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Dans la chaleur d’Erythrée

Lille
Opéra
09/30/2017 -  et 3, 5*, 8, 10, 12 octobre 2017
Wolfgang Amadeus Mozart: Così fan tutte, K. 588
Ruzan Mantashyan (Fiordiligi), Virginie Verrez (Dorabella), Laura Tatulescu (Despina), Anicio Zorzi Giustiniani (Ferrando), Alessio Arduini (Guglielmo), Nicolas Rivenq (Don Alfonso)
The Celestial 12, David Bates (chef de chœur), Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction musciale)
Christophe Honoré (mise en scène), Alban Ho Van (décors), Thibault Vancraenenbroeck (costumes), Dominique Bruguière (lumières)


(© Simon Gosselin)


L’Opéra de Lille débute sa saison avec le Così fan tutte (1790) applaudi à Aix-en-Provence en 2016. Christophe Honoré situe l’action dans l’Erythrée colonisée par l’Italie sous Mussolini, une transposition rendue parfaitement crédible par les décors réalistes d’Alban Ho Van et les lumières superbes de Thibault Vancraenenbroeck. Le spectacle préserve ce contexte particulier, à la fois oppressif, machiste et raciste, le tempérament féministe des sœurs contrebalançant à peine la violence du lieu et de l’époque, mais il se garde de tomber dans l’excès. Cette mise en scène très lucide respecte un juste milieu : ni trop grave, ni trop légère, elle explore avec subtilité les différents aspects du livret en montrant la dureté des rapports humains sans totalement omettre l’humour. Ce chassé-croisé amoureux s’achève toutefois avec une amertume rarement vue dans cette œuvre. Christophe Honoré exige beaucoup des chanteurs mais il préserve leur intégrité. Précis et soutenu, le jeu scénique atteste ainsi d’un travail en profondeur, ce qui rend les ensembles et les récitatifs admirables de naturel et d’éloquence.


Cette production réunit une autre distribution que durant le festival. Jeunes et crédibles, les interprètes possèdent l’âge et le physique de leur rôle, mais s’ils affichent suffisamment de rigueur et marient harmonieusement leur timbre, les cimes leur échappent. Tous se produisent pour la première fois sur cette scène, à l’exception de Nicolas Rivenq, bel Alfonso, malgré une voix élimée, à la mise impeccable, plus manipulateur que philosophe. Ruzan Mantashyan et Virginie Verrez incarnent de charmantes Fiordiligi et Dorabella, provocatrices sans êtres vulgaires. A côté, leurs fiancés, des soldats de l’armée fasciste, paraissent bien pâles. La soprano montre de grandes capacités, bien que l’émission perde par moments en netteté. Sa partenaire possède une voix de mezzo-soprano corsée et puissante, mais au volume pas toujours ajusté. Leurs amants ne comblent que partiellement les attentes, mais Anicio Zorzi Giustiniani et Alessio Arduini se hissent à hauteur de la réputation de la maison. Le ténor a une nature véritablement mozartienne, encore que la voix manque d’éclat et le tempérament d’ardeur, tandis que le baryton livre une prestation vocalement plus ordinaire. Quant à Laura Tatulescu, elle accomplit une remarquable composition en Despina, probablement la plus aboutie sur le double plan musical et théâtral.


Emmanuelle Haïm reste fidèle à sa direction vigoureuse, qui insuffle de la vitalité sur le plateau et se nourrit en retour de l’énergie de la distribution, en totale synergie. Alerte et discipliné, le Concert d’Astrée cultive sa sonorité habituelle, franche et verte, parfois acide. Personne ne se déplace pour Così fan tutte uniquement pour le chœur, qui a peu à accomplir, mais cette production révèle un ensemble rare, The Celestial 12, originaire d’Afrique du Sud.


Le site de l’Opéra de Lille



Sébastien Foucart

 

 

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