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Révolution française

Montpellier
Salle Pasteur
07/23/2017 -  
Joseph Haydn: Symphonie n° 82 «L’Ours»
François Devienne: Symphonie concertante n° 4 pour flûte, hautbois, basson et cor
Ludwig van Beethoven: Quatuor à cordes n° 4, opus 18 n° 4
Jean-Baptiste Davaux: Symphonie concertante mêlée d’airs patriotiques pour deux violons principaux

Quatuor Cambini: Julien Chauvin, Karine Crocquenoy (violon), Pierre-Eric Nimylowycz (alto), Atsushi Sakaï (violoncelle)
Le Concert de la Loge, Julien Chauvin (violon, direction)


Le Concert de la Loge


Le Festival de Radio France Montpellier Occitanie consacre la journée du dimanche 23 juillet aux révolutions, le thème de cette trente-deuxième édition. Après les trois récitals pour piano, à 12 heures 30, 15 heures et 17 heures 30, le concert du soir, toujours dans la salle Pasteur, se concentre cette fois sur la Révolution française : trois œuvres contemporaines de cet épisode majeur de l’Histoire figurent au programme imaginé par Le Concert de la Loge.


Active depuis janvier 2015, cette formation à géométrie variable et sur instruments d’époque ambitionne de ressusciter le Concert de la Loge Olympique, société créée dans les années 1780 et célèbre pour avoir commandé les Symphonies parisiennes de Haydn. Suite à un incroyable conflit juridique avec le Comité international olympique, l’ensemble fondé par le violoniste Julien Chauvin a dû abandonner cet adjectif. La décision semble stupide, mais le nom de l’orchestre sonne peut-être mieux ainsi. Et, il faut reconnaître qu’il s’agit d’une belle publicité.


France Musique diffuse ce concert en direct, un animateur interrogeant Julien Chauvin, qui commente les œuvres et explique l’articulation inhabituelle du programme. A l’époque, en effet, les concerts, souvent plus longs qu’aujourd’hui, se présentaient différemment. Les organisateurs mélangeaient les genres, et il était fréquent d’interpréter des extraits d’œuvres, ou de débuter le concert par les premiers mouvements d’une symphonie particulièrement appréciée du public, puis de clore la prestation par les autres.


Le Concert de la Loge procède donc de la sorte avec la Quatre-vingt deuxième Symphonie «L’Ours» (1786) de Haydn : la formation joue pour commencer la première moitié, puis finit la soirée avec la seconde ; exécution franche et carrée, vigoureuse et structurée, jouant volontiers sur les sonorités, surtout dans le Finale, particulièrement évocateur. La sonorité paraît sèche au premier abord, mais les pupitres affichent une allégresse et un tempérament réjouissants, ce qui confère de la fraîcheur et du caractère à cette œuvre inventive et pétulante.


Julien Chauvin précise que François Devienne (1759-1803), flûtiste virtuose, fut membre du Concert de la Loge Olympique. Dans son spirituel texte de présentation, Gérard Condé suggère même que cette personnalité aujourd’hui mal connue, sauf chez les flûtistes, participa à la création des Symphonies parisiennes, ce qui laisse songeur. La Quatrième Symphonie concertante permet de renouer avec une amusante pratique de l’époque, les spectateurs n’hésitant pas à manifester bruyamment leur contentement ou leur désaccord lors de l’exécution des parties solistes, quitte à noyer par leurs applaudissements les passages orchestraux.


Invité à en faire autant, le public de ce soir reste tout d’abord timoré, puis finit par se prêter au jeu, et à applaudir vivement chaque intervention ; aucun spectateur n’a toutefois l’amusante audace de huer pour rire certaines interventions ridiculement bouchées du corniste. L’animation inhabituelle qui règne dans la salle ne porte pas tellement préjudice à cette composition, valant surtout pour ses parties solistes, qui offrent, à maintes reprises, l’occasion aux formidables souffleurs d’illustrer leur agilité et leur expressivité.


En revanche, dans la troisième partie de ce concert divisé par deux pauses, l’une de vingt minutes, l’autre d’un quart d’heure, le naturel revient au galop pendant la Symphonie concertante mêlée d’airs patriotiques de Jean-Baptiste Davaux (1712-1822) : alors que dialoguent deux violonistes, Julien Chauvin et Chouchane Siranossian, les spectateurs restent sagement silencieux, et aucune sonnerie de téléphone portable ne vient perturber l’écoute. Les connaisseurs les plus sagaces peuvent dès lors tenter d’identifier les airs patriotiques disséminés dans cet ouvrage d’un intérêt ténu : La Marseillaise, Ah ça ira, La Carmagnole et même la comptine J’ai du bon tabac, que le fondateur du Concert de la Loge semble avoir décelée.


Le Quatrième Quatuor (1798-1800) de Beethoven occupe plus sérieusement la seconde partie. Le Quatuor Cambini, dans lequel joue Julien Chauvin, accuse au début quelques écarts de justesse, rapidement corrigés dans la suite de cette exécution gagnant progressivement en cohésion et en finition. Si les timbres affichent de la verdeur, le ton demeure volontaire et vigoureux, sans que jamais les tempi ne paraissent malmenés. A la fin de la troisième partie, et après la seconde moitié de la L’Ours, Le Concert de la Loge prend congé du public en reprenant le délicieux et entraînant Vivace assai. Cet ensemble reconstituant un orchestre ancien donne paradoxalement un coup de jeune à la pratique sclérosée du concert, dans le même esprit que Le Balcon de Maxime Pascal.


Le site du Concert de la Loge
Le site du Quatuor Cambini



Sébastien Foucart

 

 

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