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Magnifique festival

Beauvais
Senlis (Chapelle Saint-Frambourg)
11/03/2017 -  et 4*, 5* novembre 2017





Renaissance du festival SenLiszt après une période incertaine pour la Fondation Cziffra. A nouveau propriétaire de la Chapelle Saint-Frambourg à Senlis, la Fondation, grâce à de généreux mécènes, notamment l’homme d’affaires Henry Hermand, peut envisager l’avenir avec plus de sérénité. Un nouveau bureau, présidé par Isabelle Cziffra, petite-fille du grand pianiste, Raymond Winling, secrétaire général et trésorier, Gérard Bekerman, vice-président, et la pianiste Isabelle Oehmichen, directrice artistique, travaille désormais aux destinées de cet inestimable lieu.


3 novembre
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento n° 1 en ré majeur, K. 125a [136] – Concerto pour piano n° 13, K. 387b [415] (*)
Franz Liszt: Concerto pour piano n° 2 en la majeur, S. 125 (transcription Jean-Louis Petit)

Isabelle Oehmichen (*), Simon Ghraichy (piano)
Monarchia Szimfonikus Zenekar, Andrea Schuster (premier violon solo)

Fondé en 2000 et parrainé alors par l’archiduc Otto de Habsbourg, l’Orchestre symphonique «Monarchie» de Budapest, ici en formation orchestre de chambre à cordes, ouvre le concert avec un lumineux et vivace Divertimento en ré de Mozart. Sous l’impulsion dynamique et précise d’Andrea Schuster, cette page brillante, avec son redoutable presto final, donne l’occasion à cet ensemble d’exprimer sa précision, son élan et son émotion. Isabelle Oehmichen aborde le Concerto K. 415 avec un mélange d’analyse et d’intuition. Jeu extrêmement musical, technique impeccable, grande palette sonore, quelques moments de grâce viennent illuminer cette interprétation empreinte de sincérité et de vérité. Intimité et émotion pour le Nocturne de Grieg (quatrième des Pièces lyriques de l’Opus 54), joué en bis et des plus réussis. Le Second Concerto de Liszt, transcrit pour orchestre à cordes par le compositeur Jean-Louis Petit, ne pâtit pas de cet arrangement qui évoque Malédiction, pièce que le compositeur écrivit à l’âge de 19 ans. Virtuose et musicien, d’une grande aisance sur scène, Simon Ghraichy sait adapter sa dynamique à la version pour cordes et nous livre un concerto incisif, racé, déclenchant tous les orages et dévoilant la poésie latente des clairs-obscurs, avec le soutien généreux des cordes de la «Monarchie». Le pianiste, d’origine mexicaine, offre généreusement quelques pièces de Manuel Ponce et d’Arturo Márquez, apportant un vent d’Amérique latine, que son cœur et ses doigts savent faire souffler.


4 novembre
Johannes Brahms : Fantaisies, opus 116
Wolfgang-Amadeus Mozart : Sonate n° 18 en ré majeur, K. 576
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Franz Liszt : Rhapsodie hongroise n° 12, S. 244

Jean-Paul Gasparian (piano)


Le jeune pianiste de 22 ans, en pleine carrière ascendante, littéraire et philosophe, donne tout au long de ce récital une constante impression de maîtrise, de sobriété et d’équilibre. Une grande classe. Justesse des styles et attention constante au son, capiteux chez Brahms auquel il oppose la clarté de Mozart et le cristal de Ravel. L’Opus 116 de Brahms est abordé comme une épopée fantastique, dans toute l’acception romantique allemande du terme. Tour à tour sauvages, introspectives, intenses et lyriques, inquiètes et brumeuses, rageuses et fougueuses, les pièces se succèdent dans les plus belles sonorités, dans une profonde expression. Beaucoup de verve et de vivacité habitent la Sonate K. 576 de Mozart, en dépit d’un Adagio peut-être un peu rapide, mais cependant éloquent, qu’un final étourdissant et ludique vient conclure. Peut-être plus nobles que sentimentales, les Valses de Ravel déploient une richesse de timbre inouïe, des scintillements singuliers que les crissements harmoniques viennent parfois déchirer, sans langueur excessive et dans un équilibre parfait des plans sonores. Une orfèvrerie. Le pianiste nous livre avec grand panache la Douzième Rhapsodie hongroise de Liszt, dédiée au violoniste Joseph Joachim, œuvre exaltante et multiple qui demande aux pianistes une grande fantaisie et surtout un sens approfondi du style tzigane. Très maîtrisée, cette page nous est apparue quelque peu raisonnable, manquant de l’abandon, des caprices, de l’imprévisibilité, peut-être même de l’insolence qui en fait tous ses charmes.


5 novembre
Domenico Scarlatti : Sonates en ré mineur, K. 213, et en ré majeur, K. 29
Frédéric Chopin : Andante spianato et Grande polonaise brillante, opus 22
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Troisième année), S. 163: 4. «Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este» – Etudes d’exécution transcendante, S. 139: 10. en fa mineur, «Appasionata»
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit: 2. «Ondine»
Isaac Albéniz : Iberia: Livres I (1. «Evocation» & 2. «El Puerto») et III (3. «Lavapiés»)

Julie Alcaraz (piano)

L’apparition de Julie Alcaraz sur la scène de la Fondation Cziffra ce dimanche 5 novembre, jour anniversaire de l’immense pianiste, est un véritable enchantement. Un rayonnement intérieur s’exprime dès les premières notes et se confirme tout au long de ce programme varié. Deux Sonates de Scarlatti, parmi les moins connues, véritables bijoux, montre que la pianiste n’oublie pas que le compositeur est le plus espagnol des Italiens et, avant Liszt, le plus grand innovateur des techniques de clavier. Avec souplesse, dans une poésie calme et une sonorité magnifique, l’Andante spianato introduit la Grande polonaise, fière et chevaleresque, émouvante et éloquente, sans jamais ce fracas qu’on lui impose parfois, dans un grand contrôle de la dynamique. A la clarté limpide des «Jeux d’eaux à la Villa d’Este», dont pas une gouttelette ne manque à l’évocation impressionniste, succèdent le drame intérieur et les tourments de l’Etude en fa mineur, empoignée avec passion. Julie Alcaraz plonge dans ses racines ibériques et nous raconte l’Espagne d’Albéniz. Nostalgie contemplative d’«Evocation», avec de si belles couleurs, un parfum si prenant; allégresse descriptive d’«El Puerto» dans sa brusquerie débridée, ses rythmes bien campés, si bien sentis par la pianiste; l’ébouriffant «Lavapiés», d’une transcendante écriture, devient, sous les doigts de Julie Alcaraz un tableau vivant et bouillonnant de ce quartier de Madrid. C’est peu dire quelle se joue des larges sauts d’accords emplis d’acciacatures, des croisements de main périlleux, des dissonances les plus crues, jamais brouillonnés, toujours clairs, dans le souci des plans sonores. A fleur de peau, la pianiste nous en livre toute la liesse populaire.


L’ensemble à cordes de l’Orchestre «Monarchie» de Budapest mettait un terme à ce magnifique festival par un concert de danses hongroises réunissant des pages de Bartók, Kodály, Dohnányi, Liszt, Erkel, Weiner et Brahms. Dans leur élément, les musiciens apportent une touche stylistique de terroir, liberté rythmique, sens aigu du contretemps, attaques précises, accélérations vertigineuses et lyrisme généreux. Andrea Schuster, remarquable violoniste, mène avec beaucoup d’autorité et une énergie folle l’ensemble des cordes où chaque musicien de chaque pupitre était totalement engagé.



Christian Lorandin

 

 

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