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Le Songe de Géronte, enfin!

Paris
Philharmonie
12/21/2017 -  et 22 décembre 2017
Edward Elgar : The Dream of Gerontius, opus 38
Magdalena Kozená (soprano), Andrew Staples (ténor), John Relyea (basse)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


A. Staples


Si Elgar ne s’en était emparé, les vers filandreux du cardinal Newman seraient-ils passés à la postérité ? Le compositeur a en effet réussi un tour de force : faire un chef-d’œuvre de presque une heure trois quarts, où l’on ne s’ennuie jamais, à partir de cette âme humaine qui, au bout de son voyage, se partage entre la peur et l’espérance, résiste aux démons et préfère finalement rester un peu au Purgatoire pour mieux mériter le Paradis. Même s’il écrira ensuite Les Apôtres et Le Royaume, Elgar restera le musicien du Songe de Géronte, créé en 1900 à Birmingham par le wagnérien Hans Richter, qui avait un an auparavant révélé les Variations Enigma – en 1908 ce serait la Première Symphonie. Wagner, évidemment surtout celui de Parsifal, n’est d’ailleurs pas absent de la partition, tissée de leitmotive tout en se tournant volontiers vers les musiques d’un passé beaucoup plus lointain.


Quel grand chef anglais n’a pas, un jour, jeté son dévolu sur Le Songe de Géronte ? Daniel Harding prend aujourd’hui la relève, comme naguère Simon Rattle – dont il fut l’assistant... à Birmingham, capitale de l’oratorio jusqu’à 1912, commanditaire des grandes œuvres chorales d’Elgar. Il évite heureusement le piège du pompiérisme, souvent confondu avec la puissance et associé à des lectures plus « victoriennes », très soucieux de la clarté des plans sonores jusque dans les pages les plus chargées, avec une violence assumée pour des passages comme le chœur des démons. Alors que tout le drame se déroule à l’intérieur de l’âme de Géronte, il tend l’arc du début à la fin, manquant peut-être un peu de ce souffle épique qui traversait jadis les interprétations d’un Barbirolli ou d’un Boult – mais c’est aussi une question de génération, comme pour tout le répertoire classique d’ailleurs. La fin est somptueuse.


Il renouvelle en tout cas la réussite de ses Schumann (voir ici et ici), à la tête d’un Orchestre de Paris des grands jours – magnifiques cordes au début de la seconde partie – et d’un chœur de Lionel Sow à l’unisson. Déjà superbe dans les oratorios de Schumann, Andrew Staples est un pur produit de l’école anglaise. Joli timbre, tessiture homogène, émission ductile, ligne pure, il approche de l’idéal en Géronte tourmenté ou extasié – on ne se plaindra pas que le marié soit presque trop beau en moribond travaillé par l’au-delà. Fallait-il placer John Relyea derrière l’orchestre ? Sa belle voix de basse, noblement conduite, ne se projette pas toujours impeccablement. Celle de Magdalena Kozená, non plus, mais il ne s’agit plus ici de placement – elle est devant l’orchestre. Distribuer ici un mezzo clair, aussi stylé soit-il, relève de l’erreur de distribution : si l’on veut que le médium et le grave passent, il faut un mezzo profond.


Cela dit, le chef, l’orchestre, le chœur et le ténor ont porté au plus haut ce Songe de Géronte. Merci à eux de l’avoir enfin fait entendre à Paris. En espérant que viendra un jour le tour de Delius, de Vaughan Williams, de Walton...






Didier van Moere

 

 

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