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Les secrets de Herbert Blomstedt

Paris
Philharmonie
10/24/2017 -  et 26 octobre 2017 (Luxembourg)
Ludwig van Beethoven : Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano en ut majeur, opus 56
Franz Schubert : Symphonie n° 9 « La Grande » en ut majeur, D. 944

Kirill Gerstein (piano), Leonidas Kavakos (violon), Gautier Capuçon (violoncelle)
Gewandhausorchester Leipzig, Herbert Blomstedt (direction)


H. Blomstedt (© Jürgen M. Pietsch)


Après un Requiem allemand qu’on avait encore en tête depuis la veille tant il avait été exceptionnel, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig donnait ce soir son second concert parisien, toujours sous la direction de Herbert Blomstedt. Comment, à la lecture de ce programme, ne pas penser au concert sous sa direction mais donné cette fois-ci par l’Orchestre de Paris il y a presque deux ans jour pour jour, où le Triple Concerto de Beethoven (avec Martin Helmchen, Isabelle Faust, Jean-Guihen Queyras comme solistes) était associé à une autre Neuvième, alors celle d’Anton Bruckner?


La question fondamentale qui se pose avec ce concerto nous semble être la suivante: est-ce un trio avec orchestre ou doit-il plutôt s’agir de trois musiciens solistes qui jouent accompagnés par un orchestre? Certains ont clairement choisi l’option chambriste: souvenons-nous du très bel enregistrement réalisé par le Beaux-Arts Trio sous la direction de Kurt Masur, que nous avions également entendus au Théâtre des Champs-Elysées voilà près de dix ans. D’autres, la plupart pour ainsi dire, ont plutôt choisi de réunir trois solistes de renom mais chacun avec son individualité. Avouons que ce soir, nous avons été à mi-chemin de chaque option. Car si l’entente entre Gautier Capuçon et Leonidas Kavakos est évidente (archets qui glissent ensemble au millimètre près, sourires de l’un à l’adresse de l’autre pendant qu’ils jouent, attention physiquement palpable de Kavakos à l’attention de Capuçon...), Kirill Gerstein semble parfois jouer le rôle de faire-valoir. S’en suivent de réels problèmes d’équilibre, l’archet râpeux du violoncelliste et l’évident charisme de Gautier Capuçon écrasant quelque peu ses collègues dès l’Allegro, doté de magnifiques timbres par ailleurs. C’est sans doute le Largo qui fit la plus forte impression, l’entrée du violoncelle dans l’écrin orchestral ayant été absolument merveilleuse, avant un Rondo alla Polacca où le violoncelle reprend sa suprématie, Kavakos suivant assez bien la ligne ainsi définie tandis que le piano de Kirill Gerstein poursuit un jeu fort bien fait mais somme toute assez solitaire. Herbert Blomstedt, qui pourrait être le père voire le grand-père de chaque soliste, dirige un excellent orchestre qui ne couvre jamais les solistes et impose ses nuances avec finesse: le plaisir de faire de la musique entre eux est évident et fut salué par un public conquis. En bis, les trois solistes jouèrent le très bel Adagio du Quatrième Trio du même Beethoven: étincelant...


En seconde partie, Herbert Blomstedt dirigeait la Neuvième Symphonie de Schubert: l’interprétation entendue ce soir fut quasiment idéale. On pourra tout au plus regretter un hautbois au son qui aurait mérité d’être un peu plus chaud dans son solo du deuxième mouvement et des clarinettes un peu plus veloutées mais, pour le reste, ce fut une indéniable réussite avant tout grâce au chef. Debout sur son podium, ne s’appuyant jamais à la barre transversale placée derrière lui, ne se référant jamais à son conducteur placé sur son pupitre, Blomstedt étonne car, en dépit de ses 90 ans passés, il maintient le rythme sans faillir: la symphonie avance continuellement sans jamais s’assagir ni ralentir, y compris dans l’Andante con moto, qui est joué à une belle allure. La gestique du vieux maître privilégie sans cesse la souplesse et l’invitation à la direction proprement dite: il suffit de le voir embrasser l’orchestre de ses bras pour inviter les cordes à entrer en scène juste après l’introduction des deux cors dans l’Andante initial! Par ailleurs, autre mérite de ce chef, il éclaire plusieurs passages d’un jour nouveau sans jamais sacrifier l’architecture générale de l’œuvre: qui avait vraiment perçu la parenté, dans le deuxième mouvement, entre le thème des premiers violons et le jeu des trompettes avant ce soir? Qui avait vraiment entendu ces accents des cors dans le troisième mouvement? Servi par un magnifique orchestre où, comme la veille, se distinguent particulièrement les violoncelles, Blomstedt, n’omettant les reprises ni dans le premier ni dans le dernier mouvement, réalise un véritable tour de force en livrant une superbe «Grande» Symphonie. Quel chef décidément!


Le site de Kirill Gerstein
Le site de Leonidas Kavakos
Le site de Gautier Capuçon
Le site de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig



Sébastien Gauthier

 

 

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