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Le Beethoven incandescent et désincarné de Mikko Franck

Paris
Maison de la radio
01/06/2018 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125
Annette Dasch (soprano), Alisa Kolosova (mezzo), Christian Elsner (ténor), Kwangchul Youn (basse)
Chœur de Radio France, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


M. Franck


Concerts de rentrée à Radio France. Emmanuel Krivine suit le modèle viennois, avec Valses de Strauss et Danses hongroises de Brahms. Mikko Franck, en ces temps troublés, a choisi la Neuvième Symphonie de Beethoven. Non qu’il la dirige comme une grand’messe humanitaire qui ne dit pas son nom : il semble assez peu sensible à la dialectique de l’ombre et de la lumière, à la progression vers le soleil de la joie, à tout ce que nous a légué une certaine tradition allemande. Il vient d’ailleurs et il n’a pas encore quarante ans. L’intéresse beaucoup plus la conduite du discours à travers un éclairage très analytique des lignes, notamment des voix intermédiaires. Si cette lecture est dialectique, ce n’est pas parce qu’elle vise à restituer un message, mais parce qu’elle met un jeu une forme – cela apparaît dès l’Allegro initial, rien moins qu’exalté ou ténébreux, dont la coda n’a plus rien d’apocalyptique. Franck, d’ailleurs, dirige vite : à peine plus d’une heure de musique. Le Scherzo est irrésistiblement pulsé, avec des contrechants jamais laissés dans l’ombre. On se doute que l’Adagio récusera tout pathos, mais donnera à voir l’invention beethovénienne à travers des variations dont la direction restitue la cohérence structurelle. Il révèle malgré tout ce qu’une telle approche peut également avoir de désincarné. Parfois moins hymnique que torrentiel, aussi incandescent que les deux premiers mouvements, le final éblouit par sa maîtrise, celle de la baguette comme celle des musiciens, notamment dans un superbe fugato orchestral. Les voix ne sont pas au diapason. Certes le chœur au grand complet – trop grand même, pour une salle dont l’acoustique a tendance à saturer le son des grands effectifs – a de la vaillance, ne résistant pas si mal à l’accumulation très éprouvante des la aigus – mais les si des sopranos sont faux. Le quatuor, en revanche, peut-être desservi par le placement entre orchestre et chœur, ne s’illustre guère, avec une Annette Dasch instable, une Alisa Kolosova engloutie, un Christian Elsner pâlichon et un Kwangchul Youn grisâtre.



Didier van Moere

 

 

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