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Pour Pletnev d’abord

Paris
Philharmonie
11/28/2017 -  
Mieczyslaw Karlowicz : Smutna opowiesc (Preludia do wieczności), opus 13
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Alexandre Scriabine : Symphonie n° 2, opus 29

Nikolai Lugansky (piano)
Orchestre national de Russie, Mikhail Pletnev (direction)


M. Pletnev (© Orchestre national de Russie)


On se promet toujours de suivre les concerts de Mikhail Pletnev avec son Orchestre national de Russie. Le dernier a confirmé leur excellence, dans un programme sortant des sentiers battus : si les pianistes fréquentent volontiers le Rachmaninov des Variations Paganini, Une triste histoire de Karlowicz et la Deuxième Symphonie de Scriabine n’encombrent pas les affiches.


Le dernier concert de Pletnev avait débuté par la Sérénade pour cordes du Polonais Mieczyslaw Karlowicz, avec lequel il entretient de profondes affinités. Il s’agissait d’une œuvre de jeunesse, alors qu’Une triste histoire est le dernier poème symphonique achevé du compositeur alpiniste emporté par une avalanche dans ses chers Tatras, à 32 ans. La partition met en musique l’opposition entre la volonté de vivre et le désir de suicide, qui l’emporte. Le chef russe en souligne la dimension ténébreuse, comme s’il dirigeait les pages les plus sombres de Tchaïkovski – Karlowicz se situe entre le compositeur de la Pathétique et celui de Mort et Transfiguration. Lecture d’une noirceur désespérée, faisant la part belle, comme l’œuvre elle-même, aux couleurs sombres des vents.


L’orchestre est superbe, comme dans Rachmaninov, où Pletnev déploie une imagination qu’on ne retrouve pas toujours à travers le piano de Nikolai Lugansky, pourtant éblouissant d’une virtuosité jamais tapageuse, rebelle aux épanchements douteux qu’on a parfois trop associés au musicien russe. Mais on aimerait un jeu parfois plus fantasque, plus rhapsodique justement, qui réinvente chaque variation. Cela dit, le Cinquième Prélude de l’opus 32, d’une pureté absolue, est merveille.


La Deuxième Symphonie de Scriabine illustre bien cette sorte de forme en spirale qu’il adopte dans les œuvres de grande dimension, où la musique semble parfois tourner sur elle-même. La tâche est d’autant plus rude pour le chef. A la tête d’un orchestre décidément au sommet – magnifiques solistes, telle la flûte solo, Pletnev parvient à donner de l’œuvre une vision unitaire, puissamment architecturée, sans renchérir sur son post-romantisme exalté, voire névrotique. La direction est très colorée, comme toujours chez lui, assez narrative aussi pour qu’on s’abandonne pendant trois quarts d’heure à cette musique profuse, très différente, mais pas moins caractéristique de la fin du siècle qu’Une triste histoire.



Didier van Moere

 

 

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