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Le cœur chantant

Paris
Chaillot - Théâtre national de la danse
03/08/2018 -  et 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16 mars 2018
The Propelled Heart
Alonzo King (chorégraphie), JC Maillard, Lisa Fischer (arrangements musicaux)
Lisa Fischer (chant), Alonzo King LINES Ballet
Axel Morgenthaler (lumières), Robert Rosenwasser (costumes)


(© Queen B Wharton)


Chaque année, le Théâtre national de la danse - Chaillot organise une soirée de gala, le Manège de Chaillot, pour inviter les entreprises mécènes qui s’engagent aux côtés de Didier Deschamps, directeur de ce théâtre, afin de soutenir un certain nombre de spectacles chorégraphiques ou aider à la restauration de ce vaste édifice. Cette année la salle Gémier a ainsi pu être entièrement refaite aux normes technologiques les plus à jour de la modernité. Pour sa cinquième édition, ce gala a accueilli une compagnie américaine, l’Alonzo King Lines Ballet, qui présentait pour la première fois un spectacle créé en 2015 à San Francisco, où elle est basée, The Propelled Heart, qui a déjà été dansé dans plusieurs pays du monde.


Ce spectacle a la particularité d’avoir pour substrat musical la voix de Lisa Fischer, soliste bien connue pour avoir participé comme choriste sur scène aux spectacles de Mick Jagger, Aretha Franklin, Tina Turner, Beyoncé et Sting et ayant pour ses albums de soliste gagné deux Grammy Awards, qui chantait sur une musique enregistrée de J C Maillard. C’était l’atout principal de ce spectacle car sans elle, la chorégraphie d’Alonzo King, un ancien de la compagnie Alvin Ailey Dance Theater puis de l’American Ballet Theater, aurait un intérêt plutôt moyen.


Il n’est pas toujours facile de se maintenir dans une chorégraphie au niveau de la prétention littéraire que l’on invoque. Surtout s’agissant d’un sujet aussi ésotérique que les écrits de Sri Yukteswar, le gourou de Paramahansa Yogananda, qui décrit dans sa «Science Sacrée» les différents états de l’évolution du cœur. The Propelled Heart (Le Cœur animé) propose une série de tableaux sans continuité réelle, avec le handicap de l’entracte qui déconcentre toujours le spectateur et dont l’inutilité dans une pièce qui dépasse à peine une heure est flagrante. La première partie est très inspirée de jazz dance et de Forsythe et, quelle que soit la très réelle virtuosité des superbes danseurs de cette compagnie, personne n’est Forsythe qui veut... La seconde décline des postures de yoga, un procédé devenu de mode mais qui fait long feu très rapidement. Quelques beaux duos émaillent l’ensemble mais on reste sur une sensation de vide de l’inspiration chorégraphique.


Presque toujours en scène, Lisa Fischer fait de son mieux pour allumer le feu intérieur des danseurs. De gospel en hymne aux droits civiques et aux standards du jazz (Duke Ellington...), avec une présence majestueuse et un vrai geste chorégraphique personnel, elle anime la soirée d’une voix surtout brillante dans les aigus, au volume puissant et se jouant à merveille des pièges de la musique électronique enregistrée et des phénomènes d’écho et de vibration qui lui sont imposés par l’usage de deux microphones qu’elle utilise alternativement.



Olivier Brunel

 

 

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