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Le Falstaff trop sérieux de Daniel Harding

Paris
Philharmonie
09/29/2017 -  et 1er* octobre 2017
Giuseppe Verdi: Falstaff
Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff), Christopher Maltman (Ford), Andrew Staples (Fenton), Barbara Frittoli (Mrs Alice Ford), Teresa Iervolino (Mrs Quickly), Lisette Oropesa (Nannette), Laura Polverelli (Meg Page), Kevin Conners (Bardolfo), Mario Luperi (Pistola), Riccardo Botta (Le docteur Caïus)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


A. Maestri


Week-end d’après Shakespeare à la Philharmonie, autour de Purcell, Mendelssohn et Verdi. De ce dernier Daniel Harding a choisi Falstaff, le chef-d’œuvre testamentaire, qu’il a déjà dirigé à la Scala. On admire le travail sur l’orchestre, les textures et les couleurs, qui atteint son apogée au dernier acte, que couronne une fugue millimétrée – magnifique phalange parisienne, chœur impeccable. Mais il faut oublier toute une tradition d’interprétation venue d’Italie : le chef anglais en prend le contrepied, transformant les courbes en lignes droites, quitte à paraître parfois assez raide. On peut même s’interroger sur ses affinités avec l’univers de Verdi – Falstaff a beau être « moderne », c’est du pur Verdi. Et comme la direction manque singulièrement d’humour, la partition, privée de sa vis comica, cesse d’être un grand éclat de rire.


Heureusement, les chanteurs s’amusent – ils jouent d’ailleurs leurs rôles, sans partition, placés derrière l’orchestre, mais se déplaçant souvent comme sur une scène. Ce n’est donc plus tout à fait une version de concert. La plupart nous réservent d’ailleurs de grands plaisirs, à commencer par le Falstaff depuis longtemps anthologique d’Ambrogio Maestri, truculent mais pas grotesque, toujours stylé surtout, nous rappelant que le pancione se chante et se phrase. Le couple Ford, en revanche, rachète par sa présence ses défauts vocaux : le tonitruant mari de Christopher Maltman arrache un peu ses aigus et manque d’égalité dans la ligne – on attend ici un authentique baryton Verdi ; délicieuse et facétieuse, Barbara Frittoli a beau, avec les années, s’être identifiée à Alice, la voix a perdu de sa substance et a tendance à escamoter ses aigus, surtout si on se souvient d’elle affolant le Falstaff de Bryn Terfel, à Covent Garden, en 1999.


Mais leur fille est superbe, une Lisette Oropesa charmeuse, fruitée mais charnue, aux très beaux pianissimi filés, parfaitement assortie au Fenton juvénile, délié et nuancé d’Andrew Staples. Les deux autres commères ne sont pas en reste : Naguère Cenerentola à Garnier, Teresa Iervolino, tranche sur les Mrs. Quickly ruinées et déploie une voix de mezzo opulent, homogène et sensuel, rien moins que matrone, plutôt roublarde et coquine, alors que Laura Polverelli donne à Meg Page un relief qu’elle n’a pas toujours. Excellents comprimari pour ce Falstaff qu’on aurait aimé beaucoup plus pétillant – et qui pose, une fois de plus, le problème de l’acoustique de la Philharmonie lorsqu’il s’agit des voix et de leur rapport avec l’orchestre.


On attend maintenant la reprise de la production de Dominique Pitoiset à Bastille, dirigée par Fabio Luisi, avec Bryn Terfel.



Didier van Moere

 

 

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