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Toujours debout

Baden-Baden
Festspielhaus
10/27/2017 -  et 7 (Sapporo), 12 (Tokyo), 17 (Taipei) novembre 2017
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2 en mi mineur, opus 64
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur

Leonidas Kavakos (violon)
Gewandhausorchester Leipzig, Herbert Blomstedt (direction)




Quatre-vingt dix ans ! Cette fois ça y est, le cap est dépassé pour Herbert Blomstedt, vraisemblablement le doyen de nos chefs en activité, et sans que cela se remarque le moins du monde. Silhouette impeccablement droite, station debout détendue sur le podium même pendant une heure de symphonie de Bruckner, et à l’issue de ce concert manifestement l’envie de recommencer le lendemain. C’est miraculeux et réconfortant.


Direction économe, cela dit, mais toujours présente au moment où c’est nécessaire. Sans rien d’impérieux : juste des gestes qui s’imposent par leur poids mesuré, souvent un peu en avance, le temps de manifester comme une invite, pour aller chercher les entrées mais aussi parfois, plus subtilement, une simple intention ou une petite couleur supplémentaire. Avec un orchestre de la Classe du Gewandhaus de Leipzig cette complicité très proche, seule comparable à la souplesse de musiciens de chambre, fonctionne merveilleusement bien. Les couleurs sont automnales et subtiles, l’homogénéité des cordes, en rangs serrés derrière Sebastian Breuninger, premier violon solo très impliqué physiquement, ne se laisse jamais prendre en défaut et la petite harmonie regorge de talents, dont Cornelia Grohmann, flûtiste absolument remarquable. Pour le Concerto pour violon de Mendelssohn, ouvrage de tradition leipzigoise s’il en est, le résultat convainc constamment par sa musicalité détendue, avec au premier plan le violon idéal de Leonidas Kavakos, soliste qui ne recherche aucune incisivité particulière mais cultive au contraire un son plein et serein, que l’on attendrait a priori davantage dans une sonate que dans un concerto. Grâce au talent d’accompagnateur de Blomstedt, qui veille à tout (superbe entrée ménagée au soliste dans le deuxième mouvement), y compris à s’adapter souplement aux quelques libertés rythmiques que Kavakos s’accorde ici ou là, l’osmose est totale. Rien de précipité, pas de cavalcades, simplement un très beau moment de musique, qui ne connaît de surcroît aucune chute de tension.


On pourrait en dire autant de la Septième Symphonie de Bruckner qui suit (créée elle aussi à Leipzig), avec quand même là des longueurs et des lenteurs qu’il faut habiter, a fortiori quand le chef ne paraît nullement pressé d’avancer. Dès la première phrase on comprend que la promenade sera flânante, mais qu’importe, tant les paysages parcourus sont beaux, transcendés par les timbres d’un orchestre en état de grâce. Quels cuivres : toujours nourris, toujours gorgés de pulpe et surtout jamais criards ni trop forts ! Blomstedt ne cherche pas à nous prouver quoi que ce soit, ni même à rendre cohérent ce qui ne l’est pas (dans le premier mouvement certains passages continuent à nous paraître d’une naïveté malhabile inexplicable, la foi brucknérienne n’étant pas, on le sait, accordée à tous les auditeurs d’égale façon...). Mais cette lecture est de celles qui nous marquent de façon indélébile, avec pour sommet un second mouvement où les récurrences d’un thème d’une lancinante beauté nous amènent aux portes de l’éternité. Admirable aussi la péroraison du Finale, tellement difficile à investir, souvent si terriblement creuse et ici totalement évidente, universelle. Devant la fervente standing ovation de la salle, Blomstedt remercie l’orchestre en souriant, avant de soulever sa partition de poche, qu’il a gardée devant lui sans jamais l’ouvrir tout au long de la symphonie, dans un geste d’humble déférence. Tout est dit !



Laurent Barthel

 

 

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