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Un talent à confirmer

Tournai
Conservatoire
03/03/2018 -  
Joseph Jongen: Quatuor n° 2, opus 50
Clint Mansell: Requiem for a Dream
Philip Glass: Quatuor n° 3 «Mishima»

Quatuor Akhtamar: Coline Alecian, Jennifer Pio (violon), Ondine Simon (alto), Astrid Wauters (violoncelle)


Le Quatuor Akhtamar (© Nicolas Draps)


La seizième édition des Voix intimes, festival du quatuor à cordes de Tournai, se poursuit, ce samedi, au Conservatoire, avec le Quatuor Akhtamar. Formé au Conservatoire royal de Bruxelles, bâtiment fort délabré, comme le rappellent pertinemment les notes du programme et le directeur artistique, Dominique Huybrechts, ce jeune ensemble a bénéficié des conseils de quatuors illustres – Debussy, Danel, Artemis et Kronos, entre autres.


Le programme de leur concert se déroulant d’une traite débute avec le beau Deuxième Quatuor (1916) de Jongen. Juste sur le plan expressif, la prestation atteste de réelles capacités. Rigoureuse et structurée, l’interprétation repose sur des échanges éloquents et soutenus, mais le jeu manque de plénitude. Les musiciennes adoptent, en effet, une attitude un peu trop compassée, ce qui se traduit dans la sonorité, souvent fruste et instable. Coline Alecian, Jennifer Pio, Ondine Simon et Astrid Wauters restituent toutefois la finesse de l’écriture du compositeur avec suffisamment de clarté. Si leur interprétation n’a pas tout à fait l’ampleur et la profondeur attendues, elles jouent avec une conscience et une sincérité appréciées. Cette formation semble encore se chercher, mais elle pourrait monter en puissance et gagner en charme et en précision si les organisateurs de concert en Belgique et à l’étranger lui donnaient davantage l’occasion de se produire.


Le reste du programme s’inscrit dans le cadre de la thématique de cette édition, le rapport entre le quatuor et le cinéma. Le Quatuor Akhtamar joue d’abord un extrait de la bande originale de Requiem for a Dream (2000) de Darren Aronofsky, composée par Clint Mansell (né en 1963), qui raconte la descente aux enfers de jeunes ravagés par la drogue. Le style de cette musique baignant dans un climat sombre se rapproche par sa tonalité et sa rythmique de celui de Philip Glass. Le compositeur américain a justement conçu la musique de Mishima (1985) de Paul Schrader, narration du destin de l’écrivain japonais (1925-1970) qui se donna la mort par seppuku. La formation en joue sept extraits d’inégale longueur en parvenant à susciter un certain envoûtement. La valeur de cette musique en l’absence du film paraît peu évidente, mais ces pièces confirment notre impression plutôt favorable sur le Quatuor Akhtamar.


Le concert se termine avec une miniature de Komitas qui révèle des musiciennes plus libérées, ce bis expliquant aussi le nom de leur formation, emprunté à une légende arménienne. Le prochain, et dernier, concert de cette édition se tiendra le 24 mars, au Centre de la Tapisserie. Le Quatuor Musiques Nouvelles prépare un programme d’œuvres d’Arvo Pärt, Pēteris Vasks et Jean-Paul Dessy.


Le site du Quatuor Akhtamar



Sébastien Foucart

 

 

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