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L’axe Paris-Hambourg

Paris
Philharmonie
10/10/2017 -  
Richard Wagner : Parsifal: Prélude au premier acte
Wolfgang Rihm : Reminiszenz
Gustav Mahler : Symphonie n° 1

Pavol Breslik (ténor)
NDR Elbphilharmonie Orchester, Thomas Hengelbrock (direction)


T. Hengelbrock (© Florence Grandidier)


C’est l’ancien Orchestre de la NDR, celui de Hans Schmidt-Isserstedt, de Günter Wand, de Christoph von Dohnanyi, rebaptisé Philharmonie de l’Elbe au moment de la construction de l’auditorium hambourgeois. La première partie de son concert parisien reprend d’ailleurs celle de l’inauguration le 11 janvier dernier: Prélude de Parsifal et Reminiszenz de Wolfgang Rihm, composé et créé pour l’occasion. Dans Wagner, tout le monde se cherche, Thomas Hengelbrock, directeur de l’orchestre depuis 2011... et directeur associé de l’Orchestre de Paris depuis une saison, ne parvenant pas non plus à habiter une lenteur pâteuse. L’œuvre de Rihm montre heureusement très vite les qualités d’un des meilleurs orchestres d’Allemagne.


«Triptyque et Proverbe in memoriam Hans Henny Jahnn», Réminiscence rend hommage à un écrivain allemand singulier et peu connu, que le compositeur situe «à l’égal de Joyce, Musil, Doderer», et dont le grand œuvre, Fleuve sans rives, est construit selon des principes empruntant à des formes musicales. Le volet central vient d’ailleurs du Navire de bois, première partie du diptyque romanesque. L’encadrent deux poèmes de Peter Huchel dédiés à Jahnn, alors que l’Envoi est composé sur un poème de Walter Muschg. Très articulée sur le texte, la partition n’a pas la violence de certaines pages de Rihm, mais elle dégage une grande force, dans le sillage évident de Berg et de Schoenberg. Destinée à un ténor, elle ne violente jamais la voix, tout en exigeant à la fois de la puissance et de la souplesse – là encore, Rihm perpétue une tradition. A la création, Pavol Breslik remplaçait déjà Jonas Kaufmann, pour qui elle était conçue. Moins sombre de timbre, moins central de tessiture, plus léger, le Slovaque est superbe, très habile à varier son émission – jusqu’à la voix mixte – et à se déployer sur toute la tessiture. Hengelbrock éclaire les complexités de l’écriture de Rihm, ses déflagrations et ses murmures – la fin est hagarde. Rihm s’enchaîne directement à Wagner, sans hiatus – le début est assez tortueux pour rappeler, même de loin, les tourments d’un Amfortas, par exemple...


La même exigence de clarté préside à l’exécution de la Première Symphonie de Mahler, où le tissu polyphonique respire à travers une pâte sonore très fluide, confirmant la discipline, les couleurs et l’homogénéité de l’orchestre. On reste malgré tout un peu sur sa faim: aussi impeccable, aussi impressionnant même, soit-il, ce Mahler manque de zones d’ombre, d’ironie, on n’y sent pas assez les relents parodiés de musique populaire, notamment dans le troisième mouvement. Question de culture, sans doute: venu du baroque, Hengelbrock n’est nullement l’héritier d’une tradition mahlérienne. Mais tout change au fur et à mesure qu’on avance dans le finale: la direction s’abandonne, on est enfin chez le compositeur de la «Titan», du moins pour ceux qui se refusent à l’annexer à la «musique pure», comme on dit. Brillantissime bis: le Prélude du troisième acte de Lohengrin.



Didier van Moere

 

 

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