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Deux chefs pour le prix d’un

Paris
Philharmonie
10/23/2017 -  et 1er, 2 (Wien), 13 (Tokyo) novembre 2017
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Hannah Morrison (soprano), Michael Nagy (baryton)
Wiener Singverein, Johannes Prinz (chef de chœur), Gewandhausorchester Leipzig, Herbert Blomstedt (direction)


J. Prinz (© Studio Wilke)


Lorsqu’il vient saluer seul sur scène avant de faire se lever le chœur du Wiener Singverein, Johannes Prinz peut s’enorgueillir d’avoir déjà remporté tous les suffrages. Car ce fut bien le chœur, et donc son directeur, qui fut le clou de cette soirée mémorable à plus d’un titre. Programmé pour deux concerts dans le cadre d’une longue série à l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de Herbert Blomstedt qui l’emmène de Leipzig à Baden-Baden en passant par Vienne, Londres, Yokohama ou Tokyo, l’Orchestre du Gewandhaus de Lepizig fut à la hauteur de sa réputation acquise depuis 230 ans, puisqu’il a été fondé en 1781.


Le Requiem allemand de Brahms fut créé par ce même orchestre en 1869 sous la direction de Carl Reinecke. Est-ce cet héritage qui a contribué à faire de l’interprétation de ce soir un moment aussi privilégié? Dès les premières notes des contrebasses et des violoncelles (deux pupitres particulièrement somptueux pour ce concert), l’atmosphère se veut ni grandiloquente, ni démonstrative mais intense et recueillie. Ainsi, point de déferlement dans le martellement de timbales dans le passage «Denn alles Fleisch, es ist wie Gras», point d’emportement excessif dans le long Andante «Denn wir haben hie keine bleibende Statt», point non plus de cordes trop ostensibles mais bel et bien une fusion orchestrale principalement tournée vers l’accompagnement des voix. Herbert Blomstedt – rappelons qu’il a fêté ses 90 ans le 11 juillet dernier! – dirige avec une évidente économie de moyens mais le balancement de ses bras, les légers mouvements de ses poignets suffisent sans peine à insuffler toute la dynamique nécessaire, chaque pupitre intervenant avec une justesse et une finesse dignes de tous les éloges (les harpes dans la première partie, les accents des trompettes dans «Herr, lehre doch mich»). Ovationné tant par le public que par la centaine de choristes et les presque quatre-vingts musiciens présents sur scène, Blomstedt s’affirme sans conteste comme un des grands de la direction d’orchestre d’aujourd’hui.


Car Blomstedt veille à établir un équilibre constant entre les voix et l’orchestre avec un art évident au point que, comme nous le signalions précédemment, l’orchestre passe souvent au second plan, et pas seulement au niveau des nuances. La vedette, c’est le chœur: d’une ardeur fervente, capable de passer en un instant des accents les plus terrifiants aux murmures les plus éloquents, il agit comme un seul homme, témoignant d’une incroyable cohésion sans sembler éprouver la moindre fatigue ou baisse de tension. La fugue concluant la troisième partie («Herr, lehre doch mich») fut à ce titre véritablement admirable. Hannah Morrison, qui remplaçait Genia Kühmeier initialement prévue, s’en tira avec les honneurs même si son timbre aurait mérité d’être davantage épuré, voire éthéré, à la Gundula Janowitz. Pour autant, son intervention dans la cinquième partie («Ihr habt nun Traurigkeit»), accompagnée par des vents d’une indicible finesse et un pupitre de violoncelles d’une chaleureuse générosité, s’inséra parfaitement dans l’ensemble ainsi construit. Pour sa part, Michael Nagy fut excellent, alliant sobriété et expressivité à chacune de ses interventions, notamment dans l’avant-dernière partie («Denn wir haben hie keine bleibende Statt»), particulièrement bien réussie.


Une interprétation qui, sans nul doute, restera à l’esprit de ceux qui y assistèrent tant la plénitude sonore et l’engagement des musiciens furent évidents.


Le site de Michael Nagy
Le site de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig



Sébastien Gauthier

 

 

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