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Wagner concentré sur l’essentiel

Baden-Baden
Festspielhaus
06/03/2017 -  et 26, 27 (Hamburg), 29 (Dortmund) mai 2017
Richard Wagner : Das Rheingold
Michael Volle (Wotan), Katarina Karnéus (Fricka), Johannes Martin Kränzle (Alberich), Elmar Gilbertsson (Mime), Daniel Behle (Loge), Gabriela Scherer (Freia), Lothar Odinius (Froh), Markus Eiche (Donner), Nadine Weissmann (Erda), Christof Fischesser (Fasolt), Lars Woldt (Fafner), Mirella Hagen (Woglinde), Julia Rutigliano (Wellgunde), Simone Schröder (Flosshilde)
NDR Elbphilharmonie Orchester, Marek Janowski (direction)


(© ManoloPress)


Assez lourd projet que ces quatre représentations de L’Or du Rhin en version de concert : deux soirées dans la nouvelle salle de l’Elbphilharmonie à Hambourg, puis une étape au Konzerthaus de Dortmund et enfin cette ultime exécution dans le cadre du Festival de Pentecôte à Baden-Baden. Un événement suffisamment important pour motiver une équipe de chanteurs minutieusement choisie. Avantage évident : pouvoir éviter les contraintes de distribution d'une troupe permanente (où il faut quand même essayer de rechercher un maximum de titulaires, des meilleurs aux simplement moyens, parmi le personnel disponible sur place), et aussi les contingences d’un festival lourd (Bayreuth, pour ne pas le nommer, avec ses multiples exigences qui dissuadent souvent les bonnes volontés...).


Le résultat : L’Or du Rhin vocalement le mieux équilibré et adéquat que l’on ait pu écouter depuis longtemps. Michael Volle, l’un des rares Wotan de référence du moment, est à la hauteur de sa réputation : voix pleine et bien timbrée à défaut d’être de bronze, élocution allemande châtiée (qualité assez bien partagée par tout le monde ce soir, ce qui devient exceptionnel, y compris Outre-Rhin), et manifestement une habitude du rôle qui transparaît dans l’investissement dramatique de chaque réplique, même en version de concert. Présence comparable pour l’Alberich de Johannes Martin Kränzle, voix parfois un peu usée aux entournures mais prodigieux chanteur-acteur, qui scrute toute la complexité du rôle, de sa méchanceté caricaturale jusqu’à de vrais moments de détresse. Face à ces deux-là, le Loge de Daniel Behle paraît un peu fluet, parfois englouti par l’orchestre au début, mais la composition du rôle, toute en subtilités et petites variations de couleur, finit par convaincre. La partie est largement gagnée déjà, mais si on ajoute la Fricka très digne, parfois d'un rien de second degré réjouissant, de Katarina Karnéus, le Mime éclatant d’Elmar Gilbertsson, le Fafner énorme de Lars Woldt, le Fasolt plus doux et méditatif de Christoph Fischesser, ou encore les confortables gabarits de Lothar Odinius et en Froh et Donner, on tient là vraiment une distribution de rêve. On apprécierait de la part de l’Erda de Nadine Weissmann un peu plus de poids, un investissement de la tessiture encore plus riche en graves profonds, mais son apparition au premier balcon du Festpielhaus suspend néanmoins le temps avec toute la dignité requise.


Au lieu de Thomas Hengelbrock, déclaré souffrant pendant la période des répétitions, c’est finalement à Marek Janowski qu’ont échu ces quatre représentations. Sans procès d’intention aucun, on passe dès lors d’un projet expérimental, confié à un wagnérien relativement novice ou du moins atypique, à quelque chose de plus conventionnel. Mais à quel incomparable niveau ! A ce stade de sa carrière, Janowski connaît non seulement son Ring sur le bout des doigts, mais il est même capable en peu de temps de sécuriser n’importe quel orchestre et l’amener à donner le meilleur de lui même dans ce répertoire. Les cuivres de l’orchestre hambourgeois, que l’on a connus beaucoup plus incertains dans d’autres contextes, brillent par une absolue solidité en grande formation, les textures de cordes sont à la fois drues et limpides, et puis surtout cette version de concert invite à une lecture très analytique de la partition, où chaque détail ressort avec une étonnante évidence. Très beau final, à la fois dense et sans lourdeur, ponctué par le ruissellement continu des six harpes (!), effectif certes requis sur la partition mais rarement réuni, pour conclure en beauté cet Or du Rhin de grand luxe.



Laurent Barthel

 

 

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