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Verdi s’impose dans la campagne anglaise

Leeds
Buxton (Opéra)
07/18/2017 -  et 21* juillet 2017
Giuseppe Verdi : Macbeth
Stephen Gadd (Macbeth), Kate Ladner (Lady Macbeth), Jung Soo Yun (Macduff), Luke Sinclair (Malcolm), Helen Bailey (Dame), Charlie Lambert (Fleance), Richard Moore (Un médecin), Stuart Orme (Sicario), Ben Thapa (Duncano), Oleg Tsibulko (Banco)
Northern Chamber Festival Choir & Orchestra, Matthew Morley (chef de chœur et chef assistant), Stephen Barlow (direction musicale)
Elijah Moshinsky (mise en scène), Alice Knight (assistante à la mise en scène), Russell Craig (scénographie), Mike Gunning (lumières), Caroline Pope (mouvements)


S. Gadd (© Robert Workman)


Nichée dans le vaste parc national du Peak District, entre Manchester à l’ouest et Sheffield à l’est, la charmante ville de Buxton doit sa notoriété à ses bains, ainsi qu’à ses nombreuses randonnées possibles dans les montagnes alentours. Le festival d’opéra actuel remonte à 1979, dans la foulée de la restauration du petit opéra de 900 places bâti en 1903 par Frank Matcham – également architecte, à l’époque édouardienne, du London Coliseum et du London Palladium. On n’insistera jamais assez sur l’équilibre parfait qu’offrent ces petites salles, invitant à la proximité avec les interprètes, toujours appréciable. A l’intérieur, la décoration classique dotée de dorures éclatantes s’offre dans toute sa plénitude, et ce quelle que soit la place occupée: peu de loges viennent occulter la vision d’ensemble de cette salle aux allures d’écrin idéal. Afin de se démarquer du festival plus connu et plus ancien de Glyndebourne, Buxton a choisi d’année en année de faire la part belle à des raretés allant de la période baroque jusqu’au début du XXe siècle, avec une prédilection notable pour les classiques (Cimarosa, Paisiello, Cherubini...) ou des ouvrages en un acte.


Cette année, outre Lucio Silla de Mozart et Albert Herring de Britten, les festivaliers se voient offrir l’un des tout premiers chefs-d’œuvre de Verdi désormais bien établi au répertoire, Macbeth, proposé dans sa version originale de 1847. La mise en scène en est confiée à l’expérimenté Elijah Moshinsky, véritable spécialiste du compositeur italien avec ses nombreuses mises en scène données au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Russie principalement. Si sa production d’Otello au Met en 2012 avait pu nous décevoir, il n’en est rien ici tant il impressionne par sa capacité à caractériser une ambiance sombre et inquiétante, et ce avec une économie de moyens remarquable. Autour d’un unique décor à la perspective déstructurée et irréelle, Moshinsky s’appuie sur les éclairages en clair-obscur et sur l’opposition des couleurs primaires: logiquement, le rouge domine sur le mur à l’arrière-plan lors des scènes qui annoncent ou laissent éclater le drame sanglant. L’Australien s’intéresse ainsi essentiellement à la psychologie des personnages, aux rapports entre conscience et remords, rappelant en cela le superbe travail visuel de George Lavaudant en 2012 à Lyon pour Une tragédie florentine de Zemlinsky. Opportunément, la seule exception à la sobriété intervient lors de la scène de folie de Macbeth, où la projection vidéo d’un immense crâne hilare mêle le grotesque au délire phobique par la présence d’un bestiaire inquiétant, du serpent aux insectes en passant par les chauves-souris.


La réussite de cette production doit tout autant à son plateau vocal de grande qualité, vivement applaudi à l’issue de la représentation. Stephen Gadd s’impose ainsi dans le rôle-titre par ses phrasés, à l’articulation et à la prononciation idéales, même si on pourra lui reprocher un timbre qui perd parfois en substance. A ses côtés, Kate Ladner (Lady Macbeth) peine dans le premier air à contenir son organe puissant, mis à mal dans les transitions entre les registres, avant de donner la pleine maîtrise de son aisance dans l’aigu, ses nuances piano, sans parler de son tempérament éclatant. On retiendra également le timbre superbe de Jung Soo Yun (Macduff), très à l’aise techniquement mais parfois à la limite de la surinterprétation, tandis que tous les autres seconds rôles se montrent parfaits. Le Chœur du Northern Chamber Festival se distingue quant à lui par ses qualités individuelles et sa cohésion d’ensemble, permettant de se féliciter, une fois encore, de l’excellence chorale anglaise. On se réjouira enfin de la direction vivante et colorée de Stephen Barlow, directeur artistique du festival depuis 2012, que l’on devrait retrouver ici même l’an prochain dans un nouvel ouvrage de Verdi d’ores et déjà annoncé, le rare Alzira (1845).


Le site du Festival de Buxton



Florent Coudeyrat

 

 

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