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Voyage à travers les âges

Paris
Eglise luthérienne de la Trinité
12/13/2017 -  et 15 juillet 2017 (Vallorcine)
«Le Juif errant musicien de Jérusalem à New-York - Aller simple»
Francisco Manalich (ténor, dessus et basse de viole de gambe, guitare, tambour...), Marco Horvat (baryton-basse, théorbe, luth, citole, harpe juive...), Hugo Reyne (récitant, flûtes, flageolet, chalumeau, hautbois, cromorne, shofar...)


M. Horvat, H. Reyne, F. Manalich


Même si Hugo Reyne est connu pour son amour du répertoire baroque français (à commencer par Lully et Rameau auxquels il a consacré divers enregistrements de référence), il convient de ne pas oublier qu’il a parfois délaissé ses compositeurs de prédilection pour s’aventurer dans des contrées qui lui étaient a priori plus étrangères. C’est le cas du concert de ce soir, donné dans le cadre des festivités des trente ans de son ensemble La Simphonie du Marais, qui se voulait un voyage à travers les relations anciennes tissées entre les Juifs et la musique.


Des trompettes du Temple de Jérusalem aux premiers olifants en passant par les tambourins et autres sistres, l’Antiquité était d’ores et déjà musicale et le peuple juif y participait sans doute pleinement. Hugo Reyne a donc choisi de nous transporter dans un voyage, autant musical qu’historique d’ailleurs, qui, au fil de sept grandes étapes (Jérusalem, Cadix et Cordoue, Venise et Mantoue jusqu’à New York), permit au public d’écouter des œuvres d’une extrême diversité. Comme il le dit lui-même à la fin du concert, cette représentation n’aurait guère été possible sans les immenses talents de ses deux compagnons: car, au final, ce sont eux les vedettes de la soirée! Francisco Manalich manie non seulement la viole ou la guitare avec dextérité mais il est également un percussionniste de premier plan et, surtout peut-être, un magnifique chanteur. Voix chaude et prononciation impeccable quelle que soit la langue requise (citons entre autres la superbe chanson de Shylock tirée du Marchand de Venise de Shakespeare), il multiplie les interventions avec une égale réussite. Idem pour Marco Horvat, dont la voix de baryton-basse est enjôleuse et le jeu au théorbe d’une délicatesse de chaque instant. Alors, quand les deux voix se mêlent (la très belle chanson Yerushalayim shel zahav ou l’entraînante Salamalec o rocoha, accompagnée par le cromorne, une viole et un théorbe), on touche vraiment à la perfection même si, ici ou là, une voix pouvait apparaître rien forcée.


Hugo Reyne chante peu (hormis par exemple La Complainte du Juif errant: est-il rien sur terre?) mais ponctue ce voyage musical de quelques récits, rappelant la destruction du Temple en l’an 70, la construction du premier ghetto à Venise en 1576, le fait que le compositeur Salomone Rossi travaillait pour le Duc de Mantoue ou qu’Augustino Bassano, issu d’une famille de Juifs vénitiens, était entré au service du roi Henri VIII... C’est à lui qu’échoit également la présentation des divers instruments utilisés par les uns et les autres, lui-même en ayant joué quatorze au cours de ce concert! Sa dextérité comme flûtiste n’est plus à prouver pour celui qui fut notamment première flûte des Arts Florissants de 1983 à 1996 mais c’est également au cromorne (en fait au Krumhorn allemand, également connu sous le nom de tournbout), au hautbois (dans le thème de la chanson «Smile» chantée dans le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes de 1936) ou au chalumeau (dans l’Hymne des partisans chanté au ghetto de Vilnius en 1943) qu’il fit montre de ses diverses qualités musicales.


Le choix des œuvres était difficile à effectuer: avouons que nous n’avons pas été toujours convaincu par le résultat, la première partie (de l’an 33 jusqu’à la cinquième étape, «Anvers et Amsterdam», incluse) étant de loin la plus intéressante, la plus riche musicalement aussi, notamment grâce à des sonorités (instrumentales et vocales) qu’on a moins l’habitude d’entendre. Fallait-il par exemple opter pour une adaptation (fort bien faite par ailleurs) du fameux thème de la «Marche nuptiale» tirée du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn ou, en guise de bis, pour la chanson de Georges Moustaki Le Métèque? Quand bien même cela serait fait avec sincérité, d’autres options auraient sans doute été préférables. Avouons également que quelques mots d’esprit pour apporter une touche humoristique n’étaient peut-être pas non plus nécessaires.


Il n’en demeure pas moins que ce voyage musical, excellent dans son concept et sans doute perfectible dans sa réalisation, aura ravi les spectateurs de la petite église luthérienne de la Trinité, au cœur du XIIIème arrondissement de Paris, apportant la chaleur qui manquait une fois sorti, la capitale étant alors battue par le vent et la pluie...


Le site de La Simphonie du Marais



Sébastien Gauthier

 

 

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