire peu porteur de sens dramatique. Mais les duos et les trios sont vraiment beaux, quoique inséparables de l’étoffe générale, une histoire comme le siècle les aimait, encore un lieu commun: les amoureux de deux camps guerriers ou idéologiques ennemis. Mais la pression sur les protagonistes est particulièrement cruelle dans Aïda. Au-delà, pourrait-on dire, du drame de Norma.


La reprise modifie un peu (dans la mesure où nous nous en souvenons) l’approche d’il y a vingt ans et fait un usage plus étendu des images projetées et de la vidéo. Les symboles sont répartis un peu partout: la projection des inévitables pyramides comme centre, source ou image écrasante du pouvoir, les bandes comme liens forts ou flous, le désert (aussi inévitable): ne pourrait-on pas éviter ce côté touristique de cette Egypte verdienne, même si l’on dissimule tout cela sous les symboles? Le kitsch est peu déguisé, mais il demeure. Insurpassable, le kitsch dans un opéra comme celui-ci. On n’insistera pas, tous les amoureux de l’opéra connaissent la contradiction ou les goûts mélangés d’Aïda.


Heureusement, le maestro Luisotti a réalisé un accompagnement d’une qualité parfois touchante (la beauté lyrique du duo/trio final est indéniable). Cela va sans dire: les meilleurs moments ont été les plus lointains des danses, des tableaux à la Cecil B. DeMille, ceux où l’implication et la complicité des voix des premiers rôles avec la fosse ont rendu les moments musicaux plus intenses et lyriques.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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