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Tout finit par un divorce

Geneva
Opéra des Nations
09/14/2017 -  et 18*, 22, 26 septembre 2017
Elena Langer : Figaro Gets a Divorce
David Stout (Figaro), Marie Arnet (Susanna), Mark Stone (Count), Ellie Dehn (Countess), Naomi Louisa O’Connell (Serafin), Rhian Lois (Angelika), Andrew Watts (The Cherub), Alan Oke (The Major)
Basel Sinfonietta, Justin Brown (direction musicale)
David Pountney (mise en scène), Robin Tebbutt (assistant à la mise en scène), Ralph Koltaï (décors), Sue Blane (costumes), Linus Fellbom (lumières), Denni Sayers (chorégraphie)


(© GTG / Magali Dougados)


La Trilogie de Figaro présentée actuellement à Genève se conclut par une création suisse, Figaro Gets a Divorce, opéra créé en février 2016 à Cardiff. L’ouvrage a été composé par Elena Langer, sur un livret de David Pountney, lequel est aussi le metteur en scène du spectacle. Il est inspiré à la fois de La Mère coupable de Beaumarchais et de Figaro lässt sich scheiden de Horvath. Au début de la représentation, le comte, la comtesse, leur fils Serafin ainsi que Figaro, Susanne et leur fille Angelika, ruinés, fuient un pays en guerre, munis seulement de quelques valises ; ils sont arrêtés à la frontière par le Major, personnage sadique à souhait, qui va dévoiler à chacun ses origines : il fait notamment croire aux deux jeunes gens, qui s’aiment, qu’ils sont frère et sœur, dans l’espoir d’épouser Angelika. Après plusieurs péripéties, le comte et la comtesse finissent par se réconcilier, alors que Susanne, frustrée parce que Figaro ne partage pas son désir d’avoir des enfants, va demander le divorce et chercher refuge dans les bras de Chérubin, devenu barman dans un cabaret.


Née en 1974 à Moscou, où elle a vécu vingt ans, la Britannique Elena Langer a déjà composé des œuvres pour le Royal Opera House, l’Opernhaus de Zurich ou encore le Carnegie Hall. La partition de Figaro Gets a Divorce est très accessible : la musique n’est jamais dissonante, elle contient des passages de jazz, de swing, de tango ou encore de bossa nova, la veine mélodique est riche et fait penser à Bernstein, les nombreux emprunts populaires rappellent Chostakovitch, le rôle du méchant dévolu au Major fait penser au Wozzeck de Berg, alors que la langue anglaise nous rapproche de Britten. Les duos, les trios et les ensembles en général ne manquent pas, ce qui est plutôt rare dans l’opéra contemporain. L’humour et les clins d’œil sont aussi présents, avec nombre de références à Rossini et à Mozart. Ce qui fait défaut, par contre, c’est l’émotion, car l’impression globale qui se dégage est la froideur et la distance. Dans les décors pivotants conçus par Ralph Koltaï, David Pountney a travaillé avec brio sur les mouvements pour donner vie à chacun des courts tableaux qui composent cet opéra particulièrement sombre.


A la tête du Basel Sinfonietta, le chef Justin Brown se montre très inspiré, dans un souci permanent du détail et du raffinement. La belle distribution vocale est dominée par le Major d’Alan Oke, dont les interventions, diaboliques, oscillant entre chant et langage parlé, sont des plus expressives. L’incarnation d’Andrew Watts en Chérubin qui a mal tourné est aussi absolument saisissante, avec des sauts de registre impressionnants entre grave et extrême aigu. David Stout en Figaro et Mark Stone en comte font tous les deux valoir une voix bien projetée, alors que Marie Arnet en Susanne et Ellie Dehn en comtesse sont plus en retrait, du fait de leur rôle limité. Le couple d’amoureux que forment Naomi Louisa O’Connell en Serafin et Rhian Lois en Angelika est, quant à lui, bien assorti.



Claudio Poloni

 

 

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