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Les multiples facettes de la musique du XXe siècle

Geneva
Victoria Hall
11/15/2017 -  
Franz Liszt : Prélude et Fugue sur le thème BACH, S 260
Arnold Schoenberg : Variations, opus 31
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Maurice Ravel : Boléro

Vincent Thévenaz (orgue), Alexei Volodin (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


A. Volodin (© Marco Borggreve)


Ce n’est pas la première fois que l’Orchestre de la Suisse Romande propose un programme de variations dans lesquels figure la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. Il y a cinq ans, cette pièce était donnée sous la baguette de Marek Janowski avec Anna Vinnitskaya en soliste et plus proche de nous, la saison passée, par le tandem Vassily Petrenko et Simon Trpceski.


Dans les deux cas, ce programme ambitieux nous avait cependant laissé sur notre faim. Il y a dans l’exercice des variations un challenge structurel qui est de pouvoir maîtriser la somme de difficultés que représentent chacune des pièces. Les exigences du travail sur la mise en place, le phrasé et la couleur que l’on retrouve dans un mouvement d’une symphonie sont multipliés à l’extrême. En 2012, la Troisième Symphonie de Roussel et en 2017, les Variations sur un thème de Haydn de Brahms semblaient un peu sacrifiées et donnaient l’impression de ne pas avoir été assez répétées.


Pour cette soirée, Jonathan Nott a fait un choix pragmatique et astucieux. Il sait que les Variations opus 31 qui sont jouées à Genève par l’OSR pour la première fois sont d’une redoutable difficulté et a donc choisi de démarrer par une pièce instrumentale à l’orgue, lui donnant le temps de travailler la pièce avec ses musiciens et aussi de familiariser le public avec le thème B–A–C–H (Si bémol, la, do et si bécarre) qui va être repris dans les Variations de Schoenberg.


C’est en tout cas une occasion d’entendre Vincent Thévenaz, professeur à la Haute Ecole de Musique de Genève, jouer du magnifique orgue du Victoria Hall. Il se révèle à la fois virtuose et architecte. Son jeu est puissant et majestueux dans cette pièce d’une grande difficulté. Il existe de nombreuses pièces qui font appel à l’orgue et l’orchestre et cette exécution donne envie de réentendre ces artistes ensemble.


Il y a tant de variété dans ces neuf variations. Schoenberg inverse la première variation et le thème et les notes du BACH énoncées aux violoncelles sont immanquables. Le chef anglais, habitué des partitions modernes, est attentif à la conduite de la ligne, de la Hauptstimme dont parlait Schoenberg. C’est un luxe d’entendre dans une salle de concert les jeux de timbres que veut le compositeur. Il faut entendre la dentelle des percussions de la quatrième variation en forme de valse. Il faut surtout entendre comment les différentes pièces sont caractérisées, nous donnant un Schoenberg quasiment théâtral et nous rappelant que c’était Furtwängler qui avait donné la première exécution de cette œuvre.


La salle était silencieuse et attentive mais les applaudissements ont été polis et un peu froids. Que les musiciens ne s’arrêtent pas là : il faut savoir bousculer son public et lui donner matière et exigence. Il y a tant de Schoenberg à explorer encore.


La seconde partie est plus facile. Remplaçant de Serge Babayan souffrant, Alexei Volodin a une technique pianistique de premier plan. Sa sonorité est riche et sa vélocité impressionne. Certaines des variations de cette Rhapsodie lui conviennent particulièrement et en particulier celles qui demandent un jeu staccato. Mais à côté des cela, sa lecture est trop démonstrative. Il cherche à impressionner et ses traits pris à des vitesses excessives manquent terriblement de cantabile, la fameuse dix-huitième variation manquant de poésie. L’orchestre est brillant avec un pupitre de trompettes plein d’éclat mais la communication avec le soliste semble ne pas marcher. Même si Rachmaninov n’a pas la profondeur de Schoenberg, il y a plus à trouver dans cette pièce.


L’OSR est parfaitement chez lui dans le Boléro de Ravel dont les notes du programme écrites par l’excellent Richard Cole nous rappellent que les syndicats français s’étaient opposés à que cette pièce soit créée par Ansermet en Suisse... Les pupitres s’équilibrent avec naturel et les bois sont sous leur meilleur jour. Il y a un petit accident aux cuivres mais les musiciens ne sont pas des robots. Très présent, Jonathan Nott fait ressortir la vitalité rythmique de cette pièce qui nous monter que l’on peut encore au vingtième siècle écrire des œuvres extrêmement tonales tout en restant moderne et surprenant.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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