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L’orgue retentit enfin

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
09/17/2017 -  
Claude Debussy: Nocturnes
Samuel Barber: Toccata Festiva, opus 36
Francis Poulenc: Litanies à la Vierge Noire
Benoît Mernier: Dickinson Songs (création)

Thierry Escaich (orgue)
La Choraline, Académie des chœurs de la Monnaie, Chœur de femmes de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs, Benoît Giaux), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Tine Claerhout/La Monnaie)


Du 15 au 22 septembre, un festival se tient salle Henry Le Bœuf pour célébrer l’inauguration de l’orgue. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’avait plus retenti depuis cinquante ans : le voici donc enfin restauré et opérationnel. L’Orchestre philharmonique royal de Liège conclura cette série de concerts avec la Troisième Symphonie de Saint-Saëns, que le public aura sans doute l’occasion d’entendre dans d’excellentes conditions, compte tenu des belles sonorités de ce colossal instrument. En attendant, l’Orchestre symphonique de la Monnaie se produit, ce dimanche, sous la direction d’Alain Altinoglu et avec Thierry Escaich.


Concevant des saisons sophistiquées, la Monnaie établit des liens étroits entre les productions d’opéras et les concerts. Comme les Dialogues des carmélites figurent à l’affiche du 8 au 23 décembre, d’autres œuvres de Poulenc sont au programme, comme La Voix humaine, en version de concert le 24 septembre, et, ce soir, les Litanies à la Vierge Noire (1936), sans compter les pages exécutées en récital et lors des concerts de midi tout au long de la saison. Placée après la pause, cette pièce prouve le niveau remarquable de La Choraline : le chœur de jeunes de la Monnaie trouve le ton juste et chante avec clarté. Thierry Escaich avait davantage à accomplir dans la rare Toccata Festiva (1960) de Barber. Composée pour l’inauguration de l’orgue de l’Académie de musique de Philadelphie, cette pièce éclatante et robuste comporte une réjouissante cadence que l’organiste exécute presqu’entièrement avec les pieds, ce qui ne manque pas d’épater le public. Le directeur musical ajuste les sonorités de l’orchestre et de l’orgue pour éviter une impression de saturation et de flou.


Le concert débutait par les Nocturnes (1897-1899), avec le Chœur de femmes de la Monnaie dans « Sirènes ». L’interprétation atteste du degré de précision et de cohésion atteint par l’orchestre, au sein duquel tous les pupitres de bois s’illustrent d’admirable façon. Alain Altinoglu caractérise avec pertinence chaque composant du triptyque, en particulier le deuxième, parfaitement rythmé et plus convaincant par l’élan et le ton que le premier, d’une impeccable netteté, mais trop indolent et peu habité. Le chef veille, en outre, au déroulement limpide du flux et à la légèreté de la texture, ce qui profite à l’orchestration raffinée de Debussy.


La soirée s’achève avec la création des Dickinson Songs de Benoît Mernier (né en 1964). La biographie dans le programme indique que ce dernier a étudié la composition avec Philippe Boesmans, présent dans la salle. Cette œuvre inspirée par sept textes de la poétesse ne semble cependant pas présenter autant de personnalité que Pinocchio, représenté ce mois-ci dans le théâtre rénové. Le langage demeure peu audacieux, la tonalité et l’impulsion rappelant par moments la musique américaine. Cette évocation simple et sensible de la poésie d’Emily Dickinson n’exploite pas tout à fait les possibilités d’un grand orchestre, sur le plan des couleurs, notamment – à ce titre, Boesmans accomplit des miracles avec beaucoup moins de moyens. La partie chorale, chantée par les jeunes filles de La Choraline, ne semble pas particulièrement périlleuse, surtout que l’orchestre ne la couvre jamais. Un ou plusieurs chanteurs intervenant en soliste et davantage d’audace d’écriture auraient peut-être rendu cet ouvrage plus palpitant.


Applaudi chaleureusement, Benoît Mernier ne franchit pas ici une étape importante de son parcours, Frühlings Erwachen (2007) et La Dispute (2013) constituant des jalons beaucoup plus importants, mais il continue à occuper une place de premier plan dans le paysage musical belge.



Sébastien Foucart

 

 

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