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Une Cenerentola vivifiante Milano Bergamo (Teatro Sociale) 12/07/2017 - et 9 décembre 2017 Gioacchino Rossini : La Cenerentola Gaia Petrone*/Cecilia Molinari (Angelina), Ruzil Gatin (Don Ramiro), Clemente Antonio Daliotti (Dandini), Vincenzo Taormina (Don Magnifico), Alessandro Spina (Alidoro), Elena Serra (Tisbe), Eleonora Bellocci (Clorinda)
Coro OperaLombardia, Massimo Fiocchi Malaspina (chef des chœurs), Orchestra I Pomeriggi Musicali, Yi-Chen Lin (direction musicale)
Arturo Cirillo (mise en scène), Dario Gessati (décors), Vanessa Sannino (costumes), Daniele Naldi (lumières)
(© Umberto Favretto)
Pour fêter le bicentenaire de la création de l’ouvrage, la compagnie OperaLombardia propose une nouvelle production de la célébrissime Cenerentola de Rossini dans diverses villes de Lombardie, et s’est posée, pour deux représentations, dans la magnifique ville de Bergame, et non son nom moins superbe Teatro Sociale (1808), sis dans la ville haute (le Teatro Donizetti, qui se trouve dans la partie basse, est pour l’heure fermé pour travaux).
Une tradition théâtrale tenace n’a jamais voulu voir dans La Cenerentola que l’aspect opéra bouffe. Avec sa troisième contribution à l’univers lyrique, le metteur en scène italien Arturo Cirillo se rattache à cette esthétique avec son spectacle hilarant où tout vise à susciter le rire. La précision des déplacements scéniques apparente ainsi cette régie à une pantomime d’une éblouissante perfection mais ne parvient pas à donner corps aux situations mélodramatiques qui font tout à coup tendre la partition vers l’opéra semi seria. Bref, le travail de Cirillo évoque plutôt les fééries de Noël (même si c’est à propos…) que la relecture passionnante d’un conte à la lumière des espoirs soulevés, en ce début de XIXe siècle, par une révolution qui avait promis les mêmes droits à tous les démunis de l’échelle sociale...
Souffrante, Cecilia Molinari a dû laisser la place (en dernière minute) à Gaia Petrone, la première jouant sa partie sur scène pendant que l’autre délivrait la partie vocale depuis le bas-côté du plateau. Découverte au dernier festival de Martina Franca, la mezzo italienne renouvelle ici notre enthousiasme estival, et conquiert l’auditoire dès son premier air, «Una volta c’era un rè», avec son timbre bronzé et délicatement flexible dans l’aigu. Don Ramiro trouve dans le Russe Ruzil Gatin un ténor particulièrement vaillant: l’aigu est facile et délié, le phrasé plein de grâce, et le timbre garde rondeur et vivacité, sans jamais perdre quoi que ce soit de sa pugnacité.
Le baryton italien Vincenzo Taormina se glisse dans les habits de Don Magnifico avec une vis comica et des talents d’acteur indéniables, et une voix belle et bien projetée, tandis que son compatriote Alessandro Spina (Alidoro) affronte crânement l’impossible tessiture de son air «Là del ciel». De son côté, Clemente Antonio Daliotti campe un Dandini à la fois roublard et chaleureux sans lourdeur ni approximation vocale. Et l’on n’oubliera pas de sitôt le duo «infernal» composé par Eleonora Bellocci (Clorinda) et Elena Serra (Tisbe), pétulantes sur scène et vocalement plus qu’honorables.
La cheffe d’origine taïwanaise Yi-Chen Lin dirige de façon très attentive un Orchestre I Pomeriggi Musicali auquel il manque un peu de précision rythmique dans les ensembles et de netteté dans le phrasé des cordes pour rendre pleinement justice à la partition du Cygne de Pesaro. Le Chœur d’hommes d’OperaLombardia, quant à lui, s’illustre dans une œuvre où il constitue un personnage à part entière.
Emmanuel Andrieu
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