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Mozart à cheval

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
09/15/2017 -  et 16*, 17 septembre 2017
Wolfgang Amadeus Mozart: Miserere en la mineur, K. 73s [85] – Requiem, K. 626 – Ave verum corpus, K. 618
George Frideric Handel: Funeral Anthem for Queen Caroline, HWV 264: «The ways of Zion do mourn»

Ana Maria Labin (soprano), Anthea Pichanick (contralto), Fabio Trümpy (tenor), Callum Thorpe (basse)
Chœurs de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, Gaël Darchen (direction), Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski (direction musicale)
Bartabas (mise en scène et chorégraphie), Académie équestre nationale du domaine de Versailles


(© Julien Benhamou)


La venue de Bartabas était un événement attendu de la première saison de ce nouveau lieu de la capitale qu’est La Seine musicale. Programmé dans la grande salle, ce spectacle, qui affichait complet à trois reprises, n’a pas complètement convaincu, essentiellement d’un point de vue musical, en même temps qu’il s’est avéré inégal d’un point de vue visuel.


On sait que Bartabas aime mélanger musique classique et art équestre et l’on se souvient notamment d’un magnifique spectacle autour de Stravinsky donné en octobre 2000 avec le Chœur et l’Orchestre de Paris sous la direction de Pierre Boulez. Plus proche de nous il y eut aussi un David Penitente de Mozart en 2015 à Salzbourg, déjà avec Marc Minkowski, comme ce fut également le cas de ce spectacle Mozart donné en début d’année dans cet endroit étonnant de la ville autrichienne qu’est le Manège des rochers.


Mais la Grande Seine est une salle traditionnelle, d’ailleurs très froide d’aspect, à la scène frontale, organisée ici sur un seul niveau et avec une fosse réservée aux musiciens très profonde, certains d’entre eux étant même invisibles pour les spectateurs installés dans les premiers rangs. On est donc loin de la production originale de Salzbourg, qui permettait d’installer chanteurs et musiciens sur plusieurs niveaux au fond de la scène et de faire circuler les chevaux au premier plan devant les musiciens. Il est clair que la disposition utilisée à La Seine musicale fonctionne moins bien d’un point de vue esthétique comme musical.


Le spectacle commençait par un Miserere, une pièce de jeunesse de Mozart, chanté par la Maîtrise des Hauts-de-Seine avec une intonation pour le moins imparfaite. Simultanément un cavalier unique montait un magnifique cheval qu’il faisait évoluer en rond et avec grâce bien que de manière un peu répétitive. Suivait, quasi enchaînée, une très brève musique de Haendel dont on ne comprenait pas trop, comme d’ailleurs la pièce précédente, ce qu’elle apportait au spectacle, si ce n’est un peu de durée. Puis vient enfin le Requiem de Mozart.


L’interprétation proposée par Minkowski, ses quarante-deux Musiciens du Louvre et les 150 chanteurs des chœurs de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, un ensemble en résidence à La Seine musicale, est tout sauf de style baroque. L’imposant effectif choral étonne et sa grande hétérogénéité, notamment en termes d’âge, suggère qu’au noyau de la Maîtrise ont été ajoutés d’autres chanteurs. Le résultat sonore est correct mais sans vrai caractère principalement à cause d’une exécution chorale assez froide de l’œuvre. Il en est de même des quatre solistes, sans défaut rédhibitoire, mais qui ne parviennent pas à convaincre, à l’exception de la mezzo Anthea Pichanick, plus investie. Mais cette impression de froideur revient sans doute en grande partie d’abord à Marc Minkowski, dont la direction n’arrive pas à intéresser, dépourvue de passion et d’engagement qu’elle est.


D’un point de vue visuel, le résultat est plus inégal. Si certains passages sont particulièrement réussis et très émouvants (on pense au «Dies Irae», au «Confutatis», durant lequel quelques enfants de la Maîtrise rejoignent la scène, et au «Lacrimosa»), d’autres semblent, sans mauvais jeu de mots, tourner en rond, et se répéter. On notera toutefois avec satisfaction que les chevaux sont constamment magnifiques, superbement tenus et la précision de l’ensemble témoigne du professionnalisme d’une équipe de cavaliers de très haut niveau. Le spectacle se termine par un émouvant Ave verum corpus de Mozart chanté par quelques-uns des cavaliers et cavalières rejoints par Marc Minkowski qui, pour l’occasion, se place juste devant eux sur la scène.


Au total, on l’a compris, ce spectacle est un peu décevant et inégal. Il est vrai que la production originale a sans doute beaucoup perdu à être adaptée à une grande salle dans une disposition traditionnelle. Quant à la réalisation musicale, pourtant par un des experts de la musique baroque, elle étonne tant celui-ci semble ici se renier proposant une interprétation à grand effectif mais aussi et surtout sans ni souffle ni ligne. Dommage!



Gilles Lesur

 

 

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