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Indépendance catalane

Vienna
Konzerthaus
02/16/2018 -  et 17*, 18*, 23*, 24*, 25* février 2018
16 février – et 20 janvier (Paris), 16 (Hamburg), 17 (Bonndorf im Schwarzwald), 24 (London), 25 (Girona) mars, 9 (Torino), 29 (Barcelona) mai, 14 juin (Madrid) 2018
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 1, opus 18 n° 1, et n° 8, opus 59 n° 2 – Sonate pour piano n° 9, opus 14 n° 1 (transcription pour quatuor)
Aureliano Cattaneo: Neben



17 février – et 4 (Berlin), 8 (Torino), 30 (Barcelona), 31 (Madrid) mai, 4 juin (London) 2018
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 5, opus 18 n° 5, n° 10 «Les Harpes», opus 74, et n° 12, opus 127
Lucio Amanti: Quatuor “ReSolUtIo”



18 février – et 14 novembre (Torino), 12 décembre (London) 2017, 19 février (Maribor), 22 (Leipzig), 26 (Perpignan) avril, 12 juin (Madrid) 2018
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 2, opus 18 n° 1, n° 3, opus 18 n° 3, et n° 7, opus 59 n° 1
Giovanni Sollima: Quatuor B267



23 février
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 11 «Quartetto serioso, opus 95, et n° 13, opus 130
Francisco Coll: Cantos (after Hyperlude V) (version pour quatuor)



24 février – et 11 septembre (London), 5 (Barcelona), 9 (Bochum), 10 (Berlin), 11 (Bonn) octobre, 13 (Vicenza), 15 (Torino) novembre 2017, 30 janvier (Den Haag), 19 juin (Madrid) 2018
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 6, opus 18 n° 6, n° 15, opus 132, et n° 16, opus 135
Matan Porat: Quartet «Otzma»



25 février – et 4 (London), 12 (Heilbronn) octobre 2017, 21 (Odenthal), 25 (Berlin) janvier, 27 février (Luxembourg), 25 mai (Barcelona), 21 juin (Madrid), 4 décembre (Torino) 2018
Ludwig van Beethoven: Quatuors n° 4, opus 18 n° 4, n° 9, opus 59 n° 3, et n° 14, opus 131
Maurizio Sotelo: Quatuor n° 4 Quasals vB-131


Quatuor Casals: Vera Martínez, Abel Tomàs (violons), Jonathan Brown (alto), Arnau Tomàs (violoncelle)



Le Quatuor Casals (© Igor Studio)


Un marathon beethovénien: ainsi décrivent les musiciens ce cycle ambitieux, enchaînant non seulement les seize Quatuors en six soirées, mais aussi un dix-septième quatuor (de fait la Neuvième Sonate pour piano, transcrite de la plume du compositeur), et six pièces de commande d’artistes contemporains.


Le Quatuor Casals a sans aucun doute réussi à trouver une place particulière dans le vaste univers des quatuors de Beethoven: sa vision personnelle, profondément libre, servie par une clarté des lignes et une cohésion construite sur vingt ans de travail méticuleux, parvient à susciter l’émotion de la découverte et à révéler des structures inédites enfouies au sein de ces œuvres éternellement modernes.


L’articulation tout d’abord: «il y a dix ans, nous avons essayé de jouer avec des archets de transition, et cela a radicalement changé notre approche» explique Arnau Tomàs, le violoncelliste. «Dans Beethoven, nous utilisons simultanément différents type d’archets, de transition et modernes, selon nos sensations personnelles». L’altiste Jonathan Brown poursuit: «A l’époque de Beethoven, c’était compliqué, certains villes ou ensembles musicaux adoptant différents types d’archets au même moment. Il est possible qu’à Vienne la résistance aux archets modernes ait été plus forte – car ils provenaient de France!». De fait la signature acoustique du quatuor est à la fois unique et changeante: des cordes métal, une agogique souvent inspirée des instruments historiques, mais s’aventurant dans les phrasés du romantisme naissant. De manière peut-être inattendue, ce sont les derniers quatuors qui bénéficient le plus de ces archets: la Grande Fugue, jouée en final du Treizième Quatuor, semble subitement plus grandiose que terrible. On gagne en subtilité et en lisibilité, perdant en brutalité et enrichissant les sforzandos d’une texture qui resterait sinon noyée dans une mer de fortissimos.


L’équilibre aussi: il est rare d’entendre un premier violon aussi fondu dans un quatuor – quel premier violon d’ailleurs? Car les violonistes échangent leurs places avec régularité. «C’est une décision qui remonte à 2002» explique Vera Martínez: «Abel [Tomàs] couvre la période classique – et moi, tout ce qui suit. L’idée est de donner deux identités sonores complétement distinctes pour des périodes différentes». Dans une intégrale Beethoven, où l’inversion des violons rentre en jeu à la fin de l’Opus 18, les différences sont bien entendu plus fugaces car la transition au sein d’une intégrale est progressive. Mais l’impact sur la balance est évident, un poids inhabituel étant donné aux voix intérieures. Abel Tomàs surenchérit: «Nous recherchons beaucoup la clarté, afin de faire entendre la construction de chaque voix, sans déranger l’ensemble. Il y beaucoup d’enregistrements des quatuors de Beethoven dans lesquels la balance me paraît choquante: dans notre quatuor ce serait tout simplement inacceptable.» On découvre ainsi une abondance d’harmonies inédites, et les échanges entre instruments construisent des mélodies que les broderies du premier violon dissimulent d’habitude malheureusement trop souvent.


Les tempi sont souvent extrêmes: les mouvements rapides, joués à proximité des indications métronomiques du compositeur, exposent à cette vitesse la métastructure de la partition et produisent des effets insoupçonnés. Le thème russe du Huitième Quatuor prend en fin de compte une allure dansante, dénuée de toute pesanteur – et le final qui suit annonce déjà Mendelssohn. Malgré la vitesse, les musiciens savent ménager les moments de respiration, et s’autorisent de fréquentes digressions pour mieux sculpter les phrasés.


Les Casals sont peut-être les plus inspirés dans les moments de transition, lorsqu’ils donnent la sensation de construire la musique ou de la laisser s’évaporer en la produisant; de même dans les variations, qu’ils savent caractériser et animer d’une inventivité sans borne – d’ailleurs chaque reprise ordinaire est une surprise en soi. S’ils ont étudié avec les membres du Quatuor Alban Berg – dont l’ex-primarius Günter Pichler était dans le public –, la vision artistique du Quatuor Hagen les fascine. «Nous avions dès le départ des positions extrêmement radicales, et la liberté des Hagen était comme une inspiration pour nous» commence Vera. «A nos débuts, nous restions plus attentifs au contrôle durant les concerts car il fallait construire notre instrument» poursuit Abel. «Aujourd’hui, nous avons une garantie – et nous pouvons nous permettre plus de liberté.»


Cette indépendance artistique associée à une organisation de fer – «Nous organisons les répétitions avec un chronomètre – chacun à tour de rôle a le droit d’exprimer ses opinions et de tenter de convaincre les autres» m’apprennent-ils – leur permet aujourd’hui de d’exprimer leurs individualités sans perdre la cohérence du groupe.


Des regrets, tout de même? A peine... Il est sûrement impossible de tenir un tel programme sans faiblesses, et aucun interprète ne doit espérer exceller dans l’intégralité de ce corpus: de fait, les moments où la justesse devient plus tendue, où les phrasés sont taillés avec trop d’outrance gâtent rarement le plaisir. L’enregistrement de l’intégrale par le Quatuor Casals est désormais lancée, la publication des coffrets devant s’étaler jusqu’à l’année 2020: il est permis d’espérer à un nouveau jalon discographique. L’onde de choc qu’Harnoncourt avait lancée dans les Symphonies se propagera-t-elle dans les Quatuors?


Le site du Quatuor Casals



Dimitri Finker

 

 

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