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Duo franco-espagnol Oviedo Claustro del Museo arqueologico 08/17/2017 - Robert Schumann : Märchenbilder, opus 113
Franz Schubert : Sonate en la mineur, «Arpeggione», D. 821 (arrangement pour alto)
Johannes Brahms : Wie Melodien zieht es mir, opus 105 n° 1 – Mädchenlied, opus 107, n° 5 – Immer leiser wird mein Schlummer, opus 105 n° 2 – Vergebliches Ständchen, opus 84 n° 4 (arrangements d’Isabel Villanueva) – Sonate pour alto et piano n° 1 en fa mineur, opus 120 n° 1 Isabel Villanueva (alto), François Dumont (piano)
I. Villanueva, F. Dumont (© Stéphane Guy)
Le festival de musique d’Oviedo s’est poursuivi – malheureusement dans le cloître du musée archéologique dont ConcertoNet a eu maintes fois l’occasion de dénoncer le caractère inadapté pour des concerts – par les prestations d’un duo dont curieusement personne ne pouvait connaître le programme. Il est assez étonnant, dans ces conditions, qu’il y ait eu du public et même une longue file d’attente... D’ordinaire, La Nueva Espana, quotidien régional des Asturies de qualité et absolument incontournable pour prendre connaissance de toute programmation culturelle locale, fournit les informations pertinentes et assure la promotion des événements musicaux. Cette fois-ci, rien. On a même l’impression que la programmation indiffère à beaucoup de ce côté de la chaîne cantabrique. Cela ne laisse pas de surprendre ceux qui s’intéressent plus aux œuvres qu’aux artistes, au demeurant pas forcément célèbres.
Etaient en tout cas à la manœuvre, juchés sur une estrade placée comme d’habitude dans un coin du cloître et donc bien cachés pour certains par un épais pilier angulaire, une jeune altiste espagnole, Isabel Villanueva, et un pianiste français, François Dumont, que ConcertoNet avait perdu de vue depuis quelque temps.
Après quelques propos de l’altiste évoquant le caractère pacificateur de la musique, quelques heures simplement après l’attentat de Barcelone, et malheureusement pas toujours compréhensibles compte tenu du brouhaha ambiant et de l’acoustique désastreuse des lieux, ils interprètent tout d’abord les Märchenbilder (1851) de Robert Schumann (1810-1856). Le piano, sous les doigts de François Dumont, est sombre et inquiet mais sait prendre des couleurs plus légères dans un mouvement final proche d’une berceuse. L’alto – un Enrico Catenar de 1670 nous apprend le mini-programme –, tenu presque verticalement par Isabel Villanueva, demeure précis tout en répondant parfaitement aux doigts de l’artiste dans un Rasch à la fois virtuose et contrasté. Le duo fonctionne sans problème et fait montre d’emblée d’une belle musicalité. Il sait ainsi raconter des histoires.
La célèbre Sonate «Arpeggione» (1824) de Franz Schubert (1797-1828) est ensuite abordée relativement prudemment. Le piano sait rester clair nonobstant l’acoustique plombant les graves et les forte. L’altiste paraît cependant moins sûre, notamment dans les passages vers l’aigu. Mais on apprécie ces moments de grâce et de légèreté, à peine troublés par quelques mouettes qui se sont égarées dans les environs, pourtant à trente kilomètres de la mer.
Après une courte pause, nous sont proposés des arrangements de quatre lieder de Johannes Brahms (1833-1897). La lecture se fait naturelle, le piano profondément humain, l’alto n’étant finalement pas loin de la voix. Après un très beau Immer leiser wird mein Schlummer, le duo aborde des paysages empreints de gaîté, voire d’insouciance avec Vergebliches Ständchen.
Le duo captive moins dans la Première Sonate pour alto et piano (1894) du même Johannes Brahms. Sans doute le piano, à la passion contenue, demeure-t-il rond, onctueux. Mais en regard, l’alto paraît sec et, là, manquer de personnalité. Les lignes paraissent moins nettes. Une plus grande cohérence revient avec un bis au climat nostalgique, évoquant sans doute l’Allemagne abandonnée: une page de Kurt Weill.
Au total, encore une fois, malgré les lieux, un petit concert d’une heure et demie de deux artistes exemplaires, qu’il ne fallait pas manquer. Malgré les obstacles.
Le site d’Isabel Villanueva
Le site de François Dumont Stéphane Guy
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