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Sans faste ni éclat

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/16/2017 -  et 19*, 22, 25, 28 novembre 2017
Gaetano Donizetti: La Favorite
Sonia Ganassi (Léonor de Guzman), Celso Albelo (Fernand), Mario Cassi (Alphonse XI), Ugo Guagliardo (Balthazar), Cécile Lastchenko (Inès), Matteo Roma (Don Gaspar)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Luciano Acocella (direction)
Rosetta Cucchi (mise en scène), Massimo Checchetto (décors), Claudia Pernigotti (costumes), Fabio Barettin (lumières), Sergio Metalli (vidéo)


(© Lorraine Wauters/Opéra royal de Wallonie)


Un mois après Norma, l’Opéra royal de Wallonie enchaine avec La Favorite (1840), dans une mise en scène créée à La Fenice en 2016. Rosetta Cucchi développe des intentions alambiquées : le drame se déroule au futur, dans un monde moribond où la nature se meurt. Dans cette sorte de laboratoire, les hommes soumettent les femmes à leurs volontés pour engendrer des guerriers. Voilà qui nous éloigne du contexte historique, mais pour une fois, dans cette maison, la scénographie se révèle dépouillée et moderne. Elle réserve également de saisissantes images, à la fin de la seconde partie, par exemple, avec ces mannequins enfermés dans un mur formé de cellules en plastique. Mais à cause de la faiblesse de la direction d’acteur, les personnages se détachent à peine, et le spectacle demeure d’une consternante pauvreté théâtrale. La mise en scène échoue ainsi à concrétiser ce concept pour le moins discutable.


Cette production réunit une majorité d’italophones, mais la production retient la version française – un contresens. Approximative, voire incompréhensible, la diction rend artificielles les prestations, alors que le charme de l’ouvrage opère sans peine si les interprètes se montrent familiers de la langue, à condition de disposer du bagage et de se préoccuper du style. Et sur ce point, le bilan vocal pose question : les airs s’enchaînent sans faste, les concertati manquent de relief et d’impact.


Sonia Ganassi parcourt sans difficulté la tessiture de Léonor, mais sa puissante voix suscite un enthousiasme modéré, moins à cause du timbre que du raffinement vocal, trop inégal – la qualité de la diction se situe, en revanche, un peu au-dessus de la moyenne du plateau. Et c’est peu de dire que cette mise en scène dessert plus qu’elle ne valorise le potentiel dramatique de la mezzo-soprano. Distribué en Fernand, Celso Albelo, fâché avec les nuances, délivre un chant engagé et musclé, mais aux couleurs frustes. Mario Cassi incarne Alphonse avec une certaine prestance physique, mais la voix parait sous-dimensionnée et la ligne vocale, inélégante, souffre d’une émission lourde et pâteuse, tandis qu’Ugo Guagliardo discipline mieux le phrasé en Balthazar, sans rehausser le niveau du plateau. Cécile Lastchenko et Matteo Roma livrent d’honnêtes prestations dans les rôles secondaires d’Inès et Don Gaspar.


Le salut ne proviendra ni de la fosse, ni des choristes, peu persuasifs. L’imprécision de la mise en place, au début du Prélude, laisse d’ailleurs craindre un temps de préparation insuffisant, mais l’orchestre s’améliore par la suite, malgré des cordes souvent ternes et rigides. La direction pensante et routinière de Luciano Acocella, pourtant spécialiste de ce répertoire, ne rend pas totalement justice à cette musique, qui devrait sonner avec plus d’élégance et d’éclat pour procurer du plaisir.


Cette production de trop dans une saison chargée tend à penser que l’Opéra royal de Wallonie n’a pas tout à fait les moyens de ses ambitions et privilégie la rentabilité au détriment de la qualité. La suite de la programmation n’annonce pourtant que des piliers du répertoire qui ne supportent pas la médiocrité, Carmen, Les Noces de Figaro, La Dame du lac, Macbeth, sans oublier ce rare Domino noir, tant attendu. Donizetti et La Favorite méritent mieux.



Sébastien Foucart

 

 

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