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Farewell Sir Simon!

Paris
Philharmonie
09/03/2017 -  et 25 (Berlin), 27 (Salzburg), 30 (Luzern) août 2017
Georg Friedrich Haas : Ein kleines symphonisches Gedicht - für Wolfgang
Joseph Haydn : Die Schöpfung, Hob. XXI:2

Elsa Dreisig (soprano), Mark Padmore (ténor), Florian Boesch (baryton)
Chœur de chambre Accentus, Marc Korovitch (chef de chœur), Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)


E. Dreisig (© Camilla Storvollen)


Evénement à la philharmonie de Paris en cette fin de dimanche après-midi... Triple événement même! Car, après un premier concert donné la veille par l’Orchestre philharmonique de Berlin, c’était là le dernier concert parisien que dirigeait Sir Simon Rattle à la tête de la prestigieuse phalange en sa qualité de directeur musical, Kirill Petrenko étant appelé à reprendre le flambeau. Il s’agissait par ailleurs du second concert donné par les Berliner à Paris en ouverture de la saison de la Philharmonie de Paris, dont le programme varié ne pourra une nouvelle fois qu’attirer tous les mélomanes au fil d’une année aussi diversifiée que prestigieuse. Enfin, et comme on en avait bien eu l’impression lors de la conférence de presse donnée par les responsables du Philharmonique pour présenter la saison de l’orchestre (voir ici), Paris fait désormais figure de passage annuel obligé pour les Berliner Philharmoniker, dans la foulée des prestations estivales données aux festivals de Salzbourg et de Lucerne: qui s’en plaindrait?


En ouverture du concert, une brève pièce (environ 5 minutes) du compositeur autrichien Georg Friedrich Haas (né à Graz en 1953) dont le titre se voulait un hommage à Mozart, semble-t-il, mais où l’on aura quelque peu peiné à reconnaître un thème ou une mélodie du célèbre natif de Salzbourg... Jouant beaucoup sur les effets de masse et les glissandi des cordes, recourant assez fréquemment aux sourdines des trois trombones, Haas livre une œuvre qui, sans être désagréable à l’oreille, glisse rapidement et, avouons-le, ne laisse guère de souvenir, même dans les minutes qui suivent. Sir Simon Rattle, qui en a assuré la création avec le Philharmonique le 25 août dernier lors du concert d’ouverture de sa saison berlinoise, semble la diriger avec conviction même s’il ne parvient guère à susciter de véritable intérêt de la part des auditeurs.


Il faut dire que ces derniers étaient venus pour tout autre chose! Car, La Création (1796-1798) de Haydn écrase sans conteste le «hors-d’œuvre» de ce programme, tant par le génie du compositeur que par ses dimensions. Au cours de la conférence de presse précitée, Rattle avait avoué que c’était sans doute «son» œuvre pour l’île déserte, l’ayant notamment dirigée à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 2015. Force est de constater qu’il empoigne l’oratorio avec une implication indéniable, chantant avec ses solistes, se tournant vers eux lors des récitatifs, posant de temps à autre la baguette pour mieux solliciter le chœur ou tel soliste instrumental. Pourtant, même si la prestation fut globalement enthousiasmante, elle nous aura parfois laissé sur notre faim. Le chœur de chambre Accentus est très bon mais on perçoit tout de même, de temps à autre, quelques difficultés pour suivre l’orchestre lorsque celui-ci est lancé à vive allure (le chœur «Die Himmel erzählen die Ehre Gottes» concluant la première partie); quelques ensembles auraient par ailleurs pu être davantage exaltés (comme ce formidable «Heil dir, o Gott, o Schöpfer» dans la deuxième partie), les choristes nous ayant parfois semblé rester un peu sur la réserve. Pour autant, certains passages furent tout bonnement admirables à l’image de son entrée, «Und der Geist Gottes», exceptionnelle de finesse.


Côté solistes, Elsa Dreisig fut sans conteste la révélation du trio. Dotée d’une belle voix assez éthérée, convenant donc parfaitement aux rôles de Gabriel et d’Eve, elle alterne avec une belle aisance les airs brillants (superbe «Mit Staunen sieht das Wunderwerk») et les passages plus intimistes comme le long duo avec Adam dans la troisième partie («Holde Gattin, dir zur Seite»). A ses côtés, Florian Boesch est également excellent comme il a déjà pu le prouver en chantant dans Les Saisons du même Haydn, aussi bien sous la direction de Philippe Herreweghe que de Nikolaus Harnoncourt. Alors certes, on pourra peut-être lui reprocher une théâtralisation parfois légèrement hors de propos mais, tout de même, quel chanteur! Sa diction parfaite, sa façon de susurrer certaines phrases, sa projection puissante et facile convenaient aussi bien à l’incarnation de Raphaël que d’Adam. Mark Padmore offre en revanche un bilan beaucoup plus mitigé même si son professionnalisme et sa maîtrise du phrasé le conduisirent à vaillamment tenir le rôle d’Uriel jusqu’au bout. Car la voix s’avère en plus d’une occasion assez fatiguée (plus dans ses airs que dans les récitatifs), cette faiblesse ne cessant de croître au fur et à mesure de l’avancement de l’œuvre (dans l’air «Mit Würd’ und Hoheit angetan» vers la fin de la deuxième partie, c’était assez patent, les aigus étant plus arrachés que chantés). Cette fatigue était néanmoins assez aisément gommée lors des trios ou des chants mêlant solistes et chœurs, le tout soutenu par un excellent Philharmonique.


«Excellent»: seulement demanderont certains? Eh oui, car la fatigue était présente là aussi, les bâillements de certains musiciens étant peut-être révélateurs d’une activité musicale soutenue... A vrai dire, seules les cordes (notamment là aussi dans le chœur «Vollendet ist das grosse Werk» concluant la deuxième partie) témoignèrent d’une légère faiblesse car, côté bois (avec un quatuor d’exception rassemblant Mathieu Dufour à la flûte, Albrecht Mayer au hautbois, Wenzel Fuchs à la clarinette et Daniele Damiano au basson) et cuivres, quelle musicalité! Sir Simon Rattle nous aura tout de même parfois dérouté avec beaucoup d’effets sur le rythme (certaines accélérations furent quelques peu étonnantes) et les nuances, brisant ainsi certains grands arcs mélodiques (à cet égard, l’accompagnement musical du merveilleux air de Gabriel «Auf starkem Fittiche schwinget sich der Adler stolz» était à notre sens assez inadéquat avec des ralentis parfois extrêmes et un maniérisme pas totalement convaincant).


Pour autant, on ressortit de ce concert assez impressionné par l’ensemble qui, une fois encore, témoignait des qualités et de l’enthousiasme que peut susciter un concert d’un des meilleurs orchestres du monde. Quant à Sir Simon, ne ratez sous aucun prétexte ses prochaines venues parisiennes les 22 septembre et 18 décembre à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres, dont il prend les rênes à partir de septembre 2017.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin
Le site de Mark Padmore
Le site du chœur de chambre Accentus



Sébastien Gauthier

 

 

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