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Luxueux et confortable

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Musikverein
02/17/2018 -  et 18* (Wien), 25 (New York) février, 2 mars (México) 2018
Charles Ives: Symphonie n° 2
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Symphonie n° 4, opus 36

Wiener Philharmoniker, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Nohely Oliveros)


A 37 ans, Gustavo Dudamel fait preuve d’une maturité absolument étonnante: on a rarement entendu le Philharmonique de Vienne sonner de manière aussi impeccable et disciplinée. Mais justement, n’est-il pas trop tôt pour laisser les flammes de la jeunesse au vestiaire? Les embrasements rythmiques de l’ex-jeune prodige se retrouvent désormais dans un sens inoxydable de la pulsation qui parvient à lier les groupes thématiques les plus hétérogènes, et procure aux musiciens un confort d’exécution audible.


Ainsi, la Deuxième Symphonie d’Ives – un peu hétéroclite et loin d’être un chef-d’œuvre, mais offrant tout de même une excellente occasion pour mettre en valeur les interprètes – se déploie amplement, avançant de manière inébranlable telle une marée ascendante, et enveloppant les auditeurs dans des sonorités fastueuses. Les épisodes s’intègrent avec aisance les uns aux autres, sans crispation, et des tempos millimétrés laissent un espace suffisant pour creuser les textures au sein des pupitres. Prenons l’exemple de la fugue du dernier mouvement qui se développe avec majesté, les timbres des cordes s’enrichissant à l’occasion de saveurs germaniques, tout en prenant garde de ne pas masquer la clarté les entrées des voix. C’est beau, expressif mais d’une narration un peu linéaire et ne brusquant certainement pas l’auditeur dominical, qui se remet à peine du bal de la veille (c’est la saison).


La Quatrième de Tchaïkovski convainc plus: derrière la maîtrise plastique, le thème du fatum paraît au premier abord bien peu terrifiant – mais l’inquiétude s’immisce de manière progressive et subtile dans l’œuvre, plus souvent par le biais du tempo (implacable dans la valse, ou qui s’emballe brutalement au détour d’une phrase) que par celui des timbres, inévitablement merveilleux. Le deuxième mouvement trace une immense arche mélodique, qui respire avec naturel grâce à l’étagement des dynamiques et des articulations des voix intermédiaires. C’est avec le scherzo que se lance véritablement un début de transe rythmique qui ne s’interrompra plus: les pizzicati sont étonnamment dansants et expressifs, mettant en avant les couleurs folkloriques de la partition. Dudamel s’offre au passage une magistrale leçon de non-direction, laissant l’orchestre gérer et indiquant au cas par cas les inflexions macroscopiques des instrumentistes. Le mouvement final y ajoute même une touche de sauvagerie aimable.


La qualité des attaques, des timbres inhabituellement opulents, la perfection formelle bonifiée par une certaine décontraction – tout laisse penser que le courant passe bien entre les musiciens et Gustavo Dudamel. Prenons le pari qu’il sera amené à devenir l’un des chefs de prédilection de l’orchestre. Mais pour complètement et durablement convaincre le public, il devra savoir pousser les musiciens et non seulement les flatter.



Dimitri Finker

 

 

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