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Le souffle de la jeunesse

Le Mans
Sablé-sur-Sarthe (Centre culturel)
08/25/2017 -  
Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes
Chantal Santon-Jeffery (soprano), Mathias Vidal (ténor), Agathe Peyrat (soprano), Thomas Dolié (baryton), François Joron (taille)
La Diane française, Stéphanie-Marie Degand (direction)


(© Sébastien Gauthier)


Dans une édition 2017 du festival de Sablé-sur-Sarthe qui tourne résolument les yeux vers l’Orient, comment ne pas être tenté de donner Les Indes galantes (1735) de Jean-Philippe Rameau dont on sait que les Indes désignaient au XVIIIe siècle la Perse et, plus généralement, les territoires à l’est de l’actuelle Turquie, l’opéra alliant au surplus l’exotisme des Incas à ceux des Sauvages dans le cadre d’une intrigue des plus complexes? C’est donc le choix que fit Alice Orange, directrice artistique du festival, appelant pour ce faire une jeune équipe de chanteurs où seuls quelques noms sont connus du grand public (Thomas Dolié ayant remplacé au dernier moment Yohann Dubruque, initialement prévu) et une équipe de musiciens non moins juvéniles placés sous la direction de Stéphanie-Marie Degand.


Occasion pour le public de découvrir cette talentueuse musicienne – bardée de prix au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, violoniste émérite, co-fondatrice du Concert d’Astrée avec Emmanuelle Haïm, orchestre dont elle fut le violon solo, ayant travaillé notamment avec William Christie et Christophe Rousset, co-fondatrice de La Diane française avec la claveciniste Violaine Cochard, qui assurait d’ailleurs ce soir la partie de clavecin – qui offrit au public une enthousiasmante et condensée version de concert des Indes galantes à laquelle manquait notamment la Troisième Entrée dite «Les Fleurs -Fête persane», il est vrai la moins réussie et la plus visuelle.


Certes, comme nous l’avons précédemment évoqué, ce ne sont pas toujours les noms les plus célèbres du chant baroque qui étaient présents ce soir mais, pour autant, quelle équipe! Au sommet bien sûr, le plus expérimenté: Mathias Vidal est superbe. Servi par une projection impeccable, caractérisant la moindre de ses intentions, passant de la fureur la plus vive au murmure le plus fin, il incarne notamment un excellent Carlos («Les Incas du Pérou») et un non moins remarquable Damon («Les Sauvages»). Dans ces deux entrées, il faut, pour faire face à quelqu’un comme Vidal, un chanteur d’une trempe équivalente, capable d’interpréter avec conviction les rôles de Huascar, grand prêtre du Soleil, et d’Alvar (rival espagnol du français Damon): comment ne pas saluer avec enthousiasme la prestation du jeune baryton Thomas Dolié? Sa remarquable diction, doublée d’un timbre paré de toutes les couleurs nécessaires, fit merveille à chacune de ses interventions (chantées ou dans le cadre des récitatifs). A coup sûr, c’est lui qui fit la plus forte impression ce soir: un chanteur déjà bien connu mais qu’il importe de suivre avec une très grande attention!


Difficile dans ces conditions pour le jeune François Joron de se faire une place: même s’il chanta ses diverses interventions avec professionnalisme, une certaine réserve dans l’émission et un manque de caractérisation l’empêchèrent notamment de briller dans le rôle d’Adario dans la dernière entrée. C’était d’autant plus compliqué pour lui que, dans son face-à-face au cœur du fameux duo «Forêts paisibles» suivant la «Danse du grand Calumet de la Paix», Chantal Santon-Jeffery continue de s’imposer scéniquement comme on avait déjà pu le remarquer deux jours auparavant dans Don Quichotte chez la Duchesse. La voix manque néanmoins d’agilité en quelques occasions et certains aigus sont quelque peu «arrachés», ce qui ne l’empêche pas de faire de nouveau forte impression. Quant à la toute jeune Agathe Peyrat (née en 1988), qui incarnait les personnages de L’Amour et de Phani, elle fit montre d’une incontestable agilité vocale et d’une facilité d’émission impressionnante; même si on lui souhaite d’habiter davantage ses personnages à l’avenir, nul doute que le public est appelé à la croiser fréquemment.


Face à ces cinq chanteurs, La Diane française (dont le nom fut notamment choisi par sa fondatrice en hommage au recueil de poèmes éponyme de Louis Aragon) se révéla comme un orchestre des plus talentueux. Conduit avec beaucoup de finesse par Stéphanie-Marie Degand, relancé sans cesse du premier violon par l’excellente Alice Piérot, l’ensemble sert parfaitement la musique ciselée de Rameau: couleurs, rythmes, phrasé... tout y est. Ajoutons à cela une excellente basse continue qui ne se contente pas, comme trop souvent de «passer les plats», et un extraordinaire Keyvan Chemirani aux percussions, dont l’accompagnement au tambourin de la «Danse du grand Calumet de la Paix» enthousiasma une salle déjà conquise. On ne peut que souhaiter revoir cette équipe le plus rapidement possible: à nos yeux et à n’en pas douter, la révélation de ce festival!


Le site de Chantal Santon-Jeffery
Le site de Mathias Vidal
Le site d’Agathe Peyrat



Sébastien Gauthier

 

 

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